Pour Que Ça Change, Il Faut Que Ça Change !

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Pour Que Ça Change,  Il Faut Que Ça Change !

En ce jour anniversaire de l’indépendance de la République togolaise, mes premières pensées vont à la mère patrie, le Togo, la terre qui nous a portés, nourris et éduqués. L’émotion m’étreint en pensant d’une part à ce qu’est ce bien commun, au sacrifice et aux luttes que nos pères ont consentis pour qu’advienne l’autodétermination des populations qui la composent, et d’autre part au supplice que lui imposent ceux qui ne conçoivent le pouvoir que « comme une machine à jouir. »

Mes secondes pensées vont à la mémoire de tous ceux qui, hier comme aujourd’hui, ont été fauchés dans leur élan par la violence absurde de la tyrannie pour avoir osé un jour dire non à la barbarie, avoir exprimé le désir de vivre libre dans un État de droit, avoir osé revendiquer pour la mère patrie une réelle démocratie qui crée les conditions d’une vraie émancipation des fils et filles du Togo. Je m’incline devant leur mémoire et leur adresse mon respect.

Pour que ça change au Togo, il faut que ça change ! Qu’est-ce à dire ?

J’ai lu, il y a quelques jours, les propos de Me Dodzi Apévon qui déclarait ceci : « Je crois que le degré de maturité des Togolais est assez faible. » Il a raison. C’est une idée que je partage. Mais une fois cela dit, il faut s’empresser de poser dans la foulée la question de la maturité des leaders politiques eux-mêmes qui, au lieu de montrer le cap en adoptant une stratégie claire, intelligente et solide, font plutôt tout pour démobiliser les citoyens togolais. Et cela ne date pas de la dernière séquence de la C14. Les leaders politiques togolais de ce présent sont-ils assez qualifiés pour mener la bataille de l’alternance politique au Togo ? Il ne s’agit pas d’une affaire de jeu des chaises musicales, c’est-à-dire le changement de Faure Gnassingbé par une autre figure de l’opposition. Non ! Il s’agit ici de changer de régime, de changer de système, de changer de méthode de gouvernance, de changer de logiciel et de mentalité dans la gestion de la chose publique, d’instiller dans le corps social le respect du bien commun, de la discipline et la notion du travail bien fait, bref de créer au Togo les vraies conditions d’une vraie démocratie. Autrement dit, mettre sur pied un Togo nouveau qui tourne radicalement le dos à plus de cinquante ans de dictature. Voilà le chantier !

Cette question de la maturité est d’autant plus cruciale que l’on entend déjà venant de ce qui reste de la C14 une antienne qui susurre à l’oreille des Togolais que « la candidature unique est un impératif… » Une candidature unique pour aller faire quoi à l’heure actuelle ? Si c’est pour aller aux élections de 2020, il est à parier que ces leaders n’auront tiré aucune leçon des stratégies foireuses qu’ils auront mises en place élections après élections et où, à la fin, c’est la loi du plus fort ou « la loi de la jungle » qui s’impose à tous. Et cela fait des décennies que c’est comme ça.

Il faut se poser la question : à quoi servent les élections au Togo dès lors qu’il n’y a aucune réforme institutionnelle de faite, que le système de triche et de fraude est toujours en place, voire renforcé ? Jusqu’à ce jour, pourquoi l’opposition au Togo ne parvient-elle pas à se sortir des pièges toujours tendus par le régime autocratique ? Les leaders politiques togolais sont-ils mûrs pour le combat de l’alternance politique ?

Pour que ça change, il faut que ça change ! Chez les leaders d’abord.

Si tout le monde s’accorde à dire que c’est unie que l’opposition peut engager des actions fortes, que c’est unie qu’elle peut arracher des victoires, il est légitime de se poser la question de savoir ce qu’elle fait pour s’opposer aux arrestations arbitraires des dirigeants et militants du PNP de Tikpi Atchadam ? À part faire des communiqués, ce qui peut se lire comme un service minimum, quelle action unitaire forte est engagée pour dire non à l’arbitraire ? Pour apporter un soutien sans ambages à Tikpi Atchadam et à son parti ? Pour dire au pouvoir despotique que c’est assez ?

Dans quel pays de la sous-région voit-on ce qui se passe au Togo : arrestation de militants d’un parti politique, destruction de domicile d’un chef de parti politique, interdiction de manifester dans certaines villes du pays, faire envahir les points de rassemblement pour les manifestations par des militaires en arme, etc. Quel pays de la sous-région adopte un tel comportement ? Il est plus que urgent d’opposer à ce régime une résistance unitaire non-violente bien coordonnée, mais ferme.

Pour que ça change, il faut que ça change ensuite chez les citoyens.

Tout(e) Togolais(e) qui a envie de justice, de liberté, de paix, de démocratie et qui veut voir son pays aller de l’avant en transformant l’environnement socio-économique du pays, grâce aux talents et au génie de tous, doit se lever et dire non au recul que connaît le pays. Une bande de gens sans foi ni loi est en train de ruiner le génie du Togo et on constate amèrement que c’est la démobilisation, la déception et la résignation qui semblent prendre le dessus. C’est une grave erreur. Sans une farouche détermination, on ne peut rien obtenir. Que la main des méchants ne nous fasse pas abdiquer !

La liberté de manifester est un droit fondamental de l’Homme. Au Togo, nul n’a le droit d’interdire une manifestation, sauf s’il y a un risque sérieux et avéré de trouble à l’ordre public. Risque que le pouvoir doit démontrer et étayer. Au Togo, nul n’a le droit d’imposer aux partis politiques les villes et village dans lesquels on peut manifester et ceux dans lesquels on ne peut pas manifester. Or, il se trouve que le pouvoir viole de façon répétée, continue et massive les droits des Togolais à manifester. Pendant combien de temps encore allons-nous laisser ce pouvoir qui souffre de « répressionnite » aiguë piétiner les droits fondamentaux des citoyennes et citoyens togolais ? Pendant combien de temps encore allons-nous continuer à accepter l’inacceptable au Togo ? On ne peut pas gouverner un pays avec la loi de la jungle !

Pour que ça change, il faut que ça change enfin dans les mentalités.

C’est pourquoi, Peuple togolais, si tu penses que ta souffrance a trop duré, retrouve en toi la source de la détermination pour te mettre debout. Rien ne tombera tout cuit du ciel. Tu es et resteras l’artisan de la fabrique du Togo nouveau tel que tu veux qu’il soit. Le changement de régime et de système ne peut se faire que par ta seule détermination à vouloir que ça change…vraiment.

Le veux-tu ?

Ambroise Teko

27Avril.com