Tikpi Atchadam : »Dites à Sylanus Olympio que le jour se fait toujours attendre! »

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Dans un long discours, le leader du Parti National Panafricain (PNP) a touché presque tous les aspects de la vie socio-politique. De petits paragraphes distincts, rîmes et prose entremêlés, Tikpi Atchadam s’est adressé à tous les fils et filles du Togo, estimant que, qui que nous soyons, « notre mérite se mesurera à travers notre amour pour le Togo. Lire le discours intégral !

Peuple au destin tronqué !
Peuple au bonheur confisqué !
Peuple aux droits élémentaires déniés et bafoués !
Habitants de l’île déserte des droits humains !
Chers compatriotes !
Mesdames et Messieurs !
Présents et non présents dans ce stade d’Agoe ce jour du mois de juillet 2017, je m’adresse à vous.

Je vais vous parler, comme toujours, avec une langue dont la racine se trouve plantée dans le cœur. Vous avez droit à une langue de vérité.

Pour cela, sans la bouche pour parler et sans les mains pour applaudir, je vous prie de m’écouter ce soir. De mon côté, sans oreilles pour vous entendre, ni mes yeux pour vous voir, je vais vous parler.

Oui, un dialogue entre muet et aveugle est possible. C’est à un tel exercice que je vous convie ce soir. Le moment est historique. Et demain vous pourrez dire : Nous y étions ; nous avons vu ; nous avons entendu. Quant à moi, je pourrai dire : Le PNP a parlé ce jour-là.

Nous tenons pour vraie l’assertion selon laquelle un peuple qui refuse de faire l’histoire doit se préparer à la subir. Or, choisir de subir l’histoire, c’est abdiquer. Et puis, il n’y a rien de plus pénible.

L’éclipse ayant écourté le jour radieux annoncé par le Président Sylvanus Olympio est vraiment longue. Difficile de vivre une nuit de plus quand on s’attend naturellement au jour, automatique et logique, après la nuit.

Ironie du sort, la longue nuit dont parlait le Père de l’indépendance fut même plus brève que la seconde nuit qui, en fait, dure jusqu’à ce jour.

Dites à Sylanus Olympio que le jour se fait toujours attendre. Quel messager pour rapporter au Président que la deuxième nuit qui s’est abattue sur le Togo est plus incertaine parce que plus obscure, plus lugubre et plus sinistre. C’est la nuit des superlatifs négatifs.

Certainement qu’il en souffre avec nous. Les morts ne sont pas morts ! Sylvanus Olympio est un mort. Donc Sylvanus Olympio n’est pas mort.

Pour ce pays qui portait l’espoir d’un peuple et celui de tout un continent, qui l’aurait cru ? Seulement, la deuxième nuit, celle qu’ils nous ont imposée, la nuit de l’éclipse, est artificielle. En fait la deuxième nuit se révèle sous les traits typiques d’un jour voilé.

Il suffit de déchirer ce voile qui nous empêche de voir le soleil qui brille sur nos têtes et autour de nous. Et nous en sommes capables.

Heureusement, tout, à l’exception de Dieu, est programmé pour avoir une fin. Par notre action et sous la protection de Dieu, nous sommes à quelques pas de la fin ; je veux dire à quelques heures du jour dévoilé.

Nous ne sommes pas loin du jour ; et je vois le jour. Je vois ce jour nouveau qui sonnera la fin des privilèges insolents de la minorité, qui rappellent ceux de la France d’avant 1789.

Ce jour sera annoncé dès l’aurore par un soleil radieux d’Afrique qui brillera sur un Togo digne et respecté, un Togo réconcilié à jamais avec lui-même, loin de la division territoriale, ethnique, professionnelle, religieuse, etc.

Ce sera la fin du pillage, la fin d’une des plus vieilles dictatures du continent, la mise à mort définitive du dernier système politique dinosaurien du continent.

Nous sommes confiants d’autant plus qu’« à travers l’histoire il y eut des tyrans et des meurtriers qui, pour un temps, semblèrent invincibles. Mais à la fin, ils sont toujours tombés. Toujours… » (Mahatma Gandhi).

