« Dans certaines circonstances exceptionnelles et sous certaines conditions, un putsch peut se révéler « salvateur » » (Arol Ketchiemen)
A force de rester sourd comme un varan aux aspirations de son peuple, le président malien Ibrahim Boubacar Keita (IBK) est tombé comme une mangue mûre. Il a été déposé mardi par l’armée. Les militaires se sont emparés du pouvoir, obligeant le président malien et son gouvernement à démissionner. « Notre pays le Mali sombre de jour en jour dans le chaos, l’anarchie et l’insécurité par la faute des hommes chargés de sa destinée », a déclaré le porte-parole des putschistes». Aux premières heures du putsch, on a pu assister à la liesse des Maliens. Les mutins ont été accueillis en héros et fort applaudis par les populations qui exultaient de joie.
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Considérés comme étant un moyen illégal et anticonstitutionnel d’accession au pouvoir, les putschs seraient-ils alors salutaires ? Pour Serge Michaïlof, spécialiste du Sahel, le coup de force militaire au Mali était sans doute la seule façon de sortir d’une grave impasse politique. « Le président Ibrahim Boubacar Keïta était discrédité avec une économie en panne et surtout une situation sécuritaire extrêmement dégradée. En sept ans au pouvoir, il avait été incapable de reconstruire l’armée. Le niveau de corruption avait atteint des sommets avec son fils sérieusement impliqué », explique-t-il à Franceinfo Afrique.
Dans son livre « Les Coups d’État Salvateurs en Afrique », Arol Ketchiemen estime que les putschs sont à éviter car, d’après lui, chaque putsch porte en soi les germes d’un autre putsch. « Mais il est des situations où les Coups d’État s’avèrent être nécessaires, salutaires, salvateurs et démocratiques », approuve-t-il. Arol Ketchiemen poursuit : « Aussi, quand on y pense bien, les tripatouillages constitutionnels et élections frauduleuses pour s’éterniser au pouvoir sont en quelque sorte des « Coups d’État » antidémocratiques et doivent être sanctionnées comme tels.»
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Justement à propos, la région ouest-africaine considérée comme un bon élève en matière de démocratie, d’Etat de droit et de bonne gouvernance est mise à mal par une poignée de dirigeants assoiffés de pouvoir qui tirent l’espace communautaire vers le bas par leur absurde projet de 3ème mandat.
Alors mettre de l’ordre dans ce désordre à travers des coups d’Etat, serait à saluer. Loin de faire l’apologie des putschs. Mais face à des dictateurs impénitents qui ne rêvent que du pouvoir, tout le pouvoir, le pouvoir par tous les moyens, le pouvoir pour le pouvoir, le pouvoir pour toujours et qui « n’hésitent pas à user des odieux stratagèmes qui empoisonnent l’Afrique : la manipulation ethnique, le tripatouillage institutionnel, le culte sans frein du népotisme et de la médiocratie », les coups d’Etat deviennent le moindre mal. On parie que si un ou deux potentats de l’Afrique de l’Ouest subissent le sort d’Ibrahim Boubacar Keita, tous se mettront dans les rangs, et les pays de la CEDEAO pourront se mettre sur les rails de la démocratie et du développement.
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Dans l’histoire, l’Afrique a connu des coups d’Etat salvateurs comme au Mali en 1991 avec Amadou Toumani Touré, au Ghana avec Jerry Rawlings en 1981, en Côte d’Ivoire en 1999 avec Robert Guéï alors que le pays s’embourbait dans les dérives liées au concept douteux d’ivoirité. Même si dans le dernier cas l’espoir de voir se rétablir la normalité démocratique et constitutionnelle a été de courte durée.
Médard Ametepe
Source : Liberté
Source : Togoweb.net