Projet de société de Faure Gnassingbé en 2005: Beaucoup de promesses Non Tenues après plus de 18 ans au pouvoir

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Candidat du Rassemblement du peuple togolais (RPT) à l’élection présidentielle du 24 avril 2005, Faure Gnassingbé avait concocté un programme baptisé « Les 20 plus » censé faire du Togo un « pays moderne ». Mais après plus de 18 ans au pouvoir, force est de constater que beaucoup de promesses ne sont pas tenues.

Avant d’annoncer officiellement son retrait de la présidence de la République par intérim au profit d’Abass Bonfoh, Faure Gnassingbé s’était fait désigner candidat du Rassemblement du peuple togolais (RPT) à l’élection présidentielle de 2005. Ce jour-là, il avait dit, devant les militants réunis au Palais des Congrès, que « Papa nous a dit de ne jamais perdre le pouvoir et si jamais on le perdait, il nous serait difficile de le reconquérir ». Qualifié d’« esprit nouveau » par ses flagorneurs, le très bref président de la République par intérim avait articulé son projet de société autour de vingt (20) points baptisés « Les 20 plus de Faure » (lire texte ci-dessous). Il s’agissait d’une série d’actions à mener durant les cinq (05) prochaines années s’il venait à être « élu ». De bonnes intentions qui allaient faire évoluer le Togo et le lancer sur la voie du rayonnement si elles avaient été traduites. Mais après bientôt 20 ans au pinacle, on constate que nombreuses sont les promesses qui ne sont pas tenues.

Même celles qui ont connu un début de réalisation parfois au-delà des cinq ans, l’ont été partiellement ou ont manqué de sincérité. Comme dans le cas de la réconciliation et de l’unité (1). La déclaration selon laquelle « Le Togo doit se réconcilier avec lui-même. Il doit accepter ses différences mais renforcer son unité du nord au sud et de l’est à l’ouest », était un vœu pieu. Le processus de réconciliation initié à travers la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) n’a pas changé grand-chose. C’était juste une manœuvre pour endormir les Togolais et gagner des points à l’international. Aujourd’hui, le Togo est plus divisé qu’avant. Certains Togolais sont embastillés pour leurs opinions politiques alors que d’autres sont poussés à l’exil.

En outre, le renforcement des « relations entre le peuple togolais et ses forces armées et de sécurité » (3) n’est pas toujours effectif. On a l’impression que les hommes en uniforme sont des Togolais entièrement à part et sont au-dessus de la loi. En témoigne la manière dont les supérieurs hiérarchiques tentent de couvrir parfois les bavures policières. C’est l’impunité garantie.

Sur le plan judiciaire (5), la situation n’est guère reluisante. Tous les Togolais n’ont jamais droit « à une justice transparente, indépendante et sûre ». La justice est aux ordres et ne sert que les intérêts de la « minorité ». Les médias critiques ainsi que les militants de l’opposition sont rapidement jugés, condamnés à de lourdes peines d’amendes et d’emprisonnement. Mais les affaires liées à la corruption et aux détournements de fonds sont soigneusement rangées dans les placards pour le bonheur des présumés auteurs.

La justice est également à l’origine du pourrissement du secteur foncier qui menace le vivre-ensemble. La lenteur excessive, l’accroissement des contentieux, le dilatoire des parties, l’indélicatesse de certains magistrats et consorts, la mauvaise gestion des dossiers, le fait de vider des dossiers en catimini, la pratique consistant à rançonner les justiciables qui recherchent la grosse des décisions rendues, sont, selon le Président de la Cour suprême, Abdoulaye Yaya, les principaux vices que traîne la justice togolaise. « Il nous est parvenu des informations vérifiées, avec preuves contenues dans des dossiers en notre possession, que certains magistrats ont ouvert des officines en leur domicile, tenant lieu d’appendices ou de tribunaux annexes », avait-il dénoncé à un moment.

