La route continue de tuer au Togo. Les chiffres du premier semestre de cette année 2022 rendus publics vendredi dernier font toujours froid dans le dos. Comme de tout temps, les facteurs humains, notamment le non-respect du code de la route et l’excès de vitesse sont pointés du doigt. A raison sans doute. Mais ce ne sont pas que ces raisons qui sont à la base de la récurrence des accidents. Bien d’autres mettent aussi en exergue la part de responsabilité des pouvoirs publics.
347 morts au 1er semestre 2022
Trois mille huit cent dix-huit (3818), c’est le nombre d’accidents enregistrés sur les routes togolaises au premier semestre de cette année 2022. Et ils ont fait trois cent quarante-sept (347) morts. Ces chiffres sont officiels et ont été rendus publics par les ministres de la Sécurité et de la Protection civile Damehame Yark et des Transports routiers,aériens et ferroviaires Affoh Atcha-Dedji. C’était au cours de leur sortie vendredi dernier.
Ces statistiques d’accidents et surtout de morts sont déjà intrigantes, toujours autant élevées depuis plusieurs années. En 2021 par exemple, le nombre d’accidents enregistrés sur les routes togolaises au dernier semestre était de trois mille cinq cent soixante-dix-sept (3577) soldés par trois cent trente-quatre (334) décès. Sur toute l’année, c’est un total de six cent quatre-vingts (680) morts qui a été déploré. Mais la proportion d’accidents dans lesquels sont impliqués les motocyclistes interpelle le plus.
En effet, selon les chiffres rendus publics vendredi , les deux roues y sont pour 73 % des accidents de la circulation au cours des six premiers mois de cette année. Cent quatre-vingt-neuf (189), c’est le nombre de morts enregistrés dans le rang des motocyclistes, ce qui représente une proportion de 54 % des décès. Une fois de plus, ce sont les facteurs humains qui ont été avancés comme causes premières de ces accidents et morts d’hommes, notamment le non-respect du code de la route, l’excès de vitesse, l’ivresse…Devant ce tableau aussi sombre, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile a une fois de plus sonné le tocsin.
«Le temps est à la pratique et à l’exécution des mesures prises pour amener les usagers à respecter le code de la route et éviter les excès de vitesse. On sensibilisera par vous les médias et on va sanctionner aussi », a déclaré le Gal Damehame Yark. « Il faut changer d’attitude. C’est la discipline et la prudence qui comptent. Il y a un décret qui est adopté, on va le vulgariser avec le contenu du code de la route. Après la sensibilisation, on va sanctionner. Nous comptons sur tous les acteurs pour sensibiliser, surtout les deux roues », a-t-il annoncé.
Le non-respect du code de la route par les motocyclistes, notamment les conducteurs de taxi-moto est un secret de Polichinelle et il faut certainement des actions fortes pour endiguer ce fléau qui emporte chaque année des citoyens et plonge des familles dans la misère. Des vies supplémentaires pourraient ainsi être préservées. Mais les facteurs humains ne sont pas les seules causes de la récurrence des accidents de la circulation et des morts gratuites sur les routes togolaises. La responsabilité de l’Etat aussi est en cause, mais elle n’est jamais évoquée par les officiels. Ce ne sont pas les causes premières des accidents, mais elles participent également à leur survenue et la prise en compte de ces problématiques pourrait bien les atténuer.
Défaut d’entretien, nids-de-poule, tricycles…
Parmi les routes enregistrant le plus d’accidents au Togo, Lomé-Cinkassé tient le haut du pavé. C’est la voie la plus empruntée de toutes les routes nationales au Togo, mais son étroitesse ne donne pas une grande manœuvre aux véhicules et camions Les dépassements se révèlent risqués. Des voies ne cessent de s’élever pour réclamer son élargissement, mais ces appels tombent à chaque fois dans les oreilles de sourd. A côté de son étroitesse, il faut énumérer aussi les nombreux nids-de-poule qui parcourent la nationale n°1 et compliquent la conduite. Cela remet sur le tapis la problématique de l’entretien routier.
Une chose est certaine, ce ne sont pas les ressources qui manquent. Les usagers sont suffisamment mis à contribution à travers diverses taxes pour ce faire. Déjà les consommateurs de carburant paient cette charge sur le litre acheté à la pompe. A côté, il y a les frais de péages où les usagers de la route sont imposés. Les péages, faut-il le rappeler, ont connu une augmentation et même les motos sont taxées. C’est dire qu’il ne devrait pas manquer de fonds pour assurer l’entretien routier. Mais sur le terrain, les routes ne sont pas entretenues.
En dehors des routes nationales et donc interurbaines, même à Lomé, des voies sont parsemées de nids-de-poule et il est requis de la prudence en circulant là-dessus. Parfois, ce sont des trous béants qui se creusent au beau milieu de la chaussée ou des bouches d’égout qui s’ouvrent, constituant donc des dangers pour les usagers. Dans certains cas, ces failles existent depuis plusieurs années et sont bien connues des gouvernants. Mais ils ne se gênent aucunement pour les colmater. S’agissant des trous, ce sont les riverains qui, parfois, mettent un bois, un bidon, un gros caillou ou toute autre chose pour avertir les usagers du danger. Dieu sait que ces signalisations de fortune ont sauvé des vies. Sur des axes à Lomé, les pavés sont enlevés sur plusieurs mètres, mais les autorités n’en ont cure -les mairies, en rappel, ne sont compétentes que pour s’occuper des rues de quartier. On peut donc aisément situer les responsabilités.
Le non-éclairage suffisant des voies est une autre problématique. L’obscurité ou l’éclairage défaillant, notamment à Lomé, concourt à la survenue des accidents, à défaut d’en être la cause principale. S’agissant de la capitale, un cas interpelle particulièrement, c’est celui de la voie Todman-Adidogomé. L’obscurité a facilité bien des accidents. Il urge que l’entreprise en charge des travaux ou toute société qui en a la charge accélère la pose des lampadaires afin de réduire ces sinistres. Par ailleurs, il est aussi nécessaire d’installer des passerelles pour faciliter la traversée aux piétons. Cela participerait forcément à éviter des accidents dont ils sont souvent victimes.
Un autre phénomène à l’origine de beaucoup d’accidents s’agissant de la capitale et que les autorités devront s’occuper à régler, c’est celui des tricycles. Ces engins ont envahi la circulation et pris carrément la place des taxis ordinaires et taxi-bagages. Mais c’est leur conduite qui pose problème. Leurs conducteurs, des jeunes souvent tête fêlée, roulent à tombeau ouvert et cherchent à se faufiler entre les véhicules et motos. Et là, bonjour les dégâts. Ce fléau mérite aussi d’être endigué.
La récurrence des accidents, on ne le dira jamais assez, tient d’abord aux facteurs humains susmentionnés. Mais les pouvoirs publics ont aussi une part de responsabilité. Il est nécessaire qu’ils jouent la partition qui est la leur afin de réduire au maximum ces accidents et ainsi sauver des vies.
Source: L’Alternative
Source : icilome.com