Les examens de fin d’année ont démarré depuis le 03 juillet dernier avec le Brevet d’études du premier cycle (BEPC). Ils prennent fin selon le calendrier scolaire en août prochain. Mais déjà en septembre, les cours reprennent. Une date qui paraît stratégique.
D’entrée il faut préciser que le gouvernement ne fait pas des choses au hasard. Surtout lorsqu’il est sur un terrain de conflit politique ou syndical. Et c’est pourquoi il y a lieu de bien chercher les dessous d’une telle décision. D’abord, c’est une date qui n’arrange pas les candidats au baccalauréat puisqu’ils n’auront qu’un temps relativement court pour les vacances.
On peut supposer que c’est une manière pour les autorités de compenser les nombreux jours que les apprenants ont passé cette année à la maison à cause des multiples débrayages qui ont émaillé l’année scolaire. Aussi le 24 septembre serait-il une entente entre la Coordination des syndicats de l’éducation du Togo (CSET) et le gouvernement. Et c’est sur cette « paix des braves » que le gouvernement tente de jouer.
En fixant cette date, le gouvernement semble jouer sur le spectre des grèves à chaque rentrée scolaire. En effet initialement prévue en octobre, cette date ne serait plus curieusement indiquée pour les autorités en charge de l’éducation. A l’analyse, elles craignent une éventuelle menace de grève la rentrée prochaine. Et c’est pour anticiper cela qu’on peut avancer que la rentrée a été ramenée sur le 24 septembre. Puisque si la rentrée s’effectuait en octobre, une menace de grève pourrait perturber les cours jusqu’en décembre, ce qui porterait un coup aux examens du premier trimestre. D’autant plus qu’il n’est pas sûr que le gouvernement adopte le statut particulier des enseignants avant la rentrée prochaine. Alors que la CSET n’exclut pas de retourner à la base si le gouvernement ne met pas en œuvre les amendements apportés le 29 juin dernier à l’Assemblée nationale.
« Nous disons que le statut particulier, c’est un point du protocole d’accord. Le protocole d’accord a plusieurs points, notamment l’organisation des concours pour engager les EV, l’octroi d’un milliard pour le compte de cette année et deux milliards pour 2019. Il y a plusieurs autres dispositions, et notre souhait est que le gouvernement puisse résoudre ces problèmes par étape et essayer d’anticiper sur les éventuels problèmes qui vont arriver et garder le contact de négociation avec les partenaires sociaux, et c’est à ces conditions-là et par rapport à tout cela que nous pouvons dire que les mouvements dans le monde de l’éducation vont être très rares », a fait savoir AtchouAtcha, le coordonnateur de la CSET. Autant dire que la crise qui secoue le monde scolaire n’est pas encore finie. Elle pourrait resurgir même si ce syndicat a émis le vœu de ne pas retourner à la grève avec les autorités. La balle est donc dans le camp du gouvernement.
Mais ce n’est pas sûr qu’il l’a saisisse au bond pour en finir avec les mouvements de débrayages cycliques qui impactent négativement les rendements des apprenants. Les priorités du gouvernement sont ailleurs. La tenue du sommet de la CEDEAO et de la CEEAC à Lomé à la fin de ce mois lui tient à cœur. C’est une rencontre qui s’annonce décisive puisque tous les acteurs politiques attendent la proposition de sortie de crise de l’instance sous-régionale. Le pouvoir en place et la Coalition de l’opposition retiennent leur souffle. Si l’idée de transition politique est souhaitée par la classe politique de l’opposition regroupée au sein de la C14, le régime voudrait tenir les élections législatives en novembre prochain dans le but de noyer la volonté populaire dont les réclamations sont entre autres, le retour à la Constitution de 1992, les réformes constitutionnelles, le vote de la diaspora, etc.
On voit bien que la situation n’arrange pas le pouvoir en place. Il concentre son énergie sur la reprise en main de la situation au détriment des secteurs que sont la santé, l’éducation, etc. qui lui importent peu. D’ailleurs la gestion des grèves à répétition qui ont jalonné l’année scolaire 2017-2018 prouve à suffisance que l’éducation est le benjamin des soucis du gouvernement. Les chantiers ouverts et annoncés ici et là dans les secteurs agricoles ne visent qu’à amadouer les partenaires du Togo en leur faisant croire que la « situation est sous contrôle ». Or il n’en est rien. La volonté des Togolais de tourner la page du régime cinquantenaire est plus que jamais irréversible.
Au regard de tout ça, ce n’est visiblement pas demain la veille des grèves dans le secteur scolaire. Les raisons avancées par le gouvernement pour tenir les examens et écourter les vacances peuvent être vues comme un leurre.
Source : www.icilome.com