Le point 13 qui consistait à en faire davantage pour la ville, laisse les Togolais sur leur soif. Si un ministre de la ville est nommé dans les différents gouvernements depuis 2005, la mise en place de la « politique de la ville et d’amélioration du cadre de vie : assainissement des villes et notamment Lomé » n’est pas clairement identifiée. Les projets d’assainissement des villes se succèdent à coup de milliards mais on ne note aucun changement notable. Pendant la saison pluvieuse, Lomé devient une ville méconnaissable avec beaucoup de voies impraticables, des routes goudronnées devenant des piscines, des maisons inhabitables, des odeurs nauséabondes …

Le logement pour tous et la construction « des maisons à bon marché pour faciliter le logement des jeunes accédant à la vie active et de tous ceux qui ont besoin de se loger dans de meilleures conditions » sont des vœux pieux. Rien n’a été fait après plus de 18 ans de pouvoir. La cité Mokpokpo qui a été construite dans l’enceinte du Lycée technique de Lomé est un fiasco. Ce sont les copains et coquins de la « minorité accapareuse » qui se sont partagé les maisons.

« Dans le cadre d’une politique de grands travaux, un appel sera adressé aux pays enclavés pour mettre en chantier une autoroute appelée «FLEUVE DE L’ESPÉRANCE» allant de Lomé à la frontière nord », avait-il promis. Le projet qui allait créer 100 000 emplois en cinq ans, n’a jamais vu le jour. L’autoroute annoncée reste un sentier bitumé et régulièrement rafistolé avec des ponts exigus et sans garde-fou. S’il y a par exemple un accident sur la Nationale N°1, toute la circulation est automatiquement bloquée.

En ce qui concerne la santé (14), le chef de l’Etat a échoué. Sous son mandat, Faure Gnassingbé n’a construit aucun centre de santé digne de ce nom. Même si la pandémie de Covid-19 a permis à certains pays d’améliorer leurs infrastructures sanitaires en les dotant d’équipements de pointe, c’est le statu quo au Togo. L’hôpital Saint Pérégrin devenu Dogta-Lafiè est une clinique privée appartenant à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) et ses partenaires. C’est pourquoi les affiches qui ont inondé entre-temps les rues de Lomé, félicitant Faure Gnassingbé d’avoir tenu sa promesse, sont une belle blague.

Presque tous les centres de santé existants sont totalement délabrés, inadaptés et insuffisants pour accueillir une population sans cesse croissante. Les différents projets n’ont pas donné des résultats escomptés à cause de la corruption et des détournements.

Pour la jeunesse, le sport et la culture (16), il avait promis que le sport allait être popularisé avec la construction et l’aménagement de 1000 terrains de jeu. Jusqu’à ce jour, aucune aire de jeu n’a été construite par le chef de l’Etat. Juste un rappel, sous Patrice Talon au Bénin, 22 stades omnisport ont été construits et réhabilités sans tambours ni trompettes. Même la ville de Kara dont les clubs (ASKO et ASCK) portent, depuis quelques années, le football togolais, a pour stade un champ de patate douce.

Le tableau est le même dans le domaine de la culture : « J’aiderai à la création de véritables maisons de la culture, de la musique et du spectacle ». Les Palais des congrès de Lomé et de Kara demeurent les « véritables maisons de la culture, de la musique et du spectacle » après quatre mandats présidentiels.

Faure Gnassingbé avait également dit qu’il en ferait plus pour le tourisme (18) : « Je favoriserai le développement d’un transport aérien à bas prix qui facilite la relation entre les togolais de l’intérieur et ceux de l’extérieur et aide au développement du tourisme ». A chacun d’apprécier. Mais il est constant que dans la région ouest-africaine, c’est au Togo que les billets d’avion sont les plus chers. Beaucoup de taxes ont été instituées et rentrer par Accra ou Cotonou revient moins cher que de venir directement à Lomé.

« Des dix (10) hôtels de classe internationale » qui seraient érigés, aucun n’est sorti de terre. Mais le président de la République s’est tout de même fait construire plusieurs résidences privées sur toute l’étendue du territoire national.

Beaucoup d’engagements pris en 2005 qui n’ont jamais été réalisés. Et ce, après plus de 18 ans aux affaires. On est même tenté de dire que les fameux « 20 plus » correspondaient plutôt au nombre d’années que Faure Gnassingbé entendait passer au sommet de l’Etat togolais et non aux actions devant faire avancer le pays.

R.K.

Source: Liberté / libertetogo.info

Source : 27Avril.com