Secret de Palais: Kpatcha Gnassingbé, l’ombre cachée de Faure

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Le demi-frère de Faure Gnassingbé, Kpatcha Gbassingbé est
détenu depuis presque six ans au Togo. Accusé de tentative de coup
d’état en 2009 alors qu’il occupait les fonctions de ministre de la
Défense,Il a été condamné à 20 années de prison Lui-même et ses avocats
dénoncent toujours ses accusations et demandent sa libération. Depuis
son emprisonnement, le fils du Général Gnassingbé Eyadema, Kpatcha,
personnalité controversée togolaise, a rallié à sa cause une partie de
l’opposition togolaise. Il est considéré comme le demi-frère de trop…
l’ombre cachée de l’actuel président Faure Gnassingbé.

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L’opinion publique togolaise en sait très peu sur le cursus de
Kpatcha Gnassingbé qui mérite pourtant d’être souligné : pensionnaire de
l’école militaire de Tchitchao et diplômé d’une université des Iles
Britanniques, la Southeastern University de Londres, le demi-frère de
Faure est une figure dont l’autorité a été particulièrement marquante au
début des années 2000.

@koaci@koaci

En 2005, Kpatcha alors ministre de la Défense a joué un rôle de
premier plan dans les sanglantes répressions postélectorales qui selon
l’ONU ont fait plus de 400 morts. Même avant le scrutin, son nom était
synonyme de terreur dans tous le Togo, en ce sens qu’il possédait une
milice propre à lui. C’était l’ une des milices qui s’illustraient
sinistrement par l’arrestation des opposants. Avec leurs arsenaux
militaires comportant même des bâtons cloutés, celles-ci semaient la
peur et la mort. En récompense de ces besognes, il fut nommé Ministre de
la défense et des Anciens Combattants dans le gouvernement, poste qu’il
gardera jusqu’en 2007. Mais aucun togolais du moins bien informé ne
peut contester que Kpatcha durant sa fonction ministérielle était plus
qu’un ministre. Son autorité lui valut bientôt le surnom de  »2e
président ». L’homme le plus populaire du Rassemblement du Peuple
Togolais (RPT) après Faure Gnassingbé, jouissait de la sympathie des
chefs militaires et de soldats de rang et est très estimé dans les
casernes du Nord. Cette posture scintillante l’a peut-être séduit à
rêver de prendre le pouvoir, ce qui causera sa ruine.

Faure, apparemment, ne pouvait plus supporter cette ombre si gênante
de son demi-frère et dont les idées trop conservatrices seraient aux
antipodes des siennes. Dans une attitude machiavelique, le Prince décida
d’agir. Il fit démettre son frère du gouvernement et lui retira des
clefs de la Direction de la Société Administrative de la Zone France
(SAZOF). La fratrie est donc divisée! Depuis donc ses malheureux revers,
Kpatcha, aux cotés de son frère en 2005 pour la sauvegarde du
patrimoine familial (le pouvoir politique), se sentit frustré et chercha
une occasion pour se venger.

Le Coup d’État de la Pâques

Le putsch devait s’opérer à la Pâques 2009 lorsque le Président
serait en voyage de travail de 05 jours en Chine, d’où le nom du « Coup
d’état de Pâques ». Les plans savamment conçus et élaborés par l’ancien
ministre de la Défense, nerveux depuis son éviction en 2009, prévoyait
le renversement du pouvoir, sans effusion de sang, en s’emparant de la
Radio et la Télévision nationales, et de la Présidence, le tout dans le
respect des institutions de la République.
Un Commandant de la Gendarmerie reçut promesse d’être le président du
Comité Nationale de Rectification et de la Réconciliation(CNRR),organe
essentiel du pouvoir donc Chef de la Transition. Son nom est Abi Atti.
Cet officier fut choisi par Kpatcha en raison de sa probité et du
respect qu’il jouit dans toute l’armée nationale.

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Un autre membre du clan Gnassingbé joua un rôle de liaison entre
l’ex- ministre et les autres acolytes de la sédition. Il s’agit de
Essozimna Gnassingbé laconiquement appelé Esso qui amena pour la
première fois le Commandant Atti chez Kpatcha Gnassingbé, le soir du 08
Avril 2009. Là, le ministre déchu exposa à son hôte son plan en présence
de Kouma Towbeli, son secrétaire particulier. Le maître des lieux
annonça à Atti qu’il allait lui confier une mission. Et cette mission
était de présider la Transition qui serait mise en place après un
putsch, qui durerait deux ans à la suite duquel des élections
présidentielles crédibles et transparentes devaient amener au pouvoir
Kpatcha Gnassingbé qui dans le gouvernement de transition devait
retrouver son portefeuille du ministre de la défense. Et en liaison avec
d’autres officiers de l’armée, des chefs d’unité, Kpatcha croyait le
projet gagné d’avance. Parmi les protagonistes figuraient plusieurs
militaires le Général Assani Tidjani (qui a longtemps servi le Général
Eyadema ,ancien ministre de la Défense et qui a conduit les sanglantes
répressions postélectorales à Aneho, une ville côtière au Sud du pays),
le Commandant Amah, le Capitaine Casimir Dontemah, le Capitaine
Bagoubadi Gnassingbé, son frère le lieutenant Justin Gnassingbé, le
Commandant Malibada de la même famille et l’Adjudant Ougbakiti Séidou.

