Ils ont toujours soutenu le régime et
ses actions. Pourtant, ils ont toujours clamé leur indépendance vis-à-vis de
ceux qui les ont appelés « pour venir boire du lait ». Depuis la
désignation de Faure Gnassingbé comme candidat du RPT/UNIR, les députés élus à
l’Assemblée nationale sous la bannière des mouvements indépendants ont enlevé
leurs masques, confirmant ainsi l’appellation « députés
indépendants-UNIR ».
En Afrique et particulièrement au Togo,
les partis politiques et les mouvements engagés dans la conquête du pouvoir
naissent régulièrement. Surtout à l’approche des élections, ils poussent comme
des champignons. Si une infime partie d’entre eux se déclarent ouvertement engagés
aux côtés des partis politiques de l’opposition, la plupart se réclament
neutres, impartiaux et donc indépendants aussi bien du pouvoir que de
l’opposition.
En 2018 et 2019 au Togo, ce phénomène a
connu une ampleur sans précédent. Pour compétir lors des élections législatives
de décembre 2018 et les locales de 2019, plusieurs regroupements se sont
formés. Dans toutes les préfectures du Togo, la Commission électorale nationale
indépendante (CENI) a enregistré plusieurs candidatures au nom des
indépendants. Le plus souvent, ces candidatures sont celles de militants du
parti au pouvoir n’ayant pas réussi à se faire inscrire sur la liste du parti.
D’autres candidatures indépendantes ont été suscitées et financièrement
soutenues par le régime lui-même pour faire croire aux populations qu’elles ont
affaire à des indépendants. A l’époque, nous les avons surnommés les
« indépendants-UNIR », en référence à leurs liens solides avec le
pouvoir en place.
Comme dans les fausses démocraties, ces
partis affiliés au régime dictatorial des Gnassingbé ont battu campagne contre
les partis politiques de l’opposition. Leur plus grand argument, c’est que
l’opposition togolaise n’aurait pas réussi à arracher le pouvoir faute de
stratégies. Ils se positionnent donc comme l’alternative aux échecs de
l’opposition. Leur particularité, c’est qu’il leur arrive très rarement de
critiquer le régime et sa gestion calamiteuse du pays. Pour eux, il fait de son
mieux, mais il reste beaucoup encore à faire. Chez ces partis politiques et
mouvements indépendants, l’opposition est plus coupable de la situation
actuelle que le pouvoir. Finalement, dans leurs discours, on comprend que leur
cible, c’est l’opposition.
Cette confusion est entretenue par le
régime qui a fait adopter une loi aux termes de laquelle tout parti politique
ou mouvement est de l’opposition à la seule condition que l’intéressé se
réclame de l’opposition. Heureusement,
cette confusion tire à sa fin. Pour avoir bénéficié des largesses du pouvoir et
dans l’optique d’être toujours dans ses bonnes grâces, ces mouvements qui se
disaient indépendants sont obligés de se positionner. Le bal a été ouvert par
le Bloc Alternatif Togolais pour une Innovation Républicaine (BATIR). 24 heures
après la désignation de Faure Gnassingbé comme candidat du régime, ces
pseudo-indépendants ont montré leur vrai visage.
Au cours d’une conférence de presse, ils
ont extériorisé leur amour pour le fils de Gnassingbé Eyadéma à qui ils
promettent leur « soutien ferme et
indéfectible ». Comme nous l’avions dit plus haut, leur constat, fondé
sans nul doute sur des aspirations pécuniaires, est « qu’en face du pouvoir actuel, aucun parti ou regroupement de partis
politiques » ne les rassure. En d’autres termes, « BATIR, c’est
UNIR ».
Le lendemain de cette sortie de BATIR,
les autres députés élus sous la bannière de mouvements indépendants ôtent aussi
leurs masques. En conférence de presse hier, ils ont « fait allégeance » à Faure
Gnassingbé en soutenant sa candidature. Cette alliance est composée de
mouvements tels que Alolledou-Vo, Indépendants pour construire, Conscience
patriotique, Indépendants pour la République, Hysope, Douanenyo, CRAD, Nouvelle
Vision et AVE en marche du fameux Pacôme Adjrourouvi. Ils se sont engagés à
mener des actions d’envergure pour la réélection de Faure Gnassingbé.
Une chose est sûre, avec leur soutien à
l’actuel chef de l’Etat, les fameux indépendants ont confirmé leur attachement
aux idéaux de la dictature qui régente le Togo depuis plus de 50 ans.
D’ailleurs, ils ont toujours soutenu le RPT/UNIR en votant pour toutes les
modifications constitutionnelles, même les plus insensées, voulues par le
pouvoir. L’énigme des indépendants est enfin résolu !
G.A.
source : Liberté
Source : TogoActu24.com