Ce jour qui porte en lui la fin de la confiscation de la souveraineté du peuple, est un jour de liberté et d’espoir pour tous les Togolais sans exception, y compris ceux de la minorité otage à l’intérieur du système qu’elle a, elle-même, créé.

Mais, pour qu’il advienne, pour qu’il soit une réalité, le jour doit être décidé par nous-mêmes. C’est notre décision car, disait Mahatma Gandhi, « à l’instant où l’esclave décide qu’il ne sera plus esclave, ses chaînes tombent ».

Mais, pour être décidé par nous-mêmes, le jour doit être voulu. C’est notre volonté. Je parle de la majorité exclue et à l’espoir assassiné. Alors, réveillez-vous !

Comment ne pas le vouloir alors que nous sommes unanimes sur notre condition ? Après tout, les difficultés de la vie de tous les jours auxquelles l’on nous a soumis ne nous ont-elles pas suffisamment rapprochés ?

La misère a fini par recoller les morceaux constitutifs des éléments du ‘’Cercle de la division de la famille Gnassingbé’’ qui a cimenté pendant plus de cinquante années le régime rapace RPT/UNIR.

Finalement, sous l’effet conjugué et contreproductif de la misère, des conditions de subsistance et de la lutte permanente pour la survie, ce qui a été divisé par la ruse, la peur et l’argent, est en voie de réunification.

Cependant, tant qu’il reste assis, l’esclave ou l’opprimé n’a pas encore fait le moindre pas vers sa libération. Aussi longtemps que nous resterons assis, personne ne nous croira et, par conséquent, il n’y aura personne, même pas Dieu, pour nous prêter main forte. Alors, debout !

Ne voyez-vous pas ? Quand vous racontez ce qui se passe au Togo, pour votre vis-à-vis, c’est trop grave pour être vrai ; c’est trop anachronique pour être actuel ; c’est trop surréaliste pour être réel ; c’est trop inadmissible pour être accepté ; c’est trop méchant pour être humain… Alors debout !

Si nous sommes encore à espérer quelque chose de ce régime, alors nous n’avons rien compris. Ni honte, ni pitié, la minorité veut le pouvoir et tout le pouvoir ; elle veut les richesses et toutes les richesses du pays à nous tous.

Dans ces conditions il est absolument illusoire de croire à une quelconque lueur d’espoir. Le refus d’un projet commun de vie, le rejet du constitutionalisme et de l’alternance politique au profit de la monarchie, la duplicité, la mauvaise foi et le manque de volonté politique du régime, sont patents.

Que de coups d’Etats perpétrés dans le seul pays ! : Sylvanus Olympio (1963), Nicolas Grunitzky (1967), Cleber Dadjo (1967), Ouattara Fambaré Natchaba (2005) !

Que d’élections tripatouillées ! Au Togo, ceux qui gagnent les élections ne gouvernent pas : Gilchrist Olympio, Akitani Bob, Jean Pierre Fabre. Par contre ceux qui perdent les élections gouvernent (Eyadema Gnassingbé, Faure Gnassingbé). Quel paradoxe électoral !

Que de consensus brisés (constitution de 1992), de promesses non tenues du genre : je ne me représente plus (Eyadema) ; je respecterai la constitution ; plus de sang versé pour cause politique ; mandat social ; etc. (Faure) !

Que d’engagements signés mais jamais respectés (Accord politique global) ! De 1990 à 2017, cela fait vingt-huit (28) ans que le dilatoire perdure !

Que de chantier annoncé mais jamais entamés sérieusement ou inachevés ! Je pense à la réconciliation nationale démarrée depuis 1963. Je pense aussi à la décentralisation annoncée par une loi de 1998.

Je ne m’arrête pas sur la loi récente de désintégration du territoire national sous prétexte de décentralisation. Avec cette loi, la stratégie de division (diviser pour régner) vient d’être portée à ses limites les plus extrêmes.

Que de concitoyens jetés et gardés en prison sans fondement juridique, et ceci, malgré parfois les décisions de la Cour de la CEDEAO. Je ne parlerai pas des décorations de « personnes lugubres » (Godwin Tété), car, en plus du très célèbre Kouloum, Dieu seul sait combien ils sont.

