Prof David Dosseh : « Je ne vois pas pourquoi on irait se faire recenser »

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Professeur David Dosseh, 1er porte-parole du Front Citoyen Togo Debout (FCTD) parle ici des objectifs de la manifestation d’hier, de l’entêtement du régime de Faure Gnassingbé et du simulacre de recensement électoral qu’organise la CENI déposée.

Professeur Dosseh, apparemment votre marche a chuté dans un quartier où la répression a fait une jeune victime en octobre 2017.

Effectivement, c’est ici que le petit Jojo a été tué par les forces de répression. Et aujourd’hui 05 octobre marque une date particulière dans l’histoire du Togo en marche vers la démocratie.

Pourquoi une marche dans les rues de Lomé ce 5 octobre ?

Le Front Citoyen Togo Debout et d’autres organisations de la société civile ont décidé d’organiser une manifestation. Il s’agit d’une manifestation sous forme d’une marche citoyenne pacifique pour dire non à tout ce que nous vivons dans ce pays. Non à la dictature, non à la corruption, non à la violation des Droits de l’Homme, non surtout à la détention arbitraire parce qu’aujourd’hui, nous avons encore des acteurs de la société civile, des citoyens togolais innocents qui sont enfermés dans les prisons de la dictature. Des mesures d’apaisement prônées par la CEDEAO ont souhaité qu’on puisse les libérer sans délai et depuis près d’un an, ces personnes sont encore maintenues en détention.

L’honorable Habia a entamé une grève de la faim qui dure depuis plus de deux semaines pour exiger leur libération. Mais en dépit de cela, de toutes ces manifestations pacifiques, le pouvoir s’entête. Le Front Citoyen Togo Debout a organisé une campagne dénommée une bougie pour la liberté pour exiger leur libération, pour dire que la lumière doit toujours être maintenue sur leur cas. Mais en dépit de toutes ces actions pacifiques, le pouvoir togolais s’entête et démontre à suffisance qu’il a toujours cette capacité de nuisance et de répression. Aujourd’hui la société civile engagée a décidé de prendre sa responsabilité. Nous avons appelé les citoyens à sortir, à manifester.

Vous avez l’impression que le pouvoir vous laisse faire ?

Ça n’a pas été facile. Hier encore, les nôtre qui étaient en sensibilisation de terrain se sont retrouvés au SRI. Mais en dépit de cela, nous avons pris notre courage à deux mains, les citoyens ont pris leur courage à deux mains et beaucoup sont sortis. Pour nous, c’est un début et tant qu’on n’aura pas libéré ceux qui sont en prison, je vous assure que nous n’arrêterons pas de marcher, de marteler à qui veut l’entendre qu’il est temps qu’on libère les prisonniers innocents. Surtout quand on sait qu’il y a des personnes, des miliciens que certains ont qualifiés de groupes d’auto-défense, ce qui nous étonne vraiment. Il y a des miliciens qui ont été vus, filmés, photographiés à visage découvert au côté d’hommes en uniforme. Ces miliciens avaient des armes de guerre, des machettes etc. Et ces miliciens continuent impunément de se promener au nez et à la barbe des citoyens togolais. Voilà autant de situations, d’injustices que nous voulions dénoncer aujourd’hui et je pense que nous avons atteint notre objectif.

Et pendant ce temps, la CENI continue ses activités

Je pense qu’il faut de la cohérence et de la logique. Vous savez, je prends l’exemple d’une société avec un directoire, une fois que le directoire est déposé, elle n’a plus autorité sur la société. Nous avions une CENI bancale qui a été clairement déposée par la décision prise par la CEDEAO le 23 septembre, puisque cette CENI a été recomposée. Nous nous attendons tout simplement que la nouvelle CENI qui est en train de se mettre en place prenne les dispositions nécessaires pour nous conduire vers des élections claires et transparentes. Je ne vois pas ce qu’une ancienne CENI qui a été déposée peut encore venir faire dans le jeu électoral. J’ai l’impression même que c’est une usurpation de fonction et je me demande s’il ne serait pas temps de commencer à les traduire en justice par rapport aux actes qu’ils sont en train de poser. La nouvelle CENI, c’est la CENI légitime et tant qu’elle n’a pas pris les bonnes dispositions pour demander aux gens d’aller se faire recenser, je ne vois pas pourquoi on irait se faire recenser. Sauf si on veut bien sûr cautionner le tripatouillage des élections.

La Rédaction

Source : www.icilome.com