Au parti au pouvoir, l’Ulnion pour la république (UNIR), la plupart des scandales ont toujours concerné les hommes. Mais les femmes, elles, manœuvrent en sourdine et glissent des peaux de banane sur la route des unes des autres. Mieux, elles privilégient la méthode « soft », loin des vacarmes.
Une idée avait germé à l’orée des législatives de 2013. l’UNIR avait l’intention de présenter beaucoup de femmes. Mais une guerre de tranchées s’était ouverte au sein du parti. Les positions divergentes avaient plombé la proposition. Au finish, le parti n’avait présenté que très peu de femmes. Mais la route menant à l’Assemblée nationale et au poste de ministre est jonché d’obstacles signés des mains de femmes.
Le coup de 2013
Les femmes UNIR se détestent farouchement. Les sourires qu’elles affichent les unes à côté des autres sur les écrans, sont en réalité forcés. La « disgrâce » de l’une fait la joie de l’autre. Lorsque Mme Dagban Zonvidé faisait ses cartons pour déménager de son poste de ministre de la Promotion de la femme, elle était presqu’en larmes. Ses collaborateurs, même ceux qui n’étaient pas d’accord avec ses méthodes, étaient attristés. Selon eux, elle leur aurait avoué que ce n’est tant son limogeage qui lui fait rougir les yeux, mais la joie de ses détracteurs. Mme Dagban Zonvidé venait d’être remplacée par Dédé Ahoéfa. Cette dernière est considérée comme faisant partie du camp qui voulait la « peau » de la députée native de Bè, un quartier populaire de Lomé. Les choses se sont précisées lors des campagnes législatives.
Le grand Lomé était réparti entre les femmes UNIR. Elles avaient leur zone délimitée, disposaient d’un quartier général et d’un directeur de campagne. Celui de Mme Dagban Zonvidé était un jeune très actif dans la société civile qui, pour bien faire son travail, avait requis le service d’une taupe. Ce dernier devait recueillir les informations et les messages véhiculés par les autres femmes UNIR. Tout semblait aller bon train pour Mme Dagban Zonvidé (qui avait mobilisé tout son ministère à sa cause) jusqu’à un après-midi où son équipe avait été alertée que ses « adversaires » UNIR battaient campagne sur le terrain d’Ablogamé. La taupe dépêchée sur le lieu, confirma la présence des « intruses ». Car, selon la délimitation, le terrain d’Ablogamé se trouve dans la zone appartenant à Dagban Zonvidé. A la suite de cet « incident », cette dernière entra dans une colère noire envers ses concurrentes. Or, ce n’était qu’une partie du plan ourdi contre elle. Elle le saura lorsqu’elle a appris son relèvement de poste au ministère de la Promotion de la Femme.
Un ministère de rivalités féminines
Selon une source dudit ministère, de Kuevi Amédjogbé à Kolani Yentcharé (l’actuelle préposée), le ministère a fonctionné et fonctionne au gré des humeurs de ses différentes locataires. Henriette Kuevi Amedjogbé, lors de son passage, a travaillé avec son « équipe ». Sa gestion a lésé plus qu’elle n’a arrangé. Beaucoup ont été sentis frustrés, mais se sont résignés. Quand vint Mme Dagban Zonvidé, les jeux d’alliances et de mésalliances ont paralysé le bon déroulement du ministère. Certains ont reproché à l’actuelle députée à l’Assemblée nationale son mépris et sa « rigueur » à tout contrôler, même des canettes de sucrerie et de bière. Son « fait d’arme » est d’avoir rendu le ministère invivable pour certains collaborateurs de l’ancien système (le camp Henriette Kuevi Amédjogbé). Pendant qu’elle dirigeait à sa guise, elle ignorait que ses détracteurs creusaient le sol sous ses pieds.
C’était dans cette atmosphère que Dédé Ahoefa atterrit à ce ministère. C’était comme si son camp était parvenu à éjecter une « adversaire » gênante. Si certains de ses admirateurs (dans la boîte) lui reconnaissent sa rigueur au travail, Dédé Ahoéfa n’a pas échappé aux critiques. Elle était accusée de s’entourer d’une « garde rapprochée ». Et c’est avec cette équipe très « select » qu’elle a travaillé jusqu’à son éviction du gouvernement.
Kolani Yentcharé était visiblement au courant de ces alliances qui se faisaient et se défaisaient à la suite des remaniements ministériels qui rythmaient le département de la Promotion de la Femme. Elle a pendant longtemps travaillé à l’Action sociale. Pour en avoir vu et entendu des choses sur ses prédécesseurs, elle n’a pas fait le choix de la hauteur. Elle a préféré parachever l’œuvre de la paralysie de ce ministère qui souffre des humeurs de ses différentes préposées. Elle y va de sa touche. Elle a pendant longtemps privilégié l’action sociale au détriment des actions liées à la promotion de la femme. Devant le remous d’une partie du personnel, elle essaie de jouer à l’équilibriste. Mais les « alliés » de Dédé Ahoefa souffrent des choix de la nouvelle occupante. Certains goûtent à la « vengeance » de Kolani Yentcharé. Elle leur mène la vie dure. Ses « gardes » rapprochés sont dans l’ère de la jouissance et narguent le personnel qui est tombé en « disgrâce ». Pour combien de temps encore ?
Pendant ce temps, un enjeu se profile : les élections législatives de l’année prochaine. « Le code électoral fait obligation à tous les partis politiques de présenter pour les prochaines élections législatives et locales, des listes paritaires. Nous prenons cela comme un défi à relever et c’est en nous remobilisant et en renforçant nos capacités en leadership politique que nous y arriverons », a relevé Méimounatou Ibrahima, députée UNIR et 2ème Vice-présidente de l’Assemblée nationale. Il apparaît clair que le parti au pouvoir ambitionne de privilégier les candidatures féminines. Cette fois, les femmes UNIR vont-elles enterrer leur hache de guerre ? Répondre à l’affirmative paraît risqué.
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