RDC: retirés de l’accord, Tshisekedi et Cie sommés de produire un candidat commun

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La situation est d’un théâtral carrément renversant : 24 heures la constitution d’un bloc prometteur de sept (7) grands leaders politiques congolais autour de la candidature de Martin Madidi Fayulu pour défendre les couleurs de l’opposition, le mur s’est gravement lézardé lundi avec le retrait retentissant de cette plateforme du leader présumé de l’opposition, Félix Tshisekedi, qui avait pourtant affirmé quelques heures plus tôt que le changement c’est Fayulu, et qu’il voterait pour lui, y compris contre la volonté de ses militants qui seraient alors considérés comme voulant la perpétuation de la « Kabilie ».

Pressé par sa base de dénoncer le « pacte de Genève » ou d’être vomi par le parti, le fils et successeur de l’emblématique défunt Etienne Tshisekedi Wa Mulumba n’a pas eu d’autre choix que de se plier aux desiderata de celle-ci qui a bruyamment manifesté dans les rues contre le fait que ce ne soit pas lui qui porte l’étendard de l’adversité contre le candidat de la majorité présidentielle, Emmanuel Ramazani Shadary, dauphin de Joseph Kabila.

Alors que les partisans d’une candidature commune de l’opposition à l’élection présidentielle du 23 décembre en étaient à disséquer la décision de Félix Tshisekedi de ne pas tenir sa parole pour se plier à la volonté des militants de son parti, le leader de l’UNC, Vital Kamerhe qui faisait partie du bloc des 7, a aussi annoncé son retrait, pour faire droit à la protestation de sa base qui avait elle aussi investi la rue ce matin.

L’un et l’autre de ces leaders qui ont fait faux bond au bloc du « pacte de Genève » avaient été mandaté par leurs bases respectives, pour œuvrer à la mise sur pied d’une candidature forte pouvant challenger efficacement le candidat du régime sortant.

M. Kamerhe a affirmé, pour justifier son retrait, que « Aujourd’hui la même base s’est réunie à travers la direction politique nationale » pour décider du contraire.

« La direction politique m’enjoint de tempérer dans le sens de la demande de la base. Je ne voudrais pas ici commenter cette décision car elle est au-dessus de la personne dans nos statuts », a-t-il ajouté, avant de conclure : « J’annonce donc que je retire ma signature pour respecter la volonté de ma base. Sans cette base, je vais m’autoflageller et vais moi-même m’auto exclure du parti ».

A la suite de Vital Kamerhe, le porte-parole adjoint de l’Unc, Sele Yemba, jetait un autre pavé dans la mare : « Nous donnons 48 heures à Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe afin de se retirer à deux et nous sortir un candidat commun que nous allons soutenir ce 23 décembre ».

Explicitant amplement cette position qui tranche avec celle du porte-parole titulaire, Jolino Makelele, plutôt fervent soutien de la résolution prise à Genève, Sele Yemba urge messieurs Tshisekedi et Kamerhe d’« obtempérer à la volonté de la base », faute de quoi ils « seront considérés comme des traîtres aux yeux de la population ».

Rappelant que « les bases de l’UNC et l’UDPS sont contre le communiqué de Genève. » qui ne les « engage nullement », Sele Yemba, informe à toutes fins utiles que « l’opinion congolaise attendait le président Vital Kamerhe ou Félix Tshisekedi et non une autre personne ».

Le bloc de Genève n’est pas pour autant dégarni à cause du départ de ces deux poids lours de l’opposition, et faute d’une réaction de ses autres membres, à l’instar de Freddy Matungulu, de l’ancien Vice-président congolais Jean-Pierre Bemba, et de l’ancien gouverneur Moïse Katumbi, on peut supposer que ces trois-là accompagneront Martin Madidi Fayulu jusqu’au soir du 23 décembre prochain.

Il faut aussi ajouter à ce trio, l’ancien Premier ministre Adolf Muzito, qui a réagi au retrait de Tshisekedi : « Quand le congrès ainsi que la base des partis politiques vous chargent d’évaluer les chances de gagner pour les élections suivantes et que le congrès reconnaît vos pouvoirs, je pense que si vous l’engagez, vous engagez en même temps la direction du parti et la base. » Il a cependant estimé qu’il ne lui appartenait pas de donner un jugement de valeur sur l’attitude du leader de l’Udps : « Félix Tshisekedi a assumé sa responsabilité de signer et il se retire et même si ce n’est pas à moi de juger son acte.., je pense que le parti devrait accepter sa décision prise en son nom. Maintenant on peut comprendre la colère des militants que Félix Tshisekedi n’ait pas été désigné candidat commun de l’opposition c’est la démocratie… Mais ce n’est pas à moi de juger la ligne politique du président de l’UDPS ».

Il va sans dire que les retraits de Tshisekedi et Kamerhe ne sont pas un simple coup d’épée dans l’eau. Ils ne représentent pas seulement une déception pour tous ceux qui voyaient en l’union des ténors de l’opposition un tremplin pour l’accession de celle-ci à la tête de la RDC, mais aussi et surtout une dispersion des forces de l’alternance sur laquelle pourra surfer l’actuelle soi-disant majorité.

D’où cette question qui taraude les esprits : Et si les militants de l’Udps et de l’Unc qui sont descendus dans la rue lundi pour dénoncer la résolution prise le 11 novembre à Genève n’étaient pas en réalité des militants de l’opposition, mais des pions du pouvoir ayant réussi à tromper la vigilance des dirigeants des deux partis, notamment ceux qui ont pris la parole ès qualité, pour dénoncer les leaders Etienne tshisekedi et Vital Kamerhe ?

On attend de voir de quoi demain sera fait, après ce développement spectaculaire.

Source : www.cameroonweb.com