Malheureusement pour les conspirateurs, ce plan ourdi n’arrivera pas à
son terme! A en croire les témoignages recueillis par les agents du
Service de Recherche et d’Investigation de la Gendarmerie, Kpatcha
aurait confié la préparation de ce plan sensible à l’ambassadrice des
Etats-Unis, Mrs Patricia Howkins qui aurait divulgué l’information.
D’autres rumeurs prétendirent qu’un pays étranger où l’ancien ministre
aurait acheté des armes avait mis au courant le gouvernement togolais de
l’imminence d’une sédition. L’ordre fut donné au Colonel Félix Abalo
Katanga, chef des Forces d’Intervention Rapide (FIR) de mettre aux arrêt
les rebelles. Ainsi, le Dimanche 12 Avril, le Commandant Abi Atti fut
arrêté par des éléments de la FIR. Le raid de Katanga et de ses hommes
au domicile de Kpatcha dans un quartier périphérique de Lomé, donna lieu
à des échanges de coups de feu entre la garde rapprochée de l’ancien
ministre et des hommes de la FIR. Bilan : une dizaine de morts. Le
Colonel Rock Gnassingbé, Chef d’État-major des blindés, alerté par les
événements se rendit personnellement sur les lieux et intima l’ordre à
Katanga de replier, ce dernier s’exécuta. Mais quelques jours plus tard,
Kpatcha ne tarda pas à être arrêté devant l’ambassade des États-Unis
d’Amérique, le 15 Avril 2009.

Lire aussi:Affaire de Palais: Faure Gnassingbé se livre sur son lien de sang avec Kpatcha

Les conditions de son arrestation furent énigmatiques. Et les
historiens se contrediront toujours sur ce sujet. Fut-il parvenu à
entrer dans l’ambassade des États-Unis avant que les autorités de la
Nation la plus démocratique au monde se refuse à accorder l’asile à un
fugitif aussi controversé ou l’ambassade lui a fermé les portes en
raison d’un mandat d’arrêt émis contre lui? D’après la version
officielle, l’ancien ministre fut arrêté devant l’ambassade des
États-Unis. Ce fut son frère, le Colonel Rock qui protégea avec des
blindés son déplacement pour l’ambassade.

Le procès de tentative d’attentat contre la surêté de l’Etat

Il s’agit en fait d’un vaste réseau de conspirateurs regroupant des civils comme des militaires.
Au total, plus d’une trentaine de personnes au total seront mis aux
arrêts. Le procès tant attendu débuta le 1 er septembre 2009. Il dura
plusieurs semaines et connu beaucoup de rebondissements. La partie
civile représenté par l’Etat fut défendue par d’éminents avocats locaux
et internationaux dont les habiles objections ont enchanté plus d’un
spectateur. Il s’agit de Me Gabriel Archange Dossou, bâtonnier au
barreau du Bénin, Me Pierre Harick du barreau de Paris, Me Edah N’Djéllé
et Me Lionnel Sanvee du barreau de Lomé. Les inculpés sont accusé de
<>. Les déclarations faites par les inculpés aux enquêteurs et le
contenu précieux d’une clé USB constituent des principaux éléments pour
le procureur Robert Bakai.

Fidèles à la devise  »l’ennemi de mon ennemi est mon ami » et
confusément en quête d’un homme qui peut les délivrer du pouvoir
instauré en 2005, beaucoup de togolais n’ont pas répugné dans un premier
temps, du moins, la tentative de renversement du pouvoir politique par
Kpatcha Gnassingbé en 2009. Pourvu que Faure soit évincé, fut-il par qui
ou par la force. Conscient de la situation, le détenu en profita pour
constituer une défense ne comprenant que des honorables avocats de
l’opposition togolaise, ces derniers se sont constitués pour sa défense.
Ces éminents avocats avaient quelque peu oublié le rôle de leur client
dans l’avènement de son frère au pouvoir en 2005. Ils l’avaient tous
dénoncé à cette époque mais voilà que quelques années après, ils se
retrouvent dans son camp! Il faut dire que le dossier Kpatcha était
juteux.

Quelques avocats de ce conseil extraordinaire méritent d’être mentionnés.

