Le processus électoral, mine de rien,
est dans son dernier tournant. Sauf retournement de situation, l’élection se
tiendra le 22 février prochain, dans les conditions d’obscurantisme
traditionnel du pouvoir. Les signaux n’augurent rien de bon, et ce n’est pas
faute pour l’opposition d’avoir réclamé
des choses pour un scrutin démocratique et apaisé. Mais au sein de la
communauté internationale où on a le pouvoir de pression pour faire évoluer
positivement les choses, alors que le processus est au bout, on se retranche
derrière un mur de « souhait de la transparence » du bout des lèvres.
Hypocrisie, vous avez dit ?
Les vœux pieux
de Mme Whitney Baird
« Tout
mettre en œuvre pour faire de la prochaine élection présidentielle une élection
libre, juste, inclusive et transparente afin de faire du Togo un pays plus
stable et plus démocratique ». C’est l’appel lancé, mardi dernier au
sujet de l’élection présidentielle de 2020, par la Sous-secrétaire d’Etat
adjointe américaine pour les affaires ouest-africaines et sécuritaires Mme
Whitney Baird, au terme d’un séjour de quatre jours au Togo. Visite qui
s’inscrit, dit-on, dans le cadre des relations de coopération et d’amitié entre
le Togo et les Etats-Unis d’Amérique. Au cours de son séjour, l’hôte américaine
aurait eu des échanges avec les autorités togolaises et différents acteurs
politiques.
Mme Britney Baird n’est pas la seule
personnalité représentant la communauté internationale à aller sur cette piste
de souhait de la transparence de l’élection présidentielle attendue. Le 26
novembre dernier, ce sont ses collègues diplomates de l’Union Européenne qui se
sont illustrés, à l’occasion de la 20e session du dialogue permanent
entre l’institution et le Togo. A ces assises, le gouvernement togolais était
représenté par des ministres en vue dont Robert Dussey des Affaires étrangères,
de l’Intégration africaine et des Togolais de l’Extérieur, Payadowa Boukpessi
de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités
locales, Yark Damehame de la Sécurité et de la Protection civile et Mme
Demba Tignokpa de la
Planification du Développement et de la Coopération. Du côté de l’UE, il y avait
le Chargé d’Affaires
de la Délégation
Bruno HANSES, Ambassadeur d’Allemagne au Togo Matthias VELTIN, son
collègue de France Marc VIZY, entre autres.
A l’occasion, entre autres sujets
d’ordre politique, économique et social, le processus électoral de 2020 a été
évoqué au cours des échanges. La délégation togolaise aurait fait part de
l’engagement du gouvernement à œuvrer, « de
concert avec toute la classe politique », pour « un aboutissement heureux » et chanté les nouveautés
dont le vote de la « diaspora choisie ».« Les deux
parties ont tiré
le bilan des
élections municipales de
juin 2019 et
abordé les préparatifs de
l’élection présidentielle de 2020. Elles ont souhaité que cette élection se
déroule dans les meilleures conditions de transparence, d’équité et de
paix », relève le communiqué de presse rendu public à cet effet.
Les représentants de la communauté
internationale qui voudraientd’une élection transparente, démocratique et
apaisée au Togo, rien de mauvais a priori. Mais dans le cas du Togo, ces
souhaits cachent mal une hypocrisie généralisée du monde dit civilisé…
Hypocrisie
collective
Au Togo avec le régime cinquantenaire en
place, les élections n’ont jamais rien de transparent, de démocratique et
d’apaisé. Que ce soient les présidentielles, les législatives ou encore les
municipales, le régime les conçoit comme une opportunité de perdre le pouvoir
et ne les organise jamais dans la clarté. Elles ont toujours été dévoyées et la
vérité des urnes confisquée. Au-delà de toutes les mesures de fraudes et de
hold-up prises en amont, le régime
n’hésite pas à recourir à l’armée et donc à la force brute au besoin pour
trucider les populations et leur imposer le hold-up. Il ne ménage donc aucun
effort.
La communauté internationale et ses
représentants en mission civilisatrice au Togo le savent très bien ; avec
le clan en place, il ne suffit pas de simplement souhaiter la transparence pour
le scrutin, il faut plutôt agir. Et dans le cas de l’élection présidentielle à
venir, le processus a débuté depuis longtemps, au rythme de l’obscurantisme
traditionnel du pouvoir. C’est depuis un bon moment que l’opposition
représentative élevait la voix pour requérir des choses sensées, mais elle n’a
pas trouvé de voix pour relayer ses cris. Ce qu’elle demande n’est d’ailleurs
que bon sens : recomposition de la Commission électorale nationale
indépendante (CENI), de la Cour constitutionnelle, dialogue pour sceller un compromis
autour de ces questions, etc. Elle a malheureusement
trouvé un mur en le pouvoir en place qui a poursuivi le processus en faisant la
sourde oreille.
Le bon sens et la mission civilisatrice
dont elle s’affuble devraient amener la communauté internationale, notamment
ses représentants diplomatiques dans notre pays, à taper du point sur la table,
du moins faire pression dans les coulisses sur le pouvoir en place afin qu’il
améliore un tant soit peu le processus. Cela ferait baisser la tension avant ce
scrutin crucial où se joue l’alternance au pouvoir. Le moyen le plus efficace
de paver la voie pour la transparence de l’élection que souhaite la communauté
internationale, c’est d’agir en amont. Mais les diplomates dont les pressions
sont parfois efficaces n’ont rien fait pour faire changer la donne. Ils ont
laissé le pouvoir poursuivre dans sa logique pour au finish exhorter à une
certaine transparence de l’élection, du bout des lèvres. De l’hypocrisie donc.
C’est d’ailleurs le même scénario que
déploie la communauté internationale depuis quelque temps devant les élections
au Togo. Lorsque les partenaires en développement tapent du poing sur la table,
ils sont écoutés, en tout cas mieux que l’opposition et les populations dont
les appels et aspirations sont balayés du revers de la main. Malheureusement, la
communauté internationale laisse faire le régime en place et choisit le dernier
moment pour venin lancer un appel hypocrite à la transparence, à un scrutin
apaisé, sachant bien qu’il n’aura effet sur le processus. Concernant la
présidentielle de 2020, c’est une tragicomédie qui se prépare. Pour offrir le 4e
mandat sur un plateau d’or au Prince, toutes les pistes sont explorées par le
régime. La dernière, c’est de créer la psychose généralisée, la terreur et une
chape de plomb avec cette théorie du complot d’insurrection armée…Lorsqu’on se rappelle
ce qu’il s’était passé en 2005 et avec l’impunité garantie aux assassins et à
leurs commanditaires, il y a des raisons de se faire du mauvais sang…
Tino Kossi
source : Liberté
Source : TogoActu24.com