Depuis le 16 décembre dernier, le contrôle d’alcoolémie est effectif sur les principales routes nationales. Une mesure prise par le ministre de la sécurité et de la protection civile, Yark Damehame afin de réduire le nombre d’accidents sur les routes togolaises. Mais certaines implications de cette mesure n’ont pas été clairement définies. Et cela suscite des interrogations dans l’opinion.
Comme annoncé par le ministre, les tests d’alcoolémie sont effectués par la gendarmerie et la police lors des contrôles inopinés sur les usagers de la route soupçonnés d’être sous l’influence de l’alcool. Le lancement de cette mesure à l’approche des fêtes de fin d’année devrait permettre de réduire considérablement les accidents liés à l’alcool sur les routes, fréquents à cette période. « Il n’est pas interdit de boire de l’alcool mais il ne faudra pas dépasser le seuil autorisé qui est en l’occurrence de 0,5 grammes dans le sang », a précisé le patron de la protection civile. L’objectif du gouvernement selon le ministre de la sécurité, c’est « d’arriver à zéro mort sur les routes ».
En effet, l’excès de vitesse, les conduites en état d’ébriété ou sous l’influence de substances psychotropes sont les premières causes d’accident au Togo selon les services du Ministère de la Sécurité et de la protection. Ces deux causes conduit inévitablement au non-respect des dispositions de sécurité (casques, ceinture de sécurité, siège-auto pour enfants), la distraction au volant en raison de l’usage du téléphone portable, et le non-respect du code de la route.
Si la mesure en elle-même est appréciable, reste que certaines questions substantielles surgissent. En effet, certains togolais se demandent, en cas de contrôle positif à l’alcool et donc de contraventions, où, comment sera payé l’amende. Mais ce n’est pas tout. « Où ira l’amende que les usagers vont payer ? », s’interroge Koami, conducteur de taxi-moto.
Quelle garantie pour les amendes ?
Les amendes payées en sommes liquide, après les contraventions dressées par les policiers, sont en principe encadrer par des garde-fous pour prévenir les fraudes et les détournements. « Les contraventions au code de la route sont constatées en premier lieu sur le terrain par des officiers ou agents de police judiciaire qui établissent un procès-verbal. D’habitude dans les autres pays, il y a toujours un gradé qui s’occupe de contrôler les procès-verbaux dressés et l’argent collecté. Ensuite, un rapport est dressé », explique un ancien Commissaire de Police.
De même, la gestion des fonds collectés doit suivre une procédure bien établie. « Chaque année, le ministère de la sécurité et de la protection civile doit établir un bilan détaillé des amendes perçues par les policiers », ajoute notre interlocuteur. Et pour cause, dans les pays où les amendes sont instaurées, les recettes sont notamment allouées notamment à la prévention et à la sécurité routière, et même une partie sert au désendettement de l’Etat.
Mais au Togo, le ministre de la Sécurité et de la Protection Civile n’a annoncé aucune procédure dans ce sens d’où les interrogations de certains concitoyens.
En effet, c’est un secret de polichinelle : la police togolaise est gangrénée par la corruption. Et pour preuve, selon le rapport annuel de Transparency International sur le niveau de perception de la corruption dans le secteur public en 2018, 55% des Togolais pensent que la police togolaise est corrompue.
Partant de ce constat amer, « l’Etat gagnerait à éviter une gestion opaque de ces amendes de circulation », indique le Commissaire retraité.
A ce jour, aucune garantie sur la traçabilité des amendes de circulations n’a été annoncée. De tout évidence, il impératif que des décisions soit prises dans ce sens avant que des millions de FCFA atterrissent à des destinations inconnues.
Source : Fraternité No.341 du 18 décembre 2019
Source : 27Avril.com