Et quand vous vous opposez, les invitant à un combat d’idées, ils disent : Appelons-le et donnons-lui quelque chose de ce que nous mangeons ; certainement qu’il a faim.

Quand vous refuser, ils cherchent à vous faire peur. Et quand vous résister, ils cherchent à vous éliminer. Voilà le jeu démocratique au Togo.

Si c’est si dure, c’est parce que nous avons à faire à l’Etat et non au RPT/UNIR comme parti politique. Le monde entier doit le savoir. Au Togo les partis politiques de l’opposition ont en face, non pas un parti au pouvoir, mais l’appareil d’Etat.

Nous sommes encore à l’heure du parti-Etat qui, non seulement utilise les ressources publiques, mais aussi embrigade toutes les institutions et l’administration.

Sous ce rapport, l’espoir qui continue de nous animés n’est pas raisonnable, ne voyez-vous pas ?

Sous une dictature, méfiez-vous des petites phrases, des phrases apparemment anodines car, elles cachent souvent une réalité implacable et impitoyable pour le peuple qui les entend sans réagir.

Ces phrases du genre « mon père m’a dit » ; « une minorité s’accapare des richesses du pays » ; « compteur à zéro », trahissent le désastre dont le dictateur est porteur.

En tout cas, demain, vous ne pourrez pas soutenir que Faure vous a caché ses intentions de gouvernance, ou que Christophe Tchao ne vous a pas alerté. Ils se disent sans doute qu’ils n’ont pas besoin de dissimuler le fouet à un aveugle qu’ils s’apprêtent à flageller.

Tenez ! Je discutais avec un chasseur qui m’a expliqué ceci : Tout groupement de singes est dominé par un mâle. Ce mâle dominant, à l’exclusion de tous les autres membres du groupe, s’arroge tous les privilèges du groupe : femelles, nourritures, loisirs, etc.

Mais au bout d’un certain temps, la jeunesse se rebelle contre le mâle dominant. Elle lui conteste ses privilèges et finit par le chasser du groupe. Cette révolution débouche sur une situation de tous les privilèges pour tous. Seulement pour les singes, la démocratie ne dure pas ; un autre mâle plus fort va s’imposer à nouveau. Mais il subira le même sort. Et ainsi de suite.

Si dans cette société la démocratie est toujours brève, c’est parce que les singes ne sont pas capables de se donner des lois. Le juridique et le politique restent encore l’apanage de l’Homme.

Toutefois, le mérite de ce groupe de primates est de se lever de temps en temps contre les privilèges exclusifs et exorbitants au profit d’un seul (la minorité).

Le moment est venu de dépasser tous les clivages artificiels, de mettre fin au sauve-qui-peut, de résister aux préoccupations immédiates qui nous empêchent de nous projeter sur l’avenir.

Si nous ne voulons pas un jour nouveau pour nous-mêmes, comment ne pas le vouloir pour notre chère pays le Togo qui ne mérite pas d’être la risée de tous ?

Si nous ne le voulons pas pour nous-mêmes, dure de rester indifférent face à ce qui s’apparente à une insulte à l’intelligence humaine au point de fausser la psychologie humaine.

Si nous ne le voulons pas pour nous-mêmes, difficile de ne pas le vouloir pour nos enfants. Regardez l’alimentation de nos enfants. Réfléchissez sur notre école. Que dire de ce que nous continuons d’appeler hôpitaux ou centres de santé ?

La barbarie qui a eu lieu au Campus universitaire de Lomé est encore fraîche dans notre mémoire collective. Le PROVONAT n’est pas une réponse responsable au chômage des jeunes.

Arracher l’avenir à un enfant c’est l’arracher à ses parents ; c’est rendre vain le labeur et la souffrance des parents.

Si, pour nous, c’est presque fini, sommes-nous prêts à accepter que, pour nos enfants, ce soit fini avant même d’avoir commencé ?
Avant de vous contenter des services publics dans l’état dans lequel ceux-ci vous sont offerts, quel que soit le pouvoir en place (aujourd’hui et demain) posez-vous avant tout les questions suivantes :

De quelles ressources dispose le Togo ? Combien nous coûte chaque institution ? Combien nous coûte la Présidence de la République ? A quel montant le Président de la République, sa famille et ses relations pèsent-ils sur le peuple contribuable que nous sommes.

