Pouvoir sans fin : Yahya Jammeh sous pressions, Faure Gnassingbé tourné en dérision sur les médias internationaux

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Depuis le mercredi 18 janvier dernier à minuit, le long règne de Yahya Jammeh sur la Gambie a pris fin. Même si le marabout de Banjul s’agite encore désespérément, on le sait désormais, ses jours sont comptés. Pendant que pour l’instant, Faure Gnassingbé, lui, est tourné en dérision sur les médias internationaux et réseaux sociaux.

Pouvoir sans fin : Yahya Jammeh sous pressions, Faure Gnassingbé tourné en dérision sur les médias internationaux

Yahya Jammeh n’est plus face à ses opposants et les Gambiens seuls. Depuis ce jeudi, l’homme fait face à une coalition internationale qui se met en place contre lui, avec en leadership la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). C’est un dispositif impressionnant qui se met en place pour libérer le peuple gambien de celui qui en a usé et abusé ces 22 dernières années.

Adama Barrow, le vainqueur de la dernière présidentielle est, lui, quoiqu’endeuillé, très serein et sous bonne garde dans le luxueux King Fahrd Hotel de Dakar, sur le territoire sénégalais, à quelques encablures de la Gambie.

Depuis sa prestation de serment hier à l’ambassade de Gambie au Sénégal, M. Barrow est devenu le président légitime de son pays et pourra désormais agir comme Chef d’Etat légitime. Il peut donc recourir à la force internationale pour l’aider à se débarrasser de celui qui a pris en otage le peuple gambien. Une telle requête qui ne devra souffrir d’aucune légitimité et qui devra d’ailleurs passer comme une lettre à la poste à l’ONU et à la CEDEAO.

Le scénario ressemble sur plusieurs points à celui ivoirien qui a vu Alassane Ouattara monter au pouvoir en 2011, aidé par la communauté internationale. Si dans le cas ivoirien, la CEDEAO n’avait pas forcément joué les premiers rôles, cette fois-ci, elle a montré qu’elle est très déterminée à rendre le pouvoir à celui qui le mérite dans ce petit pays devenu au fil des années, un ilot de non droit au sein de la région.

Adama Barrow pourrait ne pas être installé dans les heures qui viennent à Banjul. Mais la situation devrait pouvoir évoluer très rapidement dans les jours à venir. Avec la présence d’un porte-avion militaire et de plusieurs aéronefs de combat et le positionnement de troupes de plusieurs pays non loin des frontières gambiennes, l’intervention militaire semble inévitable. Elle ne devrait pas avoir du mal non plus à aboutir rapidement, vu la taille du pays et la déclaration du Chef d’Etat-major décidé à ne pas engager ses forces dans une quelconque crise politique. Les carottes sont bel et bien cuites pour Yahya Jammeh. Et s’il a encore une petite lucidité, il lui revient de saisir toutes les opportunités qui lui sont offertes pour passer un asile serein dans un des pays volontaires.

Quand on parle de Yahya Jammeh en Afrique de l’Ouest, difficile de passer sous silence le régime des Gnassingbé qui règnent sur le Togo depuis un demi-siècle, sans partage. Depuis quelques jours, Faure Gnassingbé, l’incarnation de ce régime, est sous le feu des railleries sur les médias internationaux et réseaux sociaux. Tout est parti d’une interview accordée à un journaliste français en marge du sommet Afrique-France les 13 et 14 janvier derniers à Bamako. Alors que Gnassingbé fils s’attendait sûrement à une question « gentille », il se voit jeter à la figure un rappel des cinquante ans que fait sa famille sur le Togo. Poussant loin sa question, le journaliste lui demande, certainement par ironie, s’il a un conseil à donner à François Hollande qui, lui, quitte le pouvoir après un mandat de 5 ans. Très contrarié, celui qui fait déjà 12 ans comme président, balance les regards dans tous les sens, et lâche : « Je ne vois pas le rapport ». Ces mots de quelques secondes font le tour du monde depuis plusieurs jours. L’une des premières chaines d’informations en Europe, TFI même s’en moque. Sur les réseaux sociaux, les activistes togolais ont lancé la campagne « #JeNeVoisPasLeRapport». Elle fait le buzz. Toutes choses qui démontrent la soif des Togolais à l’alternance et l’impopularité du régime sans cesse croissante.

Avec le règlement en cours du cas gambien, c’est le régime togolais qui sera davantage isolé sur le plan international et continuellement exposé à la stigmatisation. Faure Gnassingbé devra s’attendre désormais à la multiplication de ces genres de situations. Car, sur cette planète, en dehors de la Corée du Nord, plus aucun système n’est aussi vieux que celui du Togo. La coalition internationale contre les régimes autocratiques « Tournons La Page », ne cesse de rappeler ce classement sinistre lors de ses campagnes, plaçant le Togo devant les régimes syrien et gabonais.

Faure Gnassingbé et ses sécurocrates ne font pas de mystère sur leur volonté de s’éterniser au pouvoir, rejetant toutes les reformes devant aboutir à des changements démocratiques et pacifiques. Aujourd’hui, ce ne sont des railleries. Le rapport de force peut changer à tout moment, le contexte de 2017 n’étant plus le même de 1967. Sur Faure Gnassingbé et les siens, les pressions internes et externes seront de plus en plus fortes. Après Yahya Jammeh, ce sera forcément son compagnon Faure Gnassingbé.

Source : Mensah K., L’Alternative No. 583  du 20 janvier 2017

27Avril.com