“Rien n’est plus fort qu’une idée dont l’heure est venue.”
Victor HUGO
Le temps d’Atchadam
Les évolutions politiques des trois dernières années au Togo portent le souffle d’un leader charismatique dont la force du discours et la limpidité de l’action emportent une dynamique émancipatrice de la nation togolaise. Pour M. Atchadam et son Parti National panafricain (PNP) l’élection n’est pas la solution au problème togolais. Je partage largement cet avis. Les faits donnent raison à cette analyse et établissent une fois encore la justesse du positionnement de ce grand parti qui prend une dimension considérable dans l’imaginaire collectif togolais.
Nous sommes exactement aujourd’hui dans l’après élection et le silence de M. Atchadam n’est plus compréhensible. Il s’agit ni plus ni moins pour ce parti et son chef de ne pas rater le coche, de prendre exactement l’ascendance de l’histoire, de chevaucher la monture de la vérité et de montrer, une fois encore, tel le phare du havre de la liberté, le chemin au peuple. Toute une nation attend le retour et la parole lumineuse de son héraut. M. Atchadam doit parler. M. Atchadam doit situer la nation. Le parti national panafricain doit soutenir la vérité des urnes et jeter ses forces dans la bataille post-électorale ou risquer de rejoindre les rangs déjà bien garnis des traîtres du peuple togolais. Il faut accompagner les efforts du prélat nonagénaire qui montre la voie. Il faut libérer et catalyser les énergies des militants et du peuple pour donner sens et vigueur à une légitime réclamation de la victoire. Aider à asseoir enfin le respect dû à la nation togolaise.
L’opposition togolaise dans son ensemble a l’impérieux devoir de crédibiliser son statut et de donner corps à ses discours en allant au-delà de simple pétition de principes. Le peuple togolais attend des signes clairs de reconnaissance d’une opposition véritable, capable de le représenter et de porter ses aspirations. Elle a beaucoup erré depuis six décennies et s’est beaucoup compromise en de maintes manières. Elle a l’occasion de se racheter.
Je ne pense pas que M. Atchadam soit de cette engeance, celle qui fait de la politique un business délétère et pourtant cyniquement juteux au détriment de la vie des citoyens. L’heure n’est plus aux calculs mesquins et aux considérations politiciennes qui font si bien le jeu de la dictature. La position non participationniste du PNP est connue. Le peuple reconnaît sa véracité. La vacuité de l’accompagnement électoraliste des « légitimateurs » de la satrapie à travers des compromissions inavouables est établie. Ce parti de la liberté doit à présent soutenir la voie de l’alternance. Vaille que vaille. Au nom même de la liberté. Pour les victimes intemporels d’une violence militaire aveugle. Pour les meurtris et les assiégés de Sokodé, Bafilo, Mango….Il faut sortir du bois M. Atchadam. Il faut élargir le champ de la contestation et approfondir la soif du changement. Qu’il porte le visage de M. Agbéyomé n’est pas bien grave. Dieu a pu faire de Cyrus le païen le messie de son peuple. C’est un pis-aller nécessaire, le deus ex machina que Mgr Kpodjro nous propose. Nous n’avons pas le choix. Ou si. Nous avons le choix entre le statu quo mortifère dans les rets serrés d’un pouvoir illégitime et assassin de tout un peuple et l’élargissement du séisme du 19 août 2017 et sa réplique de ce 22 février 2020.
Pour tout togolais épris de liberté, le choix est clair. Ne passons plus à côté de l’essentiel.
Jean-Baptiste K.
Source : 27Avril.com