Surexploitation, conditions inhumaines de travail, licenciement abusif de la Société Premier BET Bienvenue dans l’enfer de 500 Togolais à Lomé

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Surexploitation, conditions inhumaines de travail, licenciement abusif de la Société Premier BET Bienvenue dans l’enfer de 500 Togolais à Lomé


Premier BET est une société de jeux de hasard implantée au Togo depuis avril 2016. Elle compte aujourd’hui plus de 500 employés et dispose de plus de 50 salles dans tous les coins et recoins de la ville de Lomé. Elle est dirigée par un Français qui est en même temps le Directeur Régional de l’Afrique de l’Ouest, Pierre Yve de Leplace. Mais comme la plupart des sociétés étrangères implantées au Togo, Premier BET ne fait pas la différence dans la déshumanisation de ses employés togolais. Conditions de travail exécrables, chaleur irrespirable du fait du manque d’aération malgré le monde qui grouille les enceintes, salaire dérisoire, absence de contrat, des licenciements abusifs, au Premier Bet, il y a tout.

« Nous ne sommes régis par aucun contrat depuis 2 ans, nous ne savons pas exactement à combien nous sommes rémunérés car le pointage n’est pas fixe, on abuse de nous et nous prive de toute liberté et de tous nos droits en tant qu’employés. Après plusieurs plaintes à l’Inspection de Travail et sans gain de cause, c’est avec désolation, peine, douleur et fatigué de toute cette utilisation abusive de la personne humaine de cette société dans notre pays que je réagis pour le faire savoir à tous les médias et journalistes professionnels de ce pays et qu’ils fassent connaître par les autorités en charge des affaires comme la nôtre tout en espérant qu’ils agiront en notre faveur pour nous aider à résoudre les problèmes les plus graves que nous traversons inhumainement, qui représentent une injure à l’intelligence de la jeunesse togolaise que nous représentons. Nous sommes des citoyens de ce pays et nous sommes Togolais, nous ne sommes pas des étrangers sur notre propre terre pour que nous soyons torturés par des étrangers, tandis que eux, ils reçoivent de nous des traitements de faveur. Non et non un étranger ne peut pas faire la loi dans notre pays», a avancé un agent désemparé.

Lorsqu’ en 2016 Premier BET s’est installé après avoir signé le contrat de son implantation au Togo avec les autorités togolaises dont Adji Otèth Ayassor, l’ex-ministre de l’Economie et des Finance, ses responsables avaient fait miroiter l’eldorado pour les employés. « Lors des entretiens d’embauche, le PDG lui-même nous avait parlé d’un travail à salaire mensuel et que tout ira très vite, nous commencerons avec un salaire de base qui sera doublé en suite selon le chiffre d’affaires de la société, que nous aurions 8h de travail par jour et qu’on nous fera de contrat en bonne et due forme. Nous avons commencé par 5 salles de jeux et après deux à trois mois, ils en ont ouvert 5 de plus et aujourd’hui nous sommes à 55 salles. Ça fait deux ans et aucun changement sur notre situation, nous sommes toujours sans contrat et certains font déjà 2 ans et demi toujours en stage ou essai.

Après plusieurs réclamations, ils nous font signer un contrat de stage qui ne respecte pas les règles et les conventions de notre pays, ce que nous avons refusé de signer, mais qu’on nous a forcé à faire avec des menaces de renvoi et après avoir signé sous pression, nous sommes allé saisir l’Inspection de travail, c’était un contrat par tacite reconduction de 6 mois, contrairement à ce qu’ils nous avaient promis au début, et certains de nos collègues ont été licenciés lors de nos réclamations ; plus d’une dizaine de personnes en intervalle d’un an de travail.

Après ce fameux contrat de travail que nous avons dû signer sous pression, ils nous ont envoyé encore un soi-disant contrat de travail qui n’est rien d’autre que la modification partielle du contrat précédant, sur lequel est défini le salaire net 50.000 FCFA qui était au début avec le contrat de stage, considéré comme prime de déplacement, il faut rappeler que nous sommes des caissiers et des Managers de ces salles. Les inspecteurs de travail eux-mêmes n’ont pas approuvé ce contrat et ont demandé à notre Directeur de nous faire signer un autre contrat respectant le Code et les Conventions de travail au Togo et depuis, il ne dit rien et on ne sait plus dans quoi nous sommes.