Chers compatriotes, le Togo nous appelle. Quelle que soit la distance, nous serons au rendez-vous ;

sous le soleil ardent, nous répondrons présents ;
sous la pluie, nous serons là ;
contre les vagues les plus meurtrières, nous crierons victoire ;
contre le vent le plus violent, nous serons intraitables ;
dans le feu, nous serons vainqueurs.

S’ils veulent nous enterrer, eh bien qu’ils nous tuent. Nous n’accepterons pas d’être enterré vivants. Mais, qu’ils sachent que, tel Wusèr (Osiris), nous ressusciterons pour continuer le combat pour sauver la terre de nos aïeux et l’Afrique de tout tyran.

En dépit des risques dont nous sommes parfaitement conscients, nous serons, le ‘’jour J’’, une armée de femmes et d’hommes pacifiques. Ni violence verbale, ni violence physique, tel est le mot d’ordre de la marche des spoliés.

Ce n’est pas une affaire d’hommes, de femmes ou de de ‘’garçons’’, mais une affaire d’hommes, de femmes et de jeunes.

Ce n’est pas une affaire de Lomé, d’Aného, de Tsévié, de Kpalimé, d’Atakpamé, de Tchamba, de Bafilo, de Mango, de Dapaong, etc.

Ce n’est pas non plus une affaire d’Ewé, de Moba, d’Ana, de Kabyè, d’Akposso de Tchamba, de Tem, de Mossi, de Nawdem et que sais-je encore ?

Ce n’est pas une affaire de col blanc ou de col bleu. Ça ne peut être une affaire de chrétiens, de musulmans ou d’adeptes de la religion d’Osiris. C’est une affaire de tous.

Alors, sortez de l’enfermement géographique, ethnique, professionnel, religieux, et arracher votre liberté, la liberté de vous choisir vos propres dirigeants et la manière dont vous voulez être gouvernés. L’enjeu est de taille nationale.

Le jour ‘’J’’, sortez dans une tenue correcte et responsable, les mains nues. Nous allons nous livrer à une véritable procession de pacifistes.

Chacun de nous a mille et une raison pour prendre part à la marche pacifique du siècle devant ouvrir la voie à la reconnexion du Togo à la seconde près, seconde à laquelle Sylvanus Olympio fut assassiné.

L’alternance ne viendra pas taper à notre porte. On n’obtient pas le changement en restant chez soi. Quant à la crainte, pour paraphraser Montesquieu, elle « ajoute à nos peines… ».

Si vous sortez nombreux comme vous n’êtes jamais sortis, vous obtiendrez ce que vous n’avez jamais obtenu depuis tout ce temps, c’est-à-dire l’alternance.

Au bout du compte, ne l’oubliez surtout pas, la victoire sera celle de tous les Togolais sans exception. Ceci est le renouvellement de notre serment pour notre pays le Togo.

Mais, nous ne pouvons le réussir qu’en étant pacifiques, sachant que : « la victoire obtenue par la violence équivaut à une défaite, car elle est momentanée » (Mahatma Gandhi). Donc, le régime RPT/UNIR, tout en étant temporaire, est une défaite dans la mesure où il est basé sur la violence.

Le chantre de la non-violence ajoute : « En opposant la haine à la haine, on ne fait que la répandre, en surface comme en profondeur ».

Le sang versé aujourd’hui est une graine du conflit de demain, donc du sang en perspective. Un homme tombé aujourd’hui est une graine de conflit de demain, et des morts en perspective. A cette cadence nous ne nous en sortirons jamais.

Il n’est pas question de revendiquer la tête de Faure ou celle de qui que ce soit. D’ailleurs : « la non-violence est la loi de notre espèce tout comme la violence est la loi de l’animal » (Mahatma Gandhi).

