Pour le deuxième jour consécutif, le gréviste de la faim, Nicodème Ayao Habia, président du parti politique Les Démocrates, ne pourra pas se rendre au Ghana pour suivre des soins adéquats. Son évacuation par voie terrestre a été également empêchée par le gouvernement togolais. En début de soirée, Nicodème Habia a été admis à la Clinique Biassa, avant une troisième tentative d’évacuation annoncée ce mercredi.
Il sonnait un peu plus de 14 heures, ce mardi 2 octobre 2018, quand les responsables de la Coalition de l’opposition se sont rendus à l’ambassade du Ghana pour organiser l’évacuation sanitaire de Nicodème Habia. Une foule immense s’était attroupée sur les lieux, en signe de soutien et dans le but de l’escorter jusqu’à la frontière avec le Ghana. Sifflets, klaxons, chants… tout a été fait par la foule pour célébrer la victoire du gréviste.
Après 14 jours de grève de la faim, Nicodème Habia éprouvait des difficultés à se tenir sur ses pieds. Tellement il était affaibli que ses jambes n’arrivaient plus à le porter. Il a été soutenu par deux personnes avant de pouvoir rentrer dans l’ambulance. Debout, il a levé la main droite pour faire le traditionnel signe de victoire sous les cris d’admiration de la foule. Direction, la frontière Aflao.
Mais la traversée n’a pas eu lieu. Et pour cause, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Yark Damehame n’a pas donné son accord. « Nous sommes allés voir le ministre Yark pour avoir l’autorisation de sortie. Il nous a dit que le malade n’a pas besoin d’autorisation pour se rendre au Ghana. Nous voici à la frontière et les agents nous disent que sans autorisation, ils ne peuvent pas laisser passer l’ambulance », a relaté Théophile Adjangba, 1er Vice-président du parti Les Démocrates.
Comme par enchantement, expliquent les responsables politiques, le ministre Yark Damehame est soudainement inaccessible. Il en a été de même pour son collègue de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, Payadowa Boukpessi. Ce dernier a fini par répondre au coup de fil, sans toutefois répondre aux préoccupations de ses interlocuteurs.
Après trois heures d’attente à la frontière, les responsables de la Coalition ont pris la décision, vu l’état inquiétant que présentait Nicodème Habia, de le faire admettre à la Clinique Biassa. La décision n’a pas été acceptée par la foule qui accompagnait le leader des Démocrates. L’épisode Atsutsè Agbobli était sans cesse évoqué.
Des éléments de la Police et de la Brigade anti criminalité (BAC) ont été déployés pour disperser la foule.
La réaction de Yark Damehame sur l’incident de l’évacuation par vol
Une grève de la faim se décrit comme un nom événement par le régime RPT-UNIR alors que sous d’autres cieux, cela aurait attiré l’attention des détenteurs du pouvoir. Pour Yark Damehame, la grève de la faim que Nicodème Habia observe depuis 14 jours est une comédie. Il a estimé que le gouvernement ne récent aucune pression. « Il demande la libération de ces personnes en tant que qui ? Qu’il laisse la justice faire son travail. Que fait-il ? C’est quoi son problème ? Il pense faire la pression sur des gens en faisant ça ? C’est de la comédie… », s’est-il époumoné.
Dans sa réaction sur une radio locale, le ministre de la Sécurité a déclaré que l’avion militaire médicalisé qui devait amener l’ancien député au Ghana a bien atterri, mais ne pouvait pas le prendre faute d’autorisation des autorités togolaises qui ignoraient la mission de l’avion.
Yark Damehame s’en est également pris aux autorités ghanéennes. Pour lui, le fait que le Ghana fasse partie de la facilitation ne fait pas du Togo une colonie ghanéenne. « Le ministre ghanéen a posé le problème, on devait lui revenir et il n’a pas attendu pour envoyer l’avion. Ce n’est pas amical. Le Togo ne peut pas envoyer un avion dans une ville du Ghana chercher un malade sans que les autorités ghanéennes ne donnent leur avis. Je ne crois pas. Je peux même dire que le ministre, à la fin, s’est même excusé », a déclaré le néo Général.
Géraud Afangnowou
Source : Liberté
27Avril.com