« On peut faire semblant d’être grave ; on ne peut pas faire semblant d’avoir de l’esprit ». Sasha GUITRY, dans L’Esprit de Guitry met en relief la grande vertu de l’esprit qui est un tout imbriqué de sens, de finesse et de la noblesse des valeurs. L’esprit se distingue dans la hauteur de la personnalité, dans la dignité de l’action, dans l’élégance des rapports avec les autres, dans l’humanité des options et dans l’exemplarité des choix qui devient un pôle de contemplation, un principe d’identité pour la qualité de l’humain-patron qui se dégage des faits et gestes de l’individu.
Celui qui a de l’esprit n’a aucune férocité à briser des vies humaines. L’étoffe et les valeurs qu’il traduit dans ses choix et en toutes circonstances se distingue de l’abreuvoir de sang, des crimes économiques qui est le propre de la volonté de puissance de ceux qui meurent d’ambition sans le mérite. Ce sont les valeurs qui créent les grandes âmes, les grands esprits.
Un politique incapable de diffuser des valeurs dans son leadership n’a aucun bouillon d’esprit à remorquer les citoyens. Il est si facile de parler du bonheur du citoyen dans la rhétorique des chimères de ceux qui se moquent de la vie, de son épanouissement. Ils pensent que les peuples sont dépourvus de mémoire, de la faculté du jugement, du bon sens et du pouvoir de bien ordonner la raison. Quand l’imaginaire des audaces mornes foisonne de babillages politiques, du verbiage, de propagande enchâssée dans un nanisme sonore, ce peuple se s’emballe jamais dans un aval quémandé de la manière la plus grotesque.
Les grandes déceptions forgent la conscience politique des peuples, parce que leurs souffrances, leurs privations, leurs traumatismes les renseignent mieux que les tableaux publicitaires et la ritournelle médiatique. Les volontés éclatées des peuples, leurs réclamations effervescentes ne peuvent être déclassées par des fanfaronnades politiques, parce que les simagrées des promesses dans les hommes de la rapine et du parjure sont singulièrement dans l’ordre du tintamarre des troubadours.
Chaque homme est une série d’actes, chaque politique est une extériorité circonscrite dans le déploiement de ses actes et prétentions pour que l’on se trompe sur les intentions manifestes qui animent sa ronde des annonces de miracles. Les faits, rien que les faits politiques de l’histoire personnelle du « Timoniertricule » expliquent mieux l’homme, sa soif, sa faim, sa gloutonnerie et personne n’oublie la misère conceptuelle et active de ce qu’il nomme « mandat social ».
Au nouveau tambour des promesses fallacieuses, n’y a-t-il pas une grande nausée que répand Faure sur la République ?
Un Plan National de Développement après quatorze années de pouvoir des crimes et délits jamais punis ni élucidés, pour qui nous prend-t-il ?
1) Le développement, une notion intégrale
Dans L’Afrique noire est mal partie, l’agronome français René DUMONT qui a longtemps travaillé en Afrique dans l’assistance technique aux pays francophones, aborde la question de développement dans sa globalité, dans ses ressorts connexes et intégrés sans lesquels il n’y a aucune possibilité de résultats dans des programmes tapageurs et dramatiquement inutiles.
Pour parler du développement, des projets, leur donner un souffle, il y a de nombreux préalables, une propédeutique mentale, morale, civique, éthique, éducationnelle, un choix politique de protection de l’environnement, de la santé, un engagement conséquent dans la formation qualifiante, technique, technologique avec une culture du mérite et un sens de la justice. La promotion de tout cet ensemble est la première tâche ou l’effort pour le progrès qui préfigure l’intégration à la modernité et la production de la prospérité.
Le développement est quasi impossible dans un cadre institutionnellement insalubre et dans désuétude des pratiques politiques aux obscurités de kleptomanie et de supercherie. Le développement dans les normes isolées est une chimère. Ce sont les peuples qui portent le développement. Il leur faut en donner les moyens des enjeux pour assumer l’engagement, le rôle qui leur reviennent. S’ils n’ont pas confiance aux institutions de la République, ils se dessaisissent de leur accompagnement quelles que soient les promesses des gouvernants qui rassemblent les peuples dans la solidarité de l’action. Quand ceux qui font office de leaders refusent de s’élever à la dignité, à la justice, à l’éthique politique et au sens du mérite, leur affaissement moral, civique tue inexorablement les balbutiements en pointillés sur de leurs programmes de fanfarons. C’est pourquoi NAPOLEON accorde une place prépondérante à la morale publique qu’il exprime si bien dans son Discours de Lyon en 1791 : « La morale publique est le complément naturel de toutes les lois ; elle est à elle seule tout le code ».
Pour quelle valeur Faure a-t-il pris le pouvoir et au nom de quelle morale publique refuse-t-il l’alternance politique ?