Nous voulons tout simplement sortir du cycle infernal de la violence politique une fois pour toute, de façon durable si ce n’est définitive. Encore que la violence, « lorsqu’elle semble produire le bien, le bien qui en résulte n’est que transitoire, tandis que le mal produit est permanent » (Mahatma Gandhi).

C’est pourquoi, le PNP a, depuis toujours, pris ses distances avec la violence verbale comme physique. Nos manifestations ont toujours été pacifiques.

Ainsi, le brave peuple togolais, debout le jour ‘’J’’ comme un seul homme, de Cinkassé à Aného et dans la diaspora de par le monde, devra exiger pacifiquement le retour à la Constitution de 1992 et le vote de la diaspora.

Ce sera leur Constitution contre notre constitution ; la constitution du peuple contre la constitution de la minorité ; leur détermination à défendre des intérêts particuliers contre notre détermination à défendre l’intérêt général; leur vérité contre la Vérité.

Le retour à la Constitution de 1992, voilà la solution. Qu’on ne vienne pas nous parler d’une purification. Pourquoi se régime se comporte-t-il comme s’il avait à faire à des nouveau-nés ?

A défaut du retour à la Constitution de 1992, nous serons bien obligés d’exiger le départ du système RPT/UNIR.

En tout cas, les protagonistes du match de la finale sont bien connus : la majorité contre la minorité, le peuple contre la minorité. Que le meilleur gagne ! Mais, le fair play, s’il vous plaît. Chacun devra rester dans la légalité et dans son rôle.

Aux manifestants : pas d’insultes, pas de casse, pas de feu ni barricades. Mieux, montrez du respect à ceux qui sont là pour l’encadrement de la manifestation ; partager le sourire avec eux ; donnez-leur de l’eau s’ils ont soif, pourquoi pas ?

Au cours de cette marche, toute personne qui se comporte différemment sera considérée comme un infiltré parmi nous pour semer le désordre et justifier une répression.

De notre armée comme symbole du service public de la défense, nous attendons qu’elle reste dans le rôle qui est le sien, c’est-à-dire la défense du territoire national. Je m’adresse à la tête de l’armée qui sait très bien que le maintien de l’ordre ne relève pas des compétences de l’armée. Positionnée sur le territoire, l’action de l’armée est tournée vers l’extérieur.

C’est aussi pour cette armée que nous nous battons. Nous savons qu’elle n’oublie pas le changement substantiel intervenu dans son traitement au sortir de la Conférence nationale. Rappelons que le mouton et le piquet, retenus par la même corde, ont un destin lié.

A nos chers frères et sœurs de la sécurité : si on vous dit : créer le trouble pour justifier une répression, dites : les manifestants ce n’est pas nous.

Si on vous demande de frapper les manifestants, répondez : Et le respect de la dignité humaine ? Et puis ce sont des Togolais. Nous ne pouvons pas utiliser du matériel acheté par le peuple pour le peuple, contre le peuple. C’est une absurdité.

Si on vous demande de jeter le gaz, dites : le gaz coûte cher au peuple. Si on vous dit de tirer, dites : Ce n’est pas dans la loi ; cela ne fait pas partie de l’encadrement des manifestations pacifiques.

L’armée et la sécurité constituent le bouclier du peuple et non de la minorité exploiteuse. Majorité comme minorité, nous devons pouvoir compter sur l’armée, et sur les forces de sécurité et de l’ordre.

Au Président de la République Faure, nous demandons une relecture dépassionnée de la ‘’déclaration de Tchamba’’. Il est vrai que, pour l’instant, le système tient ; mais pour encore combien de temps ?

Cette vérité, votre entourage la connait. Pourquoi ne vous disent-ils pas la vérité ? Cette vérité, vous la connaissez vous-mêmes. Pourquoi refusez-vous de vous dire la vérité à vous-mêmes ? Arrêtez de reporter ce dialogue avec vous-mêmes. C’est le moment. De votre entourage, il y en a qui susurrent : « Nous-mêmes en avons assez ; mais que voulez-vous ? ».

Avez-vous vraiment besoin de voir les six (06) millions de Togolais dehors contre vous seul ? Sachez que la force a ses limites, le pouvoir de l’argent aussi.

