Salifou Tikpi Atchadam Sort de Son Silence et Martèle : « Le COVID19 ne saurait constituer un rempart de protection pour le régime illégal et illégitime au Togo. »

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Tikpi Atchadam

Salifou Tikpi Atchadam, c’est l’homme politique de l’opposition, leader du Parti National Panafricain (PNP) qui avait initié le mouvement du 19 août 2017. Ce jour-là, surpris par des manifestations monstres au pays et dans la diaspora, le régime Gnassingbé fit ce qu’il sait faire de mieux: la répression tous azimuts et aveugle qui continue jusqu’à ce jour. Militants et responsables des partis politiques de l’opposition, surtout ceux du PNP, sont pourchassés jusque dans leurs derniers retranchements. Le leader du parti à l’emblème du cheval, Salifou Tikpi Atchadam, devenu la bête noire du régime qui cherchait à l’abattre, choisit de se faire discret. D’aucuns le croient en Guinée, certains le soupçonnent au Togo, d’autres croient qu’il serait en Europe. Mais pour un combattant comme lui contre l’une des rares dernières terribles dictatures au monde, ce qui compte n’est pas tellement le lieu de résidence. La santé et la sécurité ne sont-elles pas plus importantes pour qu’il puisse continuer la lutte, peu importe le lieu où il se trouve? Et pour donner un signe de vie après tant de silence qui fut synonyme de tant de spéculations, le natif de Kparatao rompt le silence à l’occasion de l’an 4 du soulèvement du 19 août 2017, et pour montrer qu’un révolutionnaire, un combattant ne dépose jamais les armes tant que la dictature qu’il combat, même agonisante, n’est pas encore définitivement tombée.

« Toute l’histoire du Togo est une histoire de lutte. » C’est par ce constat que le leader du PNP commence son adresse aux combattants togolais de la liberté. Pour cette lutte qui dure depuis 58 ans, il ne manquera pas de rendre hommage à tous les martyrs connus ou anonymes, tombés d’une manière ou d’une autre. Aux détenus politiques, aux Togolaises et Togolais de la diaspora qu’il désigne par la grande prison à ciel ouvert qui continue la lutte pour la libération du Togo, il exprime son admiration et n’oublie pas de leur rendre hommage. Pour Salifou Tikpi Atchadam tout le mérite et tout l’honneur reviennent au peuple togolais dans son ensemble qui, malgré une dictature féroce soutenue par une armée de répression, a su rester debout et dont le coeur bat toujours pour la liberté.

Évoquant le long règne de la dictature Gnassingbé de 1963 à 2021, le chef du parti rouge n’a pas manqué de mentionner ce qu’il désigne par le triple meurtre dont les terribles conséquences ont toujours un impact négatif sur la vie politique de la nation. Le premier meurtre avait consisté à assassiner Sylvanius Olympio le 13 janvier 1963 et à le remplacer par des dictateurs qui se succèdent au pouvoir sans aucun égard à la légalité et à la légitimité. Le deuxième meurtre, selon Salifou Tikpi Atchadam, avait concerné l’assassinat du constitutionalisme remplacé par une constitution personnelle; et l’élection qui fut victime du troisième meurtre, fut remplacée par un rituel périodique de mise en oeuvre de la dictature. D’après l’orateur, ces trois meurtres sonnèrent le glas de notre souveraineté et de la démocratie. Après les malheureuses expériences électorales de 1993 à 2010 où les scrutins n’étaient que des formalités pour le dictateur, le togolais ne serait plus d’accord qu’on lui parle d’élections jusqu’au jour où il reprendra sa souveraineté pour enfin décider en toute liberté. »Dans le cas du Togo, le fait même de parler d’élections constitue une tentative de dédouanement, de légalisation, de légitimation et d’humanisation de la dictature. »

