Orateur hors pair, jeune donc plein d’énergie, intelligent selon ses professeurs qui l’ont eu comme étudiant, élégant dans le verbe, Tikpi aura fait rêver tout un peuple pour s’éclipser comme il était arrivé. Pourtant, toutes les chances du monde lui tendaient les bras. Comment expliquer qu’il ait échoué, là où, même Faure Gnassingbé se voyait K.O assis comme debout ? Un ministre proche de Faure Gnassingbé se glosait à la rédaction Lynxtogo.info en ces termes : «Même se baisser et prendre le pouvoir qui trainait par terre, l’opposition était incapable ». La phrase vaut tout son pesant d’or. Devant la n’ième improvisation, comment pouvons-nous expliquer l’échec de celui qui avait été élu homme politique de l’année en Afrique par les médias français ?
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En lançant la mobilisation dans le bruit et les fanfares, Tikpi ne s’était pas aperçu que, le peuple togolais attendait plus un « sauveur » qu’un homme politique. L’adrénaline d’un peuple qui voulait en découdre avec un usurpateur va monter d’un cran et prendre des tournures qui dépassaient l’attente de celui qui a lancé les couleurs de la mobilisation. Il saura le sauveur mais n’arrivera jamais à transformer le désir de rompre avec les vieilles scories en victoire. Erreur de premier plan, le PNP arrive dans cette cacophonie sans un projet de société encore moins une équipe solide. C’est le temps où Tipki fera passer le message à qui veut l’entendre qu’il faut que, Faure Gnassingbé parte d’abord. Ensuite on verra. Le tem n’aura pas compris que, quand on règne depuis cinquante ans, on a plus de cordes dans les mains et plusieurs fers au feu. Premier échec.
En appelant Jean-Pierre Fabre à la rescousse, le Tem n’avait pas compris que, l’ANC n’existait plus que de nom. Les Togolais n’avaient pas encore pardonné la pantalonnade des élections de 2015. C’est ce qui explique que même dans le fief du parti à Bè et dans les rues de Lomé, les maillots et tricots scintillaient du rouge avec le logo du cheval que la couleur orange. Politiquement, c’est le plus grand en nombre qui impose sa loi. Le complexe de jeune parti sans expérience électorale va faire croire aux « gilets rouges » et à leur patron que, les éternels « loosers » de l’ANC étaient la solution. « J’ai fait appelle à mon grand frère Jean-Pierre Fabre » lancera naïvement Tikpi. Dans le fond, le Togolais de papa marseillais n’avait rien en commun avec le Tem. Très minutieux dans l’art de tronquer la popularité des autres, le vieillot Eric Dupuy était plus visible lors des négociations avec la CEDEAO que, Ouro Djikpa, grand commis du PNP. Quant au chef Tem lui-même, terrorisé par les bruits de bottes et les « on » va te tuer des sicaires de la « Faurandie » qui fusaient de partout, il a cru bon de sauver d’abord sa peau. C’est connu, le premier devoir d’un révolutionnaire est de ne pas mourir. Dans sa cavale, Tikpi, laissera derrière lui des seconds couteaux sans expérience aucune. Faure Gnassingbé profitera pour se faufiler avec le carnet d’adresses impressionnant en sa possession. En politique, la nature a horreur du vide. Le reste, ce sont les petits partis comme la CDPA, les FDR, UDS , l’ADDI voire le CAR qui vont jouer aux troublions. Mieux, ils vont s’illustrés par la culture du gain facile. Même le Pr Aimé Gogué ne retroussera pas ses manches pour prendre les millions piégés. Il sera le premier à trahir. Trop tard ! Le peuple était déjà au courant de ce qui se tramait sur son dos. Second échec.
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Atchadam qui a créé le PNP qu’il a positionné comme un parti d’obédience panafricaniste, n’a jamais pris le soin de se faire des alliés sur le plan togolais, africain voire mondial. Il voulait bousculer les écuries d’Augias sans avoir à faire un travail de communication. Résultat, tout son travail deviendra illisible, inaudible… Les chefs d’Etats francophones et la France qui ne voulaient pas voire ce jeune qui rappelle les vieilles gloires de lutte pour les indépendances vont l’étiqueter d’ « islamiste ». Dans les couloirs de l’Elysée, on a parlé d’un jeune dangereux. Dans la forme comme dans le fond, Tikpi Atchadam avait à donner et plus à apprendre aux Togolais que, la famille boiteuse que la France a installée depuis cinquante ans et qui a fini par montrer au monde entier que, sans le colon blanc, elle n’est rien. En témoigne, le show dégoutant voire ridicule que Faure Gnassingbé est allé faire quand Jacques Chirac est mort. Troisième échec.
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Tikpi Atchadam l’incompris !
Depuis sa dernière sortie, courant 2019 où il appelait à faire le maillage des partis politiques dans tout le Togo et du coup, provoquer une transition, le Tem n’a plus donné signe de vie. Une certaine classe politique était plus préoccupée à aller aux élections de février 2020. Avait-elle le choix ? Ici, déposer quelques millions comme caution et avoir le double comme retour sur investissement était dans tous les esprits que, l’appel responsable du Tem plus payant. La suite a finalement donné raison à celui qui demandait une transition. Serait-il fâché d’avoir été de tous les temps incompris par une classe politique qui ne sait où elle va ? Aurait-il gardé dent contre ses petits amis de l’opposition qui ne l’ont jamais aidé lors de son odyssée avec les « Tontons Macoutes » du pouvoir qui cherchaient vaille que vaille à mettre fin à ses jours ? Comment expliquer ce silence de l’homme politique qui laisse militants, sympathisants et fans sur le carreau? Où se cache-t-il et pendant combien de temps peut-il ou veut-il rester cacher ?
Face à toutes ces interrogations, un journaliste togolais aujourd’hui basé aux Etats –Unis nous livre son idée : « Il faut mettre un tiret voire une parenthèse sur l’homme Tikpi et prié avoir de nouveau un sauveur qui ne fera pas les mêmes erreurs que le Tem ». Ce sauveur, c’est tout un peuple qui y rêve et l’attend !
Camus Ali
LynxTogo.info
Source : Togoweb.net