Prison civile de Lomé : Après la grogne, retour au calme

0
406

La prison civile de Lomé, plus grand centre pénitentiaire du Togo, est secoué en début de semaine par un mouvement d’humeur des détenus. En réponse à cette grogne, les forces de l’ordre ont dû faire usage des gaz lacrymogènes pour y rétablir l’ordre.


Même si le calme est revenu et la situation « maitrisée » selon le Directeur de l’administration pénitentiaire, M. Akibou Idrissou, il apparait clairement que le Covid-19 qui s’est introduit dans cette prison doit amener les autorités compétentes à revoir la gestion des cas de prisonniers contaminés et réorganiser la riposte en milieu carcéral .

Ce mardi matin, un mouvement d’humeur a été signalé à la prison civile de Lomé. Et pour cause, les détenus exigent leur libération ou leur transfert dans une autre prison compte tenu des cas de contamination au Covid-19 (22 cas contaminés au total) qui sont signalés dans leur rang ces derniers jours.

Inquiets de la probable propagation du virus dans ce lieu de détention, ces derniers ont haussé le ton, refusant d’accueillir de nouvelles personnes déférées et dans leurs mouvements de débrayage, ils ont occasionné des dégâts matériels à l’intérieur de la prison.

A LIRE AUSSI: Nouveau gouvernement : ces ministres dont Faure va se débarrasser

Les agents de sécurité qui gardaient les lieux ont dû faire l’usage des gaz lacrymogènes pour faire revenir le calme et rétablir l’ordre dans le plus grand centre de détention du pays.

Interrogé sur la situation, le Directeur de l’administration pénitentiaire, Idrissou Akibou a reconnu que la surpopulation de la prison de Lomé est susceptible de favoriser la contamination mais exclue toute idée de libération des détenus tout en rassurant que des mesures sont prises pour mieux gérer les cas de contamination et mieux organiser la riposte en milieu carcéral.

Mardi, lors des mouvements d’humeur, certaines informations avaient circulé concernant Kpatcha Gnassingbé qui est toujours en détention à la prison civile de Lomé suite à l’affaire d’atteinte à la sureté de l’Etat. Selon les dites rumeurs, le demi frère du Chef de l’Etat aurait été exfiltré et conduit à une destination inconnue.

A LIRE AUSSI: Coronavirus: au Togo, les terribles confidences des patients guéris

Une information démentie par le Directeur de l’administration pénitentiaire. « Avant même que moi je n’arrive au niveau de la prison, le détenu Kpatcha était amené au niveau de l’administration. Kpatcha n’est pas conduit à une destination inconnue.

Il n’est conduit nulle part. Moi je suis allé le voir dans le bureau de l’administration. Il a été ramené dans sa cellule une fois le calme revenu » a expliqué M. Akibou Idrissou.

D’après les dernières informations, il est avéré que ce sont 22 détenus au total qui sont testés positifs au coronavirus jusqu’à hier mercredi. La question qui se murmure sur toutes les lèvres est de savoir par quel moyen le virus a réussi à infecter autant de détenus à la prison quant on sait que le virus ne se déplace pas et que les prisonniers sont aussi gardés entre les quatre murs à longueur de journée.

A LIRE AUSSI: Togo: le camp Agbéyomé sécoué par un scandale, la toile s’enflamme

Aussi, doit-on rappeler que depuis le 13 avril dernier, le Gouvernement a suspendu les visites dans les prisons pour justement barrer la route à la propagation du virus en milieu carcéral. Après une analyse de la situation, il apparait clairement qu’il y a eu une faille au niveau de la surveillance.

A y voir de près, on peut présumer que les sorties et les entrées du personnel de surveillance ne sont pas soumises à un dépistage pour détecter les cas contaminés afin de les mettre en quarantaine.

Sinon, comment comprendre que les gens qui sont cloitrés dans un lieu fermé où aucune sortie n’est autorisée soient infectés à un virus qui ne circule pas ?

Comme propositions, nous pouvons demander à l’administration pénitentiaire de revoir sa stratégie de riposte contre la pandémie en mettant en place un dispositif de dépistage pour tester toute personne qui veut entrer ou rentrer à l’intérieur de la prison.

, pourra permettre d’éviter que les nouvelles personnes déférées ou toute personne qui sorte revienne contaminer les prisonniers qui sont restés sur place.

A ce niveau, les autorités de l’administration pénitentiaire doivent se montrer rigoureuses pour soumettre tout nouvel entrant à un dépistage systématique. Autre volet de la riposte, la désinfection des lieux à des heures régulières.

Les gels hydro alcooliques doivent être à disposition des gardiens de la prison pour un usage régulier. Aussi, la sensibilisation doit être accentuée à l’endroit des détenus pour les amener à comprendre que les gestes barrières recommandés par le gouvernement doivent être strictement respectés aussi bien à l’intérieur de la prison qu’en dehors du centre lorsqu’ils venaient à être relâchés.

Il n’est un secret pour personne que certains prisonniers qui sont libérés pour avoir purgé leur peine, retombent sous le coup de la loi quelques temps après et retournent en détention. Si dans le cadre de la lutte contre la pandémie, la sensibilisation n’est pas suffisamment faite, ces détenus pourront fouler au pied les mesures barrières et facilement être infectés et revenir contaminer leurs camarades détenus en cas de récidive.

L’autre proposition très importante, celle de la construction d’une nouvelle prison en remplacement de celle de Lomé. En effet, la prison civile de la capitale construite depuis l’ ’époque coloniale souffre de la surpopulation.

Avec une capacité d’accueil initial d’environs 400 détenus, cette prison abrite aujourd’hui plus de 2000 détenus. Une situation plusieurs fois dénoncée par les organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme.

A LIRE AUSSI: Affrontements à Siou : Gilbert Bawara dans tous ses états

Lors de la présentation du rapport annuel sur la situation des droits de l’homme au Togo, les Nations Unies avaient recommandé aux autorités togolaises de construire une nouvelle prison pour décongestionner celle de Lomé.

Rappelons qu’en prévention à une contamination massive dans ce lieu de détention, le Chef de l’Etat Faure Gnassingbé avait accordé une grâce présidentielle en avril dernier à 1084 détenus qui avaient été donc libérés à travers toutes les prisons du pays.

Une démarche salutaire qui avait pour objectif de désengorger les lieux de détention et éviter ainsi la propagation du Covid-19 dans les milieux carcéraux.

La pandémie a pris ces derniers jours une allure très inquiétante avec 18 nouveaux cas confirmés dans la journée du mardi 18 mai portant ainsi le total des cas confirmés à 199 dont 96 cas actifs, 92 cas guéris et 11 décès.

Echo du pays

Source : Togoweb.net