Un spectaculaire retournement marque les relations entre les partis de l’opposition au Togo au lendemain des élections locales du 30 juin dernier. Si les résultats définitifs ont donné le parti au pouvoir Union pour la République (Unir), large vainqueur des sièges des conseillers municipaux ; la débâcle de l’opposition au terme du vote pour les maires et leurs adjoints n’en est que plus frappante. Surtout qu’elle s’accompagne d’un échec cinglant des partis de l’opposition, dans certaines communes où le nombre de conseillers municipaux de l’opposition les prédisposait à la victoire. Qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Mystères et intrigues que les leaders de l’opposition tentent de dénouer à travers invectives et tirs croisés de toutes sortes. Toute chose qui est loin de souder l’opposition à la veille de la présidentielle de 2020.
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Rien ne va plus sur la scène politique togolaise entre les partis de l’opposition. Les scandales succèdent aux crises, les divisions aux décisions d’exclusions au lendemain des élections locales et des élections des maires et leurs adjoints qui viennent de s’achever. A l’approche de l’élection présidentielle de 2020, tous les coups semblent désormais permis entre partis opposés au parti Unir au pouvoir, malgré les appels à l’union en vue de dégager si possible une candidature unique. Des alliances inattendues qui se sont finalement volcanisées, coups bas…voilà, qui le lot qui a marqué entre opposants, l’élection des maires et leurs adjoints.
A quelques mois du rendezvous crucial de 2020, ces crises et déchirements que les partis d’opposition ne manquent pas d’étaler sur la place publique, suscitent interrogations et mettent à rude épreuve une éventuelle alliance face au pouvoir. Au cœur des intrigues qui refroidissent les relations entre partis d’opposition, il y a bel et bien cette affaire de vote du Maire de Golfe 5 et ses adjoints. Paroles contre paroles, l’ANC et la C14 se tirent dessus, l’une accusant l’autre d’avoir fait le jeu ayant permis au candidat du parti au pouvoir, de passer haut les mains alors que le parti Unir n’avait pas obtenu suffisamment de sièges dans ce fief, cette chasse gardée de l’opposition. Conséquemment, l’ANC de Jean Pierre Fabre a décidé d’ouvrir une procédure devant déboucher sur une sanction contre certains de ses Conseillers municipaux élus, pour avoir voté pour les candidats de Unir à la tête de leurs mairies. A cette affaire, vient s’ajouter, la décision d’exclusion que le Parti pour la Démocratie et le Renouveau (PDR) dont Zarifou Ayéva fut le président, vient de prendre contre Monsieur Djagli Yaovi, son élu du bas Mono 2 pour avoir voté pour l’ANC.
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Selon les termes d’une lettre adressée à cet élu : « Monsieur Djagli Yaovi est exclu du PDR à compter du Jeudi 12 Septembre 2019 » pour « insubordination et manquement grave à la discipline du parti, ». Il est reproché d’avoir eu un « comportement désobligeant lors de l’élection du Maire, de l’Adjoint au Maire ainsi que des Commissions spécialisées tenue le Jeudi 12 Septembre à Attitogon ». … Et donc, il n’est plus habilité, ni à parler ni à agir au nom du parti en qualité de représentant ou d’élu ». Ce dernier épisode en date qui fait couler encre et salive, est loin de boucler le feuilleton, puisque l’ANC et son président Fabre seront devant la presse aujourd’hui même pour se prononcer … sur cette situation, et il faut s’attendre encore à des révélations croustillantes. Sauf que, l’une dans l’autre, ces deux faits ne sont que l’arbre qui cache la forêt depuis les événements du 19 août 2017, leur corolaire de la formation de la Coalition des 14 partis de l’opposition et les circonstances mêmes de son effritement sur fonds de scandales et révélations de politiques de tabloïd que certains leaders de la C14 pratiquaient depuis avec des partis non membres. Ces affaires qui éclaboussent l’opposition togolaise au lendemain du vote des maires et leurs adjoints, laissent supposer que le souci de jauger de leurs poids respectifs auprès de l’électorat cache, pour plusieurs partis politiques, un espoir quelque peu inavouable : celui de se présenter, le moment de la mise sur la table de la question des alliances, dans les meilleures conditions possibles. En clair, dans une position rendue forte par la concrétisation – souhaitée, pour certains, et attendue, par les plus forts – de l’espoir précité de bons résultats, qui leur permettrait de négocier au mieux, non pas leur défense du programme présidentiel ou leur appui à son concepteur, mais leurs places respectives dans l’alliance qui pourrait s’annoncer.
Quelle alliance de l’opposition pour la présidentielle de 2020 ? Plusieurs figures de la classe politique togolaise ont clairement laissé entendre, en maintes occasions, qu’il n’y a qu’une candidature unique pour donner des chances à l’opposition de réussir le cap de 2020. Mais face à eux, d’autres non moins importantes battent en brèche cette solution. Me Yaovi Agboyibo estime que ce débat est tout simplement stérile inférant que tous ceux qui le souhaitent doivent être candidats vu que l’on ira à une élection à deux tours. Ensuite, les partis de l’opposition s’aligneront derrière celui qui viendra en tête.
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A sa suite, l’universitaire Wolou Komi qui soutient que : « C’est une erreur de penser que la seule option pour remporter l’élection est la candidature unique ». Sans être pour autant contre les regroupements ou les alliances politiques, une forte tendance au sein de l’opinion, souhaite voir émerger plutôt des indépendants, en tenant compte de cette crise profonde qui divise l’opposition. Une position jouable, si l’on s’en tient à la configuration actuelle de l’Assemblée nationale avec des indépendants qui y occupent une vingtaine de sièges sur les 91. Avec eux, le jeu des alliances fait de belles preuves, notamment pour voter récemment plusieurs projets de Lois. Cet état endémique de désunion qui caractérise les partis de l’opposition ouvre le champ à plusieurs aspirants qui s’annoncent.
En effet, après Gerry Komandéga Taama président du Nouvel engagement togolais, en abrégé (NET), l’économiste Ekue Gamessu Kpodar et récemment le juriste Christian Spieker, tous deux de la diaspora, plusieurs observateurs annoncent une probable candidature dans les jours prochains de pasteur Edoh Komi, le président du Mouvement Martin Luther King (MMLK), élu maire adjoint dans la commune du Golfe 2.
Source : Togo Matin No 634
Source : Togoweb.net