Il faut créer des situations subsidiaires pour empêcher les discussions de fond (retour à la constitution de 1992 dans sa version originelle, réformes politiques nécessaires…) lors du dialogue politique arbitré par la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). C’est sans doute la logique dans laquelle s’inscrit le régime de Faure Gnassingbé qui fait tout pour gagner du temps et ainsi crier sur tous les toits un délai constitutionnel pour aller aux élections.
Depuis février dernier, on ne parle que des mesures d’apaisement lors de ces discussions politiques. Les Facilitateurs désignés de la CEDEAO, les présidents Alpha Condé de la Guinée et Nana AkufoAddo du Ghana reconnaissent qu’il appartient au régime de faire le grand pas. Mais c’est compter sans la volonté de Faure Gnassingbé et des siens de retarder les choses. Hier encore, la mission de l’institution communautaire a constaté cette situation déplorable.
En effet, le Commissaire à la paix et à la sécurité de la CEDEAO, le Général Francis Behanzin, à la tête d’une mission d’évaluation de la situation politique au Togo, n’a pas constaté une grande évolution. Elle va rendre compte à la Facilitation et aux chefs d’Etat de la CEDEAO, à l’issue de cette consultation. A l’hôtel 2 Février (dans la salle Adjifo), la mission a rencontré la Coalition des 14 partis de l’opposition, le parti au pouvoir, UNIR et le gouvernement. A en croire le Général Francis Behanzin, l’approche de la CEDEAO est progressive. Il s’agit d’abord de régler ce qui concerne les mesures d’apaisement, puisqu’on ne peut pas aborder les problèmes de fond si ces questions ne sont pas réglées. D’ailleurs le 27 juin dernier, les deux Facilitateurs ont indiqué qu’ils devront demander et recevoir un mandat auprès leurs pairs de la sous-région pour pouvoir attaquer les problèmes de fond concernant la crise elle-même. Et donc, ce sont les mesures d’apaisement qui sont discutées depuis le 19 février dernier jusqu’à aujourd’hui. Hier jeudi, la Coalition des 14 a l’impression que rien a bougé, et les responsables l’ont signifié à la mission de la CEDEAO.
« Le régime a une spécialité. Quand il y a un problème, il crée un autre. On s’occupe du problème qu’il a créé et on laisse le problème de fond perdurer. C’est ce à quoi nous assistons aujourd’hui. On n’a pas encore abordé le problème de fond », a indiqué Jean-Pierre Fabre, président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), membre de la Coalition des 14. La libération de toutes les personnes détenues, la liberté de manifester sur toute l’étendue du territoire national et la suspension du processus électoral, c’est ce que sont venus évaluer le Général Francis Behanzin et sa suite. « Nous avons balayé tous ces points avec le commissaire à la paix et à la sécurité, le Général Behanzin, et nous lui avons dit notre appréciation : tout reste à faire », a souligné le chef de file de l’opposition.
Selon lui, même la libération, mercredi dernier, des personnes détenues qui est devenue une campagne pour le régime, est une mise en scène. En réalité, ce ne sont pas 19 personnes qui ont été libérées, puisque 12 d’entre elles ont été déclarées depuis en liberté provisoire par la justice. Ce sont 7 personnes seulement qui ont recouvert leur liberté depuis le passage d’Alpha Condé et Nana Akufo-Addo à Lomé le 27 juin dernier. Il y a encore plus d’une cinquantaine de détenus dans les prisons civiles à travers le pays. « Il y a une volonté de ne pas respecter les recommandations de la Facilitation. La mission va faire son rapport aux chefs de l’Etat », a ajouté Jean-Pierre Fabre.
Pour l’instant, la décrispation du climat politique pour des discussions sereines n’est pas encore une réalité. Faure Gnassingbé a visiblement décidé de dribbler tout le monde, y compris ses pairs de la CEDEAO. Les responsables de la Coalition des 14 partis de l’opposition ont été clairs hier à la sortie de la rencontre avec la mission. Ils n’attendent ni n’espèrent que cette institution sous-régionale vienne résoudre le problème togolais. C’est pourquoi ils se remettent au peuple togolais qui doit prendre ses responsabilités dès maintenant, puisqu’il est le seul à libérer le Togo de ce régime cinquantenaire qui l’a pris en otage.
Il faut peut-être le rappeler, cette rencontre avec la mission de la CEDEAO a amené les responsables de la C14 à revoir un peu le calendrier des meetings d’information et de sensibilisation à Lomé et à l’intérieur du pays. Ces meetings commencent ce matin à Mango à partir de 8 heures. Ces manifestations se terminent à Tsévié le 28 juillet prochain par un grand meeting, sans oublier l’étape de Lomé ce dimanche 22 juillet au Collège des Plateaux à Tokoin Cassablanca
Source : www.icilome.com