Selon toujours l’orateur, en dehors du triple meurtre, il y a aussi le système de contribution, de collaboration et de participation (CCP) qui apporte du flou dans les positions des différentes formations politiques et retarde la lutte. Le président du PNP fustige les leaders des partis politiques de l’opposition adeptes de ce système CCP qui seraient les sauveurs du dictateur en difficulté en lui apportant chaque fois la barque de sauvetage devant la rivière en crue. « Ceux qui participent à ce système ne sont pas victimes d’une erreur politique car, la même erreur répétée cesse d être une erreur pour devenir un choix« : Faisant le parallèle entre la lutte pour les indépendances vers la fin des années 50 et la lutte contre la dictature et pour la démocratie en 2021, l’homme politique trouve que le même clivage entre nationalistes qui voulaient l’indépendance totale, tout de suite et maintenant, et les progressistes qui voulaient une indépendance progressive, est aujourd’hui constaté dans le comportement de certains de nos opposants. « Liberté et souveraineté ici et maintenant ou liberté et souveraineté progressive? Voilà la question par rapport à laquelle chaque parti politique doit se déterminer et éclairer le peuple qui a assez souffert de positions trop adaptables à la position d’en face pourtant diamétralement opposée. » Le système CCP (Contribution, collaboration et participation), qui revient comme un refrain dans le discours, crée un flou savamment entretenu, embrouille les positions au point où nous avons été amenés à affirmer qu’au Togo, l’on passe du parti au pouvoir à l’opposition, exactement comme d’un état de l’union européenne à un autre.

Continuant à aborder les gros obstacles qui retardent l’aboutissement de la lutte, Atchadam pointe du doigt et dénonce la tendance de certains à confondre l’héritage biologique et leur engagement actuel pour la reconquête de la liberté et de la souveraineté. « L’état civil ou la filiation ne prouve pas le patriotisme. Une génération assise sur le passé glorieux de ses ancêtres paralyse le présent et handicape l’avenir des générations futures. Nous accrocher aux mérites des générations passées, c’est démissionner au présent…« … « On ne rentre pas dans l’histoire au dos de ses parents. » Il a tenu à rappeler ce à quoi peut nous conduire l’approche familiale des questions d’état en donnant l’exemple de l’accord stérile entre l’Union des Forces du Changement (UFC) de Gilchrist Olympio, fils de Sylvanius Olympio et le Rassemblement du Peuple Togolais (RPT) de Gnassingbé Faure, fils de Gnassingbé Éyadéma. Le type de changement que nous voulons pour notre pays, selon le patron du PNP, n’est pas seulement un changement d’hommes; il ne s’agirait pas non plus de querelles de personnes ou de familles. Il s’agirait d’un changement de système et d’une refondation du Togo, afin de le positionner pour la construction d’un état fédéral africain. « Refonder le Togo exige la reconnexion à la minute avant l’assassinat de Sylvanius Olympio.  »

Pour cette phase ultime de la lutte, le responsable de la formation politique à l’emblème du cheval a tenu à rappeler l’importance du positionnement politique de chaque Togolais et chaque Togolaise. « Le partisan doit exiger la clarté dans le positionnement de son parti politique d’appartenance. » Poursuivant son allocution, il a expliqué les deux types de violences entre lesquels le Togo est pris: une violence militaire, parce que nous vivons sous une dictature militaire et une violence politique portée par le système CCP qui, selon ses termes, serait plus dangereux que l’armée. Un système très dangereux que le citoyen togolais ne devrait pas tolérer si nous ne voulons pas de la monarchie des Gnassingbé. Pour terminer, Salifou Tikpi Atchadam a de nouveau rendu un hommage mérité au père de l’indépendance Sylvanius Olympio, et rappelé que si ce dernier et tous les autres nationalistes avaient été contributeurs, collabos, ou participationnistes, il n’y aurait jamais eu de 27 avril 1958, ni de 27 avril 1960. Malgré la crise du COVID 19 derrière lequel le régime moribond se cache, comme le djiyadisme et le terrorisme imaginaires qu’il prend comme prétextes pour continuer à persécuter les Togolais, Salifou Tikpi Atchadam estime que les manifestations gigantesques pacifiques dans tout le pays et dans toute la diaspora sont la seule arme fatale qui pourrait venir à bout de ce régime liberticide qui donne des signes de fébrilité malgré les apparences. Il n’avait pas manqué d’insister sur le caractère pacifique de la lutte. « Nombre, pacifisme sont les seuls mots qui font trembler le régime agonisant. »

Après avoir terrassé ce régime aux abois qui n’attend que le coup de grâce, le président du Parti National Panafricain (PNP) propose la mise sur pied d’une transition sans Faure Gnassingbé pour apporter les changements et faire les réformes nécessaires avant l’organisation des élections libres et transparentes où le citoyen pourrait librement choisir ses dirigeants.

Voilà résumé en quelques lignes, le discours prononcé jeudi 19 août 2021 par Salifou Tikpi Atchadam à l’occasion du quatrième anniversaire du soulèvement populaire du 19 août 2017.

Samari Tchadjobo
Allemagne

Source : 27Avril.com