Présidentielle de 2020 : Aboudou Assouma confirme les fraudes électorales

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.Lendemains
mouvementés en perspective

Il n’y a pas eu de miracle de la part de
la Cour constitutionnelle. Aboudou Assouma et les siens n’ont fait qu’avaliser
l’élection de Faure Gnassingbé, ce mardi lors de la proclamation des résultats définitifs
du scrutin du 22 février 2020. La crise postélectorale pourrait entrer dans une
dimension supérieure et il faut à présent redouter des lendemains mouvementés
pour le Togo, au regard de la situation présente.

Même s’il ne croyait pas naïvement, le
commun des Togolais entretenait tout de même une petite lueur d’espoir en
apprenant que la Cour constitutionnelle allait siéger hier mardi à 15 heures. Il
croyait que le bon sens et la raison allaient prévaloir, la vérité des urnes
allait être respectée et la victoire du peuple volée dans un premier temps
restituée. Mais il a tiré à terre, pour parler militaire.

Aboudou Assouma et ses six autres
collègues n’ont pas démenti la triste réputation qui colle à la peau des
membres de la Cour constitutionnelle togolaise consistant à avaliser sans
réfléchir longtemps les hold-up et les élections du « Prince ». Avec cette confirmation de la victoire (sic) du
« champion » avec un taux 70,78% des suffrages, c’est la page du
scrutin qui est ainsi officiellement tournée. En tout cas, sur le plan
organisationnel et institutionnel. Mais quelle suite de ce verdict de la Cour
constitutionnelle ?

La question se pose, et avec légitimité
lorsqu’on considère la fronde que menait Agbeyomé Kodjo. En effet, convaincu de
sa victoire dans les urnes, le « Président élu » a engagé une lutte
de récupération de sa victoire depuis la proclamation express des résultats
provisoires par la CENI le dimanche 23 février, avec toujours l’assistance de
Mgr Philippe Fanoko Kpodzro. Ce dernier a appelé à une manifestation des
personnes âgées le vendredi 28 février dernier. Manifestation réprimée avec
violence par les corps habillés, comme à leur habitude. Le prélat a continué à
prendre langue avec les responsables des ambassades occidentales dans notre
pays. Et c’est pour l’empêcher de poursuivre ce travail que le régime a trouvé
mieux de l’assigner à résidence.

Dans l’hypothèse extrême, il fallait
redouter des manifestations de contestation, mais aussi la répression farouche
de la soldatesque. Mais plus de peur que de mal…Comme la souligné Kofi Yamgnane
sur les ondes de RFI hier matin, sans doute que les Togolais ont été tellement
marqués par les violences meurtrières d’avril 2005 qu’ils n’ont plus le courage
de sortir pour revendiquer leur victoire. Voyant la détermination du pouvoir en
place à maintenir à tout prix le « Messi » au pouvoir, il y a de quoi
nourrir des appréhensions.

Dans le cadre de cette proclamation des
résultats définitifs, toutes les dispositions ont été prises pour créer la peur
chez les Togolais. Dans la matinée de ce mardi, un hélicoptère circulait dans
le ciel de Lomé et faisait le tour de la ville. Ce sont les conditions météo
qui l’ont contraint à se poser. Des conversations d’un ponte du régime avec un
contact, on retient qu’après la proclamation des résultats définitifs, il n’y
aura plus rien à signaler…

Mais visiblement, le débat sera loin
d’être clos. La proclamation des résultats définitifs devrait ouvrir un autre
épisode du grand feuilleton de l’après-scrutin. Agbeyome Kodjo avait menacé, à
plusieurs reprises, de procéder, en tant que Président élu, à la nomination d’un
gouvernement et des ambassadeurs. Tout porte à croire que l’on y est.

En effet hier, bien avant le verdict de la
Cour constitutionnelle à 15 heures, Agbeyome Kodjo a procédé à la nomination de
son Premier ministre, en la personne d’Antoine Koffi Nadjombé, professeur de
Philosophie et enseignant titulaire. Cette phase va ouvrir la voix à la
formation très prochaine du gouvernement avec lequel il compte diriger ce pays.
Mais plein de questions se posent. Où va siéger ce gouvernement ? Les
ministres seront-ils sur le territoire togolais ?

Le « Président élu » menaçait
également de nommer des ambassadeurs de par le monde si le régime ne lui
concédait pas le pouvoir d’ici une semaine. Et à le suivre, on se rend à l’évidence
que la communauté internationale, semble lui être acquise, convaincue de sa
victoire au scrutin du 22 février dernier. Si Agbeyomé Kodjo mettait à
exécution sa menace, on évoluerait vers un désordre total. Les ambassadeurs
nommés seront reconnus par ces pays d’accueil, au contraire de ceux de Faure
Gnassingbé. Il y aura alors un problème de représentativité du Togo à
l’extérieur. On aura donc deux Présidents, deux Premiers ministres, deux
gouvernements, des ambassadeurs à travers le monde en double. Vers un bordel
total sur la scène internationale…

L’attitude des Etats-Unis d’Amérique est
aussi à appréhender. Washington est la seule puissance à avoir pris ouvertement
 parti pour la vérité des urnes, pendant
que ses paires se sont murées dans un silence sépulcral. Les autres membres du
Groupe des 5 ne se sont pas prononcés, alors que l’ambassade américaine a
ouvertement pris le parti de la vérité. L’ambassadeur Eric Stromayer et
l’ancien Secrétaire d’Etat aux Affaires africaines sont allés trop loin pour
reculer.

Ils ont successivement requis la
proclamation des résultats bureau de vote par bureau de vote et le recomptage
des voix. La sortie de la Cour constitutionnelle qui a confirmé la victoire
(sic) de Faure Gnassingbe, n’est rien d’autre qu’une fin de non recevoir
adressée à Washington. Et avec les Etats-Unis, surtout l’inénarrable Donald
Trump à sa tête, aucun embêtement n’est pardonné. Il faudra donc s’attendre à
un châtiment. Mais de quelle nature et quand ? Voilà toute la question.

Tino Kossi

source : Liberté

Source : TogoActu24.com