Après l’attaque sans précédent jeudi soir 7 décembre contre une base de la mission des Nations unies (Monusco) dans le territoire de Beni, dans l’est de la République démocratique du Congo, pendant laquelle 15 casques bleus ont été tués et trois sont portés disparus – des Tanzaniens de la FIB, la brigade d’intervention de l’ONU -, la tension reste vive à Beni ce samedi matin. En effet, cinq personnes, dont quatre membres d’une même famille, ont été assassinées dans la nuit de vendredi à samedi à Beni, probablement par des bandits. Les familles des victimes sont en colère.
A priori, il n’y pas de lien entre les deux épisodes. Il s’agirait, cette fois, d’une série d’assassinats menés par des bandits, comme Beni en a, hélas, l’habitude.
Un chauffeur du quartier de Butsili et une famille de quatre personnes au quartier Tamende ont tous été tués, chez eux, dans la nuit. De quoi contribuer à faire encore monter la tension d’un cran.
A Beni, la population n’en peut plus d’enterrer ses morts en silence et surtout sans comprendre. Et c’est pour dire tout haut cette colère que les habitants du quartier Tamende ont voulu marcher samedi, cadavres sur les bras jusqu’aux locaux de la mairie. La police est intervenue pour les en empêcher. Des pneus ont été brûlés. Vers midi, un calme précaire semblait revenu, mais la plupart les boutiques de Beni n’ont pas ouvert.
Une manifestation spontanée qui dit bien l’usure de ces populations confrontées presque quotidiennement et depuis des années à des assassinats, pillages et autres enlèvements.
Ce sont pratiquement des assassinats et dans une famille on a tué quatre personnes, dont deux femmes, un étudiant et un enfant de deux ans. Dans le même périmètre, il y a également un chauffeur qui a été tué. Ca c’était la nuit dernière. Cela a fait que la population se révolte. Parce qu’ils voulaient amener les corps jusqu’à la mairie et ils ont été dispersés. Jusque tard dans l’après-midi, il y avait des crépitements de balles, dans la commune Mulekera et dans le quartier de (…). Cela a paralysé plusieurs activités commerciales, même scolaires, pratiquement toute la journée. La population s’est révoltée en voyant comment on peut tuer la population là où il y a des forces de sécurité même des patrouilles mixtes de sécurité, c’est-à-dire le contingent de la Monusco…
La population a la chair de poule »
«Pourquoi ? De la part de qui ? Dans quel but ? Des questions que chacun se pose à Beni. Beaucoup spéculent sans grandes certitudes et le grand flou qui entoure encore l’attaque de jeudi sur la base de la Monusco de Semukili n’arrange rien.
Une chose est sûre : depuis plusieurs mois, la nature des attaques dans la zone a changé. Elles visent moins les civils et davantage les militaires congolais comme onusiens, et étonnent par leur férocité. Car nul doute que les assaillants de ce jeudi étaient préparés et lourdement armés.
Or à Beni, la population a beau critiquer souvent la passivité de la Monusco, le contingent tanzanien qui a été touché reste l’un des moins décriés. « Si on commence à s’en prendre à votre bouclier, c’est qu’on peut vous atteindre, résume un habitant. La population a la chair de poule. »
Source : www.cameroonweb.com