Renouvellement des institutions au Togo : Présidence de la République, l’éternelle exception

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Les hommes passent, mais les institutions qu’ils incarnent demeurent. Cette citation est vraie. Mais au Togo, il est difficile d’en faire la preuve, surtout quand il s’agit d’une institution telle que la présidence de la République. Elle est l’exception qui confirme la règle.

Le 19 janvier 2022, la présidente de l’Assemblée nationale, Yawa Djigbodi Tsegan, a pris trois arrêtés portant ouverture du processus de renouvellement des membres de certaines institutions de la République. Le premier, arrêté N°001/2022/PA, est relatif à la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) ; le second, arrêté N°002/2022/PA, concerne les membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ; et le troisième, arrêté N°003/2022/PA, est lié à la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC).

Pour la première institution, neuf (9) postes sont à pouvoir, dix-sept (17) pour la seconde et six (6) pour la troisième au titre des membres élus par l’Assemblée nationale. Les candidatures sont donc ouvertes pour 32 postes. Le mois de février 2022 est dédié à la réception et le traitement des dossiers, en attendant le vote des parlementaires. Si le processus est respecté, les institutions concernées présenteront une nouvelle configuration dans quelques mois. Ceux qui seront appelés à siéger vont le faire pendant un moment et repartir pour que continue le cycle de renouvellement des membres de ces institutions. Bref, ils ne sont pas là pour s’éterniser.

Mais au Togo, contrairement à toutes les institutions de la République, une seule semble faire exception. Il s’agit de la Présidence de la République. Depuis 17 ans, il n’y a eu aucun changement à la tête de cette institution. Faure Gnassingbé est venu et s’y est incrusté. Au lieu de deux mandats comme inscrit dans la constitution originelle de la République togolaise, il en est à son quatrième. Le pire, c’est qu’à l’horizon, aucun mouvement de changement ne se profile. Tout est statique et l’intéressé donne même l’impression de vouloir rempiler pour un cinquième mandat de cinq ans. Des gadgets portant l’expression « Miagba tenté 2025 », littéralement « tentons encore 2025 » sont déjà visibles. S’il y parvient, il aura bouclé à lui seul 25 ans de pouvoir. Moins que son père qui a fait 38 ans, mais trop par rapport à notre époque.

D’aucuns diront que le mandat du président de la République est désormais limité et qu’au plus, Faure Gnassingbé peut être au pouvoir jusqu’en 2030, s’il est « réélu » en 2025. Pareille argumentation, nous l’avions déjà entendue au Togo. A la suite de l’adoption de la Constitution du 14 octobre 1992, Gnassingbé Eyadéma a conservé le pouvoir après les élections de 1993. Il s’est arrangé pour s’imposer aux Togolais en juin 1998. Il était donc le président de la République jusqu’en juin 2003. A cette date, la Constitution lui imposait de passer la main. Mais six mois avant cette échéance, il fait changer les règles du jeu. En décembre 2002, l’Assemblée nationale monocolore se réunit pour procéder à une modification de la constitution et sauter le verrou de la limitation du mandat présidentiel. Il a rempilé pour un troisième mandat, mais le ciel en a décidé autrement.

Ce scénario est-il encore possible ? Oui, malheureusement. L’Assemblée nationale actuelle est acquise à la cause du régime. Si elle a pu consentir 12 mois d’Etat d’urgence sanitaire à l’exécutif qui en demandait 6, elle est capable d’accorder le pouvoir à vie à Faure Gnassingbé. Pourtant, eux, sont appelés à partir, de gré ou de force. Et puis, les élections étant ce qu’elles sont au Togo, nul ne peut prédire la configuration de l’Assemblée après le passage de l’actuelle législature. Si Faure Gnassingbé se taille encore la part du lion, il peut faire les réformes qui siéent à son avidité du pouvoir.

Même si le fils de Gnassingbé Eyadema ne parvient pas à s’éterniser au pouvoir, il est vrai que depuis 17 ans, seule la présidence de la République fait l’exception du changement au sein ou à la tête des institutions de la République.

G.A.

Source : Liberté / libertetogo.info

Source : 27Avril.com