Quel avenir pour l’École nationale d’administration togolaise ?…

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Le 8 avril dernier, Emmanuel Macron a annoncé la disparition de l’École nationale d’administration (ENA), cette école créée en 1945, et qui est chargée d’assurer la sélection et la formation des hauts fonctionnaires de l’État français.

Si elle est d’abord située à Paris, elle s’installe ensuite à Strasbourg en 1991, cette école aura ses heures de gloire en Afrique francophone où elle semble durablement implantée. Elle est, à tort ou à raison, présentée comme l’un des acquis dont les États africains ont hérité pendant la colonisation. Mais sa suppression, ou plutôt son remplacement par l’Institut du service public (ISP), nous amène, nous autres, à nous poser bien des questions sur son existence au Togo. Comme en France, le Togo dispose dans sa capitale et à Kara de ses Écoles nationales d’administration depuis le 29 décembre 1958. Connu sous le nom d’« École togolaise d’administration » à sa création, ce ne sera qu’en 1964 que l’établissement prendra le nom « École nationale d’administration ».

Au Togo, on la dit chargée de former les cadres moyens et supérieurs de l’administration publique. Rattachée au ministère de la Fonction publique et de la Réforme administrative du Togo, on n’y a accès qu’à l’issue d’un concours interne et externe d’entrée. Et les candidatures varient suivant qu’on est étudiant ou fonctionnaire. Nous ne comparerons pas les Énarques d’ici avec ceux de France, mais à partir du moment où la version togolaise de cette école, d’où est censée sortir l’élite d’un pays, la crème des gens bien formés et des citoyens à l’esprit de l’honnête homme du17è siècle, est devenue la poubelle de la république à cause de la sélection non pas sur le talent mais sur la faveur, il y a de quoi se poser des questions. Beaucoup sont des enfants « bien nés » qui y entrent sans forcément en posséder les qualités requises. Il fut un temps où des candidats se sont plaint du fait qu’ils sont recalés juste parce qu’ils n’ont pas de bras long. Les enfants des politiciens y accèdent sans le mériter et c’est tout naturellement que les administrations peinent à être efficaces, pour reprendre un universitaire.

Qui pis est, bien qu’étant à l’ENA, ces apprenants ne sont pas différents des autres qui peuplent les lycées et les universités du pays, eux qui sont loin de posséder la moindre culture générale. Nous qui avons eu la chance de corriger les mémoires de certains d’entre eux ne pouvons que déplorer le niveau de langue qui n’est qu’au ras des pâquerettes. C’est Molière et sa langue qui s’en trouvent immolés. Mais la grande question sera de savoir ce que nos autorités vont faire de leur ENA, maintenant que la France a supprimé la sienne. Aurons-nous droit à un Institut du service public (ISP) au Togo ? En mars dernier Adama Kpodar, directeur général de l’ENA affirmait que leur « mission fondamentale est de doter l’État de cadres de qualité et compétents pour une administration de mission ».

Et pour ce faire, un plan stratégique pour un budget d’environ 800 millions de Fcfa a été mis en place de 2022 à 2025. Mais est-ce là la solution à une institution à bon droit taxée de favoritisme ?

DKM

Source : Le Correcteur

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Source : 27Avril.com