Les esprits avisés, qui ont vu très tôt dans le procès Fabrice Adjakly contre journal L’Alternative et son Directeur de publication, Ferdinand Ayité, qu’il y a une volonté des magistrats en charge du dossier de condamner rapidement le journaliste, ne se sont finalement pas trompés. L’audience de ce mercredi a révélé cette passion malsaine de ceux qui, dans les règles de l’art, devraient défendre les intérêts de l’Etat togolais, mais se rangent du côté des « voleurs de la République ». Tous ceux qui ont fait le déplacement du palais de la justice de Lomé ce matin, ont été estomaqués par les arguments avancés par le procureur pour demander au juge de condamner Ferdinand Ayité et son journal.
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Le procureur Talaka Mawama représentant le ministère public lors de ce procès, a étonné plus d’un par sa réquisition. On n’a pas l’impression d’écouter celui qui représente l’Etat. Mais quelqu’un qui applaudit ceux qui ont détourné plusieurs milliards des Togolais.
A l’audience ce mercredi matin, les avocats de la défense ont demandé au juge d’ouvrir une information judiciaire sur le dossier afin de cerner si oui ou non il y a eu détournement de 400 à 500 milliards de FCFA dans la gestion de la commande du pétrole par le Comité de suivi de fluctuation des prix des produits pétroliers (CSFPPP). Le conseil de Ferdinand Ayité demande pour cela que le dossier soit renvoyé en instruction et qu’une enquête soit ouverte. Les avocats indiquent que c’est à l’instruction que leurs clients (Journal L’Alternative et Ferdinand Ayité) peuvent montrer leurs preuves.
Cette demande n’a pas plu au procureur Mawama qui l’a rejeté, demandant aux avocats de la défense d’apporter les preuves dont disposent Ferdinand Ayité et son journal, séance tenante. « Est-ce que votre client a les preuves que Fabrice Adjakly a détourné les 500 milliards ? », demande le procureur. Une interrogation qui a étonné les avocats qui ont indiqué qu’il n’appartient pas à leur client d’apporter les preuves, mais à celui qui a porté plainte de montrer (avec preuves à l’appui) qu’il n’a pas fait ce dont on l’accuse. Et naturellement, en tant que représentant de l’Etat, le procureur devrait chercher à connaitre le fond de cette affaire en diligentant une enquête et savoir si le plaignant est vraiment innocent. Non seulement il ne l’a pas fait, mais aussi il se plait à défendre le « voleur ».
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« Apportez-nous la preuve du mensonge », lancent les avocats de la défense. Mais le procureur balaie du revers de la main cette demande, en affirmant que « celui qui avance un argument doit le prouver ». Au moment où la Ligue des consommateurs du Togo (LCT) a porté plainte et demande une enquête sur le dossier pour déterminer s’il y a eu détournement, le procureur veut précipiter le procès et condamner le journal et son Directeur de publication.
Le comble, le procureur Talaka Mawama allègue qu’il n’est pas au courant d’un rapport d’audit commandité par l’Etat togolais que lui-même représente à ce procès. Fait curieux tout de même ! « Je ne suis au courant d’aucun rapport », a-t-il dit. Les tentatives des avocats de la défense pour lui faire comprendre que c’est à la base des révélations de Ferdinand Ayité et de son journal que l’Etat togolais a commandité cet audit, et donc le procès ne doit pas avoir lieu avant les résultats de l’audit, ont été vaines.
Le procureur trouve inopportune d’ouvrir une enquête judiciaire sur le dossier et demande au juge de condamner Ferdinand Ayité à payer 3 millions de FCFA et le journal L’Alternative à payer la même somme. Dans sa réquisition, il a indiqué qu’il y a une carence d’apporter des preuves. Il donne donc raison à ceux qui ont détourné l’argent du pays et demande la condamnation à celui qui a révélé l’information.
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La réquisition a indigné les avocats et tout le public qui a assisté à l’audience. « Le parquet donne du crédit aux détourneurs des deniers publics ! », s’est étonné Me Elom Kpadé, l’un des avocats de Ferdinand Ayité. Une remarque très importante : toutes les demandes des avocats de la défense pour un procès équitable, élégant, à même de redorer l’image de la justice togolaise, ont été rejetées par le juge Clément Gnon et le procureur Talaka Mawama. « Nous avons voulu que vous nous donniez la possibilité de vous prouver que notre client n’a pas menti, mais vous avez refusé. Bien que ceux qui nous poursuivent n’ont pas pu démontrer ou prouver que nous avons menti », a regretté Me Célestin Agbogan qui a demandé au juge de dire le droit en son âme et conscience pour pouvoir se regarder dans le miroir le soir en rentrant à la maison. Il a également manifesté son indignation face à la réquisition du procureur.
C’est tout de même regrettable qu’on ne puisse pas faire confiance en la justice. A cause de ces magistrats dont le seul objectif est de piétiner le droit pour des intérêts que eux seuls connaissent. Dommage !
Le juge Clément Gnon a renvoyé le délibéré au 4 novembre prochain. Va-t-il accéder à la demande du procureur en condamnant Ferdinand Ayité et son journal L’Alternative ? On le saura dans huit (08) jours.
Source : Togoweb.net