C’est une affaire à l’allure d’un coup de théâtre que l’opinion vit, lorsque, le 26 février 2021, le juge français a estimé nécessaire, la tenue d’un procès en correctionnelle pour le puissant homme d’affaires français, Vincent Bolloré, dans l’affaire des ports de Lomé et Conakry.
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Au Togo, pendant la campagne présidentielle de 2010, le président Faure Gnassingbé, contesté, cherche à se faire réélire. Une équipe d’HAVAS, branche publicité du groupe Bolloré, est missionnée pour assurer une communication en sa faveur. La facture de plusieurs centaines de millions d’euros aurait été, en grande partie, réglée par le groupe lui-même, apprend-on.
« Au même moment, en Guinée-Conakry, HAVAS vient à la rescousse d’Alpha Condé. Quelques mois après, le groupe qui gère le port de Conakry est expulsé manu militari par l’armée guinéenne. Dans la foulée, un décret présidentiel attribue la concession au groupe Bolloré », retracent des médias français. En contrepartie, ces chefs d’Etat auraient donc favorisé les intérêts du groupe Bolloré dans leur pays. A Lomé, par exemple, les contrats d’exploitation du groupe Bolloré ont été prolongés de dix à 35 ans, en plus d’avantages fiscaux.
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L’industriel français est accusé d’avoir aidé deux dirigeants africains à accéder au pouvoir ou à s’y maintenir. Après des années de procédure et de multiples dénégations, Vincent Bolloré a finalement reconnu les faits qui lui sont reprochés. Il est coupable de corruption et d’abus de confiance. Il plaide coupable et propose une amende pour éviter un procès public. Mais le juge récuse sa requête, ouvrant la voie à son renvoi devant un tribunal correctionnel. « Les faits ont gravement porté atteinte à l’ordre public, économique et à la souveraineté du Togo », qualifie le juge.
Une étape importante franchie !
« Nous espérons vraiment qu’il y aura un procès et que l’on permettra justement à des représentants du peuple togolais de participer et de dire ce qu’ils savent de cette affaire. Monsieur Dupuydauby, dirigeant de Progosa, aura certainement et également son mot à dire, puisque sa société avait été évincée au profit de celle de Bolloré. Donc, je pense que si on permet à tous ces interlocuteurs et tous ces acteurs de s’exprimer, on pourra avoir suffisamment de lumière sur les pratiques totalement répréhensibles qui encourent au Togo, en termes de racket, en termes de corruption… Et tout cela, au détriment du développement de notre pays. On nous dit que nous sommes des pays pauvres, alors que nous avons des potentialités qui pourraient permettre aux populations de vivre heureuses et épanouies. Beaucoup d’argent, malheureusement, disparaît dans ces pratiques de corruption et beaucoup d’argent se retrouve dans des comptes de particuliers justement en Occident. En mettant toute la lumière sur ces pratiques, on espère pouvoir contribuer d’une manière ou d’une autre à la lutte contre la corruption », s’est largement exprimé sur les ondes de la radio France internationale, le président du collectif Togo Débout, David Dosseh. Au même moment, le gouvernement togolais, lui, clame que c’est « une affaire franco-française qui ne concerne pas le gouvernement togolais ».
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Cette affaire vient réactualiser ‘’l’influence’’ de ce groupe dans la politique de certains pays africains, longtemps dénoncée par des leaders d’opinion. Avec ses ports, ses réseaux de transports et de logistiques, etc., le groupe Bolloré a réussi à construire un empire économique de plusieurs milliards d’euros dans près de 46 pays. Aidé en cela par un solide réseau d’amitiés politiques.
Au Burkina, on se souvient qu’il y a quelques mois, certains actes passés entre le groupe Bolloré et le gouvernement avaient suscité une vague de réactions de leaders d’opinion.
Ce feuilleton judiciaire vient donc nourrir davantage les débats dans un contexte où il est établi que les moyens financiers pèsent dans le choix des dirigeants. D’où l’intérêt pour cette affaire à suivre.
Lefaso
Source : Togoweb.net