Nous travaillons dans des conditions déplorables. C’est deux groupes, nous les nommons shifts 1 et shifts 2, le premier shift travail de 8h à 15h et le deuxième de 15h à 22h, certaines salles ne sont pas larges pour contenir les clients qui viennent suivre les matchs parce que nous diffusons tous les matchs gratuitement et les clients après avoir effectué leurs paris, ont, la possibilité de rester et suivre le match. La chaleur est indescriptible, l’odeur provenant de cette chaleur est inhalable comme dans une prison ; on est souvent obligé de nous déshabiller, les ventilateurs ne véhiculent plus de l’air. Ce que je dis, je ne l’invente pas, c’est ce que nous vivons. Il suffit de faire un tour dans les salles de Totsi, Hollando, Adewui, La Pampa, Bè, Attiégou, Bè-Gakpoto… et autres. Ce n’est que 5 salles sur 55 qui remplissent certaines bonnes conditions de travail. Avec tout ça, il n’y a que la prime de vente qui est donnée et nous l’obtenons à la seule condition d’avoir atteint un certain objectif de tickets vendus dans le mois. Nos jours de repos ne sont pas payés à la fin du mois. Ils sont défalqués de nos pauvres rémunérations. Il y a des heures supplémentaires qu’ils ne payent pas, nous perdons souvent de l’argent qu’on appelle dans notre domaine des « manquants », à cause de l’affluence, on nous demande de payer nos manquants en intervalle de 24h et cela quelle que soit la somme sinon on est viré.

Les gens ont été virés pour des manquants de 300FCFA. Observer ce scénario, je suis pointé à 50.000 FCFA le mois et avec ce qui me reste après qu’ils ont soustrait la somme convenant à mes jours de repos, si j’ai eu un manquant de 20000FCFA par exemple, que j’aurais déjà payé bien entendu, je me retrouve avec 25000 avec les agios de la banque. Donc finalement, j’ai manipulé des centaines de mille pendant le mois pour qu’à la fin, je me retrouve avec seulement 25000FCFA ? Pour un caissier, ça n’incite pas au vol ça ? », a pesté un autre agent dépité.

Les tentatives pour la mise en place d’un syndicat des employés ont été étouffées avec les premiers responsables renvoyés de l’entreprise en l’occurrence le Secrétaire Général sous prétexte que son contrat est arrivé à terme.

« Les durs moments, les moments de peine et de douleur c’est lorsqu’il arrive que quelqu’un de nous fasse un accident pendant les heures de travail. Souvent on n’est pas pris en charge, le cas le plus surprenant est le cas où une fois un de nos collègues a fait un accident pendant qu’il était allé chercher la caisse à la direction et qu’il retournait à son poste de travail. Le Directeur financier M.NOOR a demandé tout juste qu’on ramène la caisse contenant 300.000fcfa. Ça prouve combien de fois notre vie ne vaut pas grand-chose à leurs yeux et que c’est l’argent qui les importe. Il a même refusé de payer l’ordonnance par la suite. Ce n’est qu’un cas parmi tant d’autre.

Nous ne sommes pas vraiment des salariés, nous sommes payés comme les manœuvres à la maçonnerie, c’est du pointage en tant que caissier et manager d’une société où on est en permanence en contact avec de fortes sommes en liquidité. Nous travaillons tous les jours même les dimanches et les jours fériés. Ils disent que les jours fériés sont doublement payés mais ce n’est pas le cas, on ne voit pas ça sur notre salaire, pas de primes d’habillement, ils disent que nos tenues de service ne sont remplaçables que lorsque c’est déchiré et pour prendre un nouveau, il faut avoir ramené ce qui est usé d’abord ; pas de prime de risques de travail, ils nous demandent par exemple de mettre 15 minutes pour quelqu’un qui quitte Tokoin Trésor pour arriver à Avedji non loin du Lycée Technique d’Adidogomé pour chercher la caisse malgré l’embouteillage, les feux et tout, ce n’est pas de la torture ça ? Et ils vont se désengager s’il arrive malheur à quelqu’un. Les bulletins de paye que nous devons prendre par mois ne nous sont remis qu’après 9 mois, on ne peut donc pas faire de réclamations », a indiqué un autre.

Comment peut-on comprendre ce directeur et bien d’autres de son acabit qui font fuir les capitaux du Togo?

Selon nos informations, les caissiers et managers premier BET des pays voisins ne sont pas logés à la même enseigne. Au Sénégal, au Mali, au Congo et partout en Afrique de l’Ouest à l’exception du Togo, les agents sont bien rémunérés, on parle de 150 000 F pour les managers et 100.000 F pour les autres sans les primes.

Cela suppose que le gouvernement togolais est complice de cette situation.

Contacté par la Rédaction, le Directeur Pierre Yve de Leplace après avoir exigé en vain que nous lui livrions nos sources d’informations, a ensuite demandé que nous nous donnions rendez-vous la semaine suivante car était pris en ce moment-là par une réunion. Toutes nos tentatives toute la semaine dernière pour le joindre ont été sans suite.

Kokou AGBEMEBIO

Source : www.icilome.com