Sept ans après les incendies criminels du Grand Marché de Lomé, la reconstruction fait son chemin. Il a été procédé jeudi 30 janvier à la pose de la première pierre. La cérémonie a été présidée par la Présidente de l’Assemblée Nationale Mademoiselle Yawa Tsegan en lieu et place du chef de l’Etat Gnassingbé Faure initialement annoncé.
Le nouveau bâtiment dont les travaux devraient durer 18 mois, sera un immeuble commercial de type moderne à 5 niveaux qui s’étalera sur une superficie totale de 8656 m2. Selon Zouréhatou Tcha-Kondo Kassah-Traoré, ministre en charge des infrastructures, il abritera près de 1400 locaux dont des boutiques, kiosques, étals, espaces pour grossistes et aussi un restaurant et un espace pour évènement.
Le coût des travaux est chiffré à environ 11,5 milliards FCFA (contre 22 initialement estimé) et le chantier sera exécuté par des entreprises nationales et internationales retenues à l’issue de l’appel à concurrence précédemment lancé.
Cette cérémonie de pose de première pierre intervient à une semaine de lancement de la campagne électorale. D’ores et déjà, certains Togolais se demandent si ce n’est pas une arnaque politique de plus à l’instar d’autres poses de premières pierres pour des chantiers qui ne sont jamais sortis de terre.
Une nouvelle arnaque politique
Dans la nuit du 11 au 12 janvier 2013, le bâtiment principal du Grand Marché de Lomé avait été ravagé par un incendie criminel deux jours seulement après celui du marché de Kara. Plusieurs responsables de l’opposition avaient été inculpés, d’autres jetés en prison. Etienne Yakanou de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) a même perdu sa vie faute de soins au cours sa détention.
Des enquêtes diligentées, rien n’a été fait pour avoir le visage des pyromanes qui ont détruit la vie de 3.106 commerçants, des dégâts et dommages évalués à 5,999 milliards FCFA. Début septembre 2013, il a été décidé de la démolition du bâtiment incendié du marché de Lomé. « A l’heure actuelle, le bâtiment s’est sérieusement dégradé, il est à sa troisième phase de destruction.
C’est une bombe à retardement qui peut s’effondrer à n’importe quel moment », a annoncé le Président de la Délégation Spéciale de la Commune de Lomé, Fogan Adégnon dans la foulée.
Les travaux de démolition et le ramassage des gravas ont duré deux mois et sont estimés à près de 621 millions de francs CFA. Cette démolition a été effective le 25 septembre 2013.
Depuis lors, il a été annoncé à plusieurs reprises la reconstruction sans suite. Il a fallu attendre le 11 septembre 2019 lorsque le nouveau maire de la Commune Golfe 4 Jean-Pierre Fabre a annoncé son ambition de reconstruire le marché pour voir le gouvernement bondir. Comme si le gouvernement n’attendait que cela depuis six ans, le cabinet du Premier Ministre a rendu public dans le quotidien national Togo- Presse N° 10621 du 17 septembre 2019, un avis d’appel d’offres international restreint N° 001/2019/PM/CAB, portant projet de reconstruction du Grand Marché de Lomé. Au désaccord exprimé par Fabre au Premier ministre Sélom Klassou, le Gouvernement répond insidieusement par la création du Grand District Autonome de Lomé.
A travers l’avis d’appel d’offres international restreint n°001/2019/CAB/PM intitulé Projet de reconstruction du grand marché de Lomé et signé de la Personne responsable des marchés publics (PRMP), le Directeur de Cabinet du Premier ministre Simféitchéou Pré, le processus est lancé en date du 12 septembre 2019. Les entreprises intéressées avaient jusqu’au 29 octobre 2019 pour soumissionner, date à laquelle devait avoir lieu l’ouverture des plis. Les travaux vont coûter la bagatelle de vingt-deux milliards (22 000 000 000) de FCFA, des fonds disponibles sur le budget de l’Etat.
La reconstruction, faut-il le rappeler, devrait débuter depuis 2016 et coûter (seulement) sept (07) milliards de FCFA, selon un premier budget établi. Mais ce chiffre a été porté au triple suite aux études architecturales et de maîtrise d’œuvre. « Le problème de financement a bloqué le lancement de l’avis d’appel d’offres. Initialement évalué à environ 7 milliards de francs Cfa, le coût de la reconstruction du marché de Lomé s’est chiffré à environ 22 milliards de francs Cfa suite aux études architecturales et de maîtrise d’œuvre qui ont pris aussi en compte les observations de tous les acteurs », relevait le rapport de l’étude du budget 2017.
Cette hausse était motivée par la prise en compte, par l’étude, des mesures sécuritaires, sanitaires et environnementales, mais aussi des aspects techniques du nouveau bâtiment. Le nouvel immeuble attendu devrait être plus haut que l’ancien au regard de l’exiguïté de l’aire de construction, et de cinq (05) niveaux comprenant le sous-sol devant servir de parking et de locaux techniques, le rez-de-chaussée pour la distribution populaire et les locaux de sécurité, et trois (03) étages dont le premier servirait à la grande distribution, le second de centre de négoce et le dernier dédié aux services et technologies.
Curieusement à la cérémonie de pose de première pierre, on parle plutôt de 11,5 milliards. De 7 milliards, on est allé à 22 milliards pour revenir finalement à 11,5 milliards. Que peut-on comprendre par ces chiffres variables ? Où est finalement le sérieux ? Pour le plus grand marché du Togo, un grand levier de l’économie nationale, le pouvoir se permet ces légèretés blâmables. Attendre sept ans après les incendies pour annoncer la reconstruction alors qu’on se permet de financer à intervalles réguliers des simulacres d’élection sur fonds propres, révèle le peu de sérieux qui caractérise ce régime malfaisant.
De surcroît, la reconstruction de ce marché ressemble drôlement à une nouvelle arnaque politique de Gnassingbé Faure.
Source : Le Correcteur
Source : TogoActu24.com