Tous les peuples se contractent dans leur esprit et dans leurs actions lorsque les leaders, les gouvernants de la rapine et de l’usurpation affichent des débilités de bonheur et de promesses auxquelles ils ne croient absolument pas. Comment un politique qui ne manifeste aucun désir de rendre compte de sa gestion au peuple, qui ne dégage aucun soupçon d’exemplarité peut subitement convaincre de sa sincérité à créer l’espérance tout en se repliant sur sa minorité qui accapare impunément toutes les richesses nationales ?
Ceux qui de leur banditisme politique, de la politique de la terre brûlée, de leurs crimes de sang, de leurs crimes économiques et de leurs crimes judiciaires fourvoient des générations entières et heurtent la conscience nationale n’ont pas qualité à penser propre et vrai pour le bien de la nation. Gérard LABRUNE, avait-il raison d’écrire Sur un carnet : « Les grandes idées ne viennent pas de mauvais esprits » ?
Le développement n’est pas une donnée magique de la dernière phase d’évolution qualitative et quantitative du progrès. Ce sont les hommes qui les portent. S’ils ne sont pas éduqués dans la rigueur du respect de la vie, de l’homme, de ses droits fondamentaux et dans le respect des valeurs, il n’y a rien à espérer de leurs plaisanteries de plan quinquennal ou du septennat.
Le relief de la justice est le support apodictique au développement, parce que rien ne s’accomplit dans les projets où s’éloigne la confiance des citoyens.
La vision mécaniste ou mécanique d’un projet de développement est une misère conceptuelle de la notion. Le développement n’est jamais d’un seul tenant isolé de toutes les valeurs et de la richesse des hommes qui font la cité.
Qu’avons-nous produit, économisé pour envisager des investissements massifs supposés rentables pour une prospérité si enviable singulièrement en promesse ?
2) Le blé mangé en herbe
L’intégrité morale, intellectuelle est la grande faillite du régime de Faure aux pas pavoisés d’achat de consciences, de corruption, de parjures, de spoliations, de viol, d’obscurité des comptes. La santé financière de nos sociétés d’Etat et des régies financières est un spectacle de truanderie et un écheveau théâtral de commissions, rétro-commissions et d’absence d’audits.
Or, au sens strictement logique et de la production de la richesse pour l’épanouissement de l’individu et de la République comme, du reste, le souligne René DUMONT, il y a des qualités motrices pour amorcer le développement : le travail, l’épargne sur une bonne périodicité, la puissance morale de la gestion des avoirs et l’investissement rigoureusement bien encadré par des contraintes du droit. La gestion ne peut fleurir que sous le contrôle du droit et de la justice.
Quand les principes du droit et de la justice sont escamotés, renversés ou traficotés dans une délinquance politique, le Plan national de développement résonne dans des rêveries phosphorescentes, dans le ridicule des illusions où la propagande à taux zéro de piège à cons s’enterre d’elle-même dans le désert de son bruissement honteux.
Nos sociétés d’Etat et nos banques nationales ruinées, hypothéquées nous ont dressé une sépulture et nos forces fossilisées dans la caverne de la dette nous étalent sur le brancard des traumatismes insurmontables en si peu de temps. Les jalons du développement ne se posent jamais sous le fardeau de la dette aux exigences d’usurier.
Parler du miracle d’un Plan national de développement au Togo ou simplement l’envisager est une singulière vue de l’esprit et surtout une exhibition politique bien creuse. Les alignements de prétentions de Faure se suivent et se ressemblent à la foire aux balivernes et aux pétards de parjures.
De l’école gratuite sous les abris de fortune et des troncs d’arbres coupés à la rustique aux états généraux de l’éducation, de la santé en passant par les recommandations de la CVJR, la modernisation de la justice, l’Accord politique global, les averses de mensonges et de faussetés saillantes inondent de leur gravité la vie de la nation pour en faire une risée sous-régionale.
Oser aller encore si loin avec un manteau de la grandeur pour un plan de développement sans se convertir à l’éthique politique, à l’exemplarité civique et morale n’est qu’une sale provocation d’un peuple qui se connaît et qui sait ce qu’il veut. Chez KAGAME autant que chez XI PING et tous ceux qui ont su échafauder des plan efficaces de développement de leurs pays, personne ne s’amuse avec l’argent public. RAWLINGS et SANKARA aussi nous avaient montré l’exemple.
En quatorze ans de règne qu’avons-nous connu comme grands actes d’exemplarité et de grandes actions civiques pour nous laisser aux digressions malheureuses de l’ « homme simple » au simplisme foisonnant ?
Le visage du développement national du Togo est sur les panneaux publicitaires à l’orée de chaque consultation électorale pour les présidentielles et pour uniquement enrichir les graphistes, les dessinateurs, les vendeurs de gâchettes. Personne n’est dupe de ce paravent de forcing électoral que les vendeurs de la prestidigitation ont mis à la disposition du champion des coups tordus qui se prépare à une abomination de candidature pour un quatrième mandat à la tête de l’empire GNASSINGBE. Seule l’éthique politique de responsabilité libère l’énergie et la dynamique de la gouvernance à l’intérieur de la justice. Tout le reste n’est que faiblesse et vanité !
Source : www.icilome.com