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Me Gil-Bénoit Afangbédji, jeune avocat au barreau de Lomé mais déjà
célèbre, n’a jamais pris parti pour un parti politique mais il est
soupçonné d’avoir des accointances avec le Comité d’Action pour le
Renouveau (CAR). Me Kpandé Adzaré, président de la Ligue Togolaise des
Droits de l’Homme (LTDH), une association de défense des droits humains
affiliée à l’opposition. Me Apévon Kokou Dodji, président National du
CAR, deuxième force de l’opposition, pensait que ses talents pouvait
délivrer un tel inculpé des serres de la Justice togolaise qu’il connaît
si bien. Son mentor, le vénérable Me Agboyibo même n’y avait-il pas
succombé en 2006 devant le même juge, le légendaire Abalo Petchelebia?
Me Ajavon Atta Zeus, avocat au barreau de Lomé, un enseignant de Droits
aux Universités de Lomé et de Kara, ancien vétéran de l’Union Togolaise
pour la Démocratie(UTD) d’Edem Kodjo et professant la foi pour l’Union
des Forces du Changement(UFC) de Gilchrist Olympio, vieil homme à
l’aspect juvénile portant lunettes, orateur pire encore;ses objections
ne peuvent faire sur le Président de la Cour Suprême que des impressions
de morne ennui. Me Djovi Gally, avocat qui s’est illustré dans
l’histoire de la Démocratie au Togo et très célèbre pour ses cheveux
blancs.

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Même ses longs jours de détention en secret à l’Agence Nationale de
Renseignements (ANR) n’ont pas adouci son caractère de granit. Quand le
juge le rudoya d’enlever son échappe de député, il répondit fièrement
«Je suis un député, je le demeure, on ne m’a pas encore dit que je ne le
suis pas ». « Oui,je le reconnais » lui répliqua le juge. Quand on lui
demanda s’il reconnait les faits qui lui sont reprochés, il nie en
insistant encore sur la valeur de son immunité parlementaire. « Je ne
les reconnais pas . Mais je suis un député. M. le président, que
faites-vous de mon immunité parlementaire ? » « Il s’agit là d’une
exception qui est versée à fond » lui rétorqua sèchement le Juge Abalo.
Il faut rappeler qu’il avait été élu député de la Kozah en 2007 et son
procès se déroulait sans qu’il ne vit lever son immunité parlementaire
qu’il jouissait en raison de l’article 53 de la Constitution.

Durant toutes ces journées homériques, le secteur du Palais de la
Justice et de la Prison Civile grouillait de monde tentant de se rendre
au spectacle de ce fameux procès qui ne faisait que le Une de la presse.
Les audiences étaient interdites aux journalistes privés. Seuls les
magnétos et caméras des médias d’état sont autorisés. Des forces
spéciales de la Police et de la Gendarmerie avec des militaires y
faisaient la ronde, jour et nuit avec d’impressionnants dispositifs de
sécurité. A la fin de ce procès, les verdicts sinon les sentences des
juges ne furent pas cléments pour les principaux conspirateurs. Kpatcha
écope de 20 ans de réclusion criminelle avec déchéance civique et
confiscation générale. La même peine était revenue au Commandant Abi
Atti et au Général Assani Tidjani. 15 ans de réclusion était la peine du
Capitaine Dontemah et le Capitaine Lambert Adjino. Esso Gnassingbé qui
faisait la liaison entre les conspirateurs a écopé de 10 ans
d’emprisonnement.

Les proches de Kpatcha écartés du pouvoir

Tout ceux qui ont eu un lien dans les derniers jours avec le
conspirateur et non avec la conspiration et qui ont été épargnés par la
Justice seront écartés désormais des rayons du détenteur du pouvoir,
Faure Gnassingbé. Quelques uns de ses hommes méritent au point ou nous
en sommes d’être mentionnés. Ils jouèrent un rôle important pour Kpatcha
dans les derniers heures de sa liberté. Le Colonel Rock Balackiem
Gnassingbé fut enlevé du Régiment Blindé de Reconnaissance et d’Appui
(RBRA) et fut remplacé par le Commandant Yodi. Nous avons vu que ce
premier officier a joué un rôle primordial dans la fuite de son frère
pour l’ambassade américaine. C’est lui aussi qui a demandé au Colonel
Katanga de se retirer de la demeure de Kpatcha. Le Général Zachari
Nandja,Chef d’Etat-Major Général des trois armées, connut aussi le même
sort. C’est lui qui prêta allégeance à Faure Gnassingbé le 05 févier
2005 au nom de l’armée. Il fut remplacé de son poste à l’État-major par
le Général Essofa Ayéva. Beaucoup de togolais avaient estimé que ce
limogeage avait un lien avec le dossier Kpatcha.

Au moment où cet article est écrit, Kpatcha est dans sa sixième année
d’emprisonnement. Il lui reste 14 bonnes années. A sa sortie en 2029,il
ne sera plus qu’un homme écrasé sauf si une grâce présidentielle le
remet en liberté avant cette date si lointaine pour un grand ambitieux
qu’est Kpatcha. Ce qui est comique dans toute cette épisode inédite,
c’est qu’il s’agit d’une affaire politico-familiale et qu’on peut
résumer en ces phrases poétiques : « Son père a été président, son frère
est le président et lui aussi veut être le président ».

Par notre correspondant au Togo Magloire K. Bolouvi

tiré de http://afriqueinside.com/kpatcha-gnassingbe-lombre-cachee-de-faure16032015/

Source : Togoweb.net