Tempo AfricaTV a organisé le 27 août 2021, une émission dont le thème est: « Que se passe-t-il au sein de la diaspora togolaise? » Ce débat tombe au moment où la Diaspora togolaise en Occident peine encore à se structurer. Quelle est donc la réponse à cette légitime question?
LA DIASPORA: QU’EST-CE QUE SAIT?
Le concept de la diaspora est abordé ici dans un langage simple et pour écarter toute subjectivité dans l’interprétation, une base scientifique minimaliste est posée.
Ainsi, « le terme de diaspora a longtemps été marqué par l’expérience juive, peuple dispersé depuis deux mille ans et ayant maintenu une conscience d’appartenance par-delà des siècles. »[1]
Il faut confronter cette conceptualisation à l’antériorité de la dispersion du peuple africain.
En effet, le départ forcé des Africains remonte à la Haute Antiquité. À l’époque, les exportations transsahariennes d’esclaves étaient déjà pratiquées. Le commerce triangulaire en est suivi et depuis les terres de déportation, les migrants ont maintenu des liens imaginaires avec l’Afrique.
Cette nuance faite, relevons que la définition adoptée ici est la plus étendue dans la mesure où les Juifs, contrairement aux Africains, ont réussi à transformer le sentiment d’appartenance en un projet collectif et qui a conduit à la reconstruction et la solidification de l’Etat d’Israël.
La concrétisation d’une telle initiative passe nécessairement par une remarquable structuration, étape d’ailleurs incontournable dans la maximisation des contributions de la diaspora au développement du pays d’origine; les liens entre les partenaires ici et là-bas, notamment les pouvoirs publics, en sont le ciment[2].
En même temps, il existe des écueils à éviter dans ce cheminement et qui relèvent fondamentalement des causes qui ont conduit au départ.
LES CAUSES DE LA MIGRATION ET LES LIENS TRANSNATIONAUX
La diaspora togolaise est l’une des plus complètes pour ce qui sont des raisons qui l’ont poussée à émigrer, la diversité de ses compétences et la multitude des activités transnationales qu’elle déploie.
Le piètre effet des nombreuses actions sur le développement du Togo, éclipse pourtant la richesse de cette communauté diasporique.
Les tenants de cette situation sont multiples et les deux invités de Tempo AfricaTv ont su les relever. Ce sont entre autres l’exil, le regroupement familial, l’économie, la profession.
Aux différents motifs liés au départ, correspondent les formes que prennent les liens symboliques et matériels maintenus avec le Togo; ils relèvent à titre d’exemple, du social, du culturel, de l’économie et de la politique.
Ces activités entrent dans le champ du transnationalisme[3] et sont à saluer. En même temps, elles constituent un casse-tête dans l’organisation des Togolais de l’extérieur.
L’ORGANISATION DE LA DIASPORA TOGOLAISE: LES RAISONS DU MELI-MELO
Dans le pays d’accueil, les immigrés tentent de s’organiser en communauté. Le quartier Chinatown à New York ou Africatown à Canton vivifient cette réalité sociale et géographique migratoire.
La diaspora togolaise ne déroge pas à cette règle.
Aussi, tente-elle de se structurer en terre étrangère; les objectifs sont notamment de s’entraider, perpétuer la culture d’origine et de maximiser les contributions à la transformation positive du Togo.
À l’inverse de la communauté juive, les Togolais et par extension les Africains n’arrivent pas à se constituer en communauté solide, durable, dont la voix porte et fait redresser le continent.
L’explication majeure se trouve dans la diversité des identités migratoires que forment les groupes politiques (exilés politiques), les sous-groupes politiques (les exilés d’un même parti politique), les groupes sociaux (projets sociaux), culturels (les artistes par exemple), économiques (projets économiques).
Il n’est pas rare de voir plusieurs identités s’imbriquer et leur refonte dans un ensemble global, sectorisé, dans lequel chaque entité se retrouve, devient finalement le grand défi.
Cette difficulté majeure, le peuple juif n’a pas eu à la surmonter; la cause prioritaire de la migration étant l’exil religieux; rappelons aussi qu’Israël est un pays et non un continent.
Dès lors, a-t-elle construit un projet autour d’une identité unique et mis en place des initiatives qui concourent à la reconstruction d’Israël.
La réussite de la diaspora juive apporte toutefois un éclairage aux pistes adéquates d’organisation des groupes diasporiques en ce que l’on peut appeler une « communauté de diasporas. »
Elles pourraient être de deux sortes:
La première est « l’unité dans la diversité. » Il s’agit d’un ensemble dans lequel, chaque groupe de par son activité transnationale, s’exprime de façon autonome et tous concourent aux biens de la société d’émigration. Cette organisation suppose l’ouverture d’esprit et la capacité managériale de la diversité.
La deuxième est “la diversité pour l’unité.” L’on parle ici de communautés qui sont parties à l’étranger pour les mêmes raisons, chacune déployant séparément des projets transnationaux.
Toutefois, ces deux voies ne conduiront à la reconstruction durable du Togo que si les Togolais de la Diaspora retrouvent la mémoire d’appartenance à un seul et même peuple.
Se Togoata Osagyefo ASAFO
[1]ECKMANN Monique. « Être là, ici et maintenant ». Terra Cognita, n°.13 (2008): 18-20
[2] FIBBI Rosita, D’AMATO Gianni « Transnationalisme des migrants en Europe : une preuve par les faits », Revue européenne des migrations internationales, 2008/2.
[3] BOLZMAN Claudio, GUISSE Ibrahim « Les Migrants africains dans le secteur de la santé. De la fuite de cerveaux au retour de cerveaux » Les politiques sociales, n° 3 -4 (2009), p. 45-60
Source : icilome.com