Aujourd’hui, nous sommes arrivés à l’extrême extrémité du jusqu’auboutisme dans lequel le pouvoir RPT/UNIR s’est emmuré depuis 1990. C’est l’impasse, le cul-de-sac. La statique est sur le point de rompre, c’est évident.

Aux Chefs des Etats membres de la CEDEAO, nous demandons une attention particulière vis-à-vis de la manière dont le Président en exercice va montrer l’exemple dans la manière de traiter la question de la liberté de manifestation dans son propre pays. De son côté, l’Union africaine devra être extrêmement attentive.

Aux Chancelleries occidentales, nous demandons la pression nécessaire en vue du respect des lois de la République par le pouvoir.
En matière de manifestation publique, le principe c’est la liberté et non l’inverse. Donc laissez-faire. Et la démocratie c’est un débat d’idées.

Dans ce combat entre opinions (bouche contre bouche), l’arbitrage appartient au peuple, seul souverain. Le rôle de la sécurité est de protéger, sans parti-pris, les porteurs de toutes les opinions politiques.

Si nos revendications ne croisent pas l’aspiration profonde du peuple togolais, nous serons les premiers à nous récuser et à nous confiner dans notre chambre car, la revendication va s’étioler d’elle-même.

Par contre, si au contraire le peuple se retrouve à travers nos exigences, vous devez l’admettre en accédant à nos revendications.
Nous ne nous battons pas pour un Togo contre X, Y ou Z. Il s’agit de tourner la page et gouverner autrement le Togo. Reconnecter le Togo, voilà l’enjeu principal.

Durant toute cette longue nuit, nous avons suffisamment appris sur tout ce qu’il faut éviter en matière de gouvernance. Comme une fausse réponse, un mauvais exemple est bon pour la pédagogie.

Pour rebâtir le Togo, il urge de déconstruire et de reconstruire le Togolais. Pour cela, il faut arracher le Togo à la minorité au profit de la majorité et de la minorité.

Il ne s’agit pas de libérer le Togo contre des Togolais. Ainsi, ni rancœur, ni vengeance, nous avons aussi pour devoir de libérer cette minorité prise dans son propre piège. Nous rêvons d’un Togo pour tous, tous fiers du Togo.

Chacun cherchant sa pitance, nous n’y arriverons jamais. Chacun pour soi, chaque profession pour elle-même, nous ne parviendrons jamais à arrêter la machine infernale.

Au peuple divisé correspondent des revendications atomisées, éparses sans convergence et sans véritable effet (enseignants, corps médical, étudiants, élèves, sociétés d’Etat, transporteurs…)

Que chacun de nous se livre à une analyse de conscience, à l’introspection suivante : En quoi par ma profession, mon action, mon abstention, mon attitude contribue à faire avancer ou à nuire au Togo, et ceci, même si cela me rapporte de l’argent.

Il est clair que demain, les bâtisseurs de la cité seront recrutés dans la majorité comme dans la minorité sur la base de la compétence et sans considération aucune. Il ne s’agira pas d’une spoliation contre une autre spoliation.

Revisitons notre hymne national. Après ‘’vainquons ou mourrons…’’, nous avons ‘’Togolais, viens ! Bâtissons la Cité ». Donc, au-delà de cette lutte de la majorité contre la minorité, nous attend une œuvre de construction de la maison commune. Le ‘’viens !’’ (l’appel) est adressé à tous les Togolais sans exception. Quel esprit de tolérance cet hymne national !

Entre nous, le mérite se mesurera par rapport à notre amour pour la mère patrie (Togo) et le degré de notre engagement à la défendre jusqu’aux limites des frontières africaines.

Tel un fleuve en crue qui a débordé de son lit et qui a brisé les digues qui l’enserrent et l’étouffent, et qui a débordé de son lit. Ce peuple doit sortir, balayer les privilèges emporter et avec eux la misère devenue inadmissible.

Construisons un nouvel avenir commun, celui de la liberté, de la démocratie, du développement, d’un Togo pour tous.

Alors, debout ! Luttons sans défaillance !
Vainquons ou mourrons mais dans la dignité.

Discours prononcé par :
Tikpi Salifou ATCHADAM

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