Tout a commencé le 08 Août dernier par l’Annonce de la reprise de ses activités. S’en est aussitôt suivi la nomination des membres des Commissions Électorales Locales Indépendantes (CELI), plus d’annonce de la formation des membres desdits démembrements….
Plus rien ne semble arrêter la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), pourtant incomplète, dans sa lancée cavalière malgré le processus inclusif recommandé par la feuille de route de la CEDEAO dans l’organisation des prochaines échéances électorales. Cette attitude qui s’apparente à un refus du pouvoir de Lomé de s’exécuter en bonne foi contraste malheureusement avec celle adoptée actuellement en Côte d’Ivoire par le Président Alassane Ouattara.
.. La pomme de discorde
S’il y a un point de la feuille de route de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) qui cristallise les débats politiques, au lendemain de la publication, le 31 juillet 2018 à Lomé, de ce document, c’est bien celui concernant la Commission Électorale Nationale Indépendante (Ceni). Contrairement à l’esprit de ce document qui recommande un processus inclusif, force est de constater un passage en force que tente l’institution que dirige l’universitaire Kodjona Kandanga.
En effet, le problème togolais étant le plus souvent lié aux élections, l’espace communautaire ouest africaine a donc trouvé la formule juste pour y mettre un terme en recommandant la révision intégrale du fichier électoral très inique. C’est d’ailleurs sur la base de cette iniquité qu’au sortir des législatives de 2013, l’opposition togolaise qui a recueilli plus de voix que le pouvoir, se retrouve paradoxalement avec moins de députés au parlement (62 contre 25 sans compter les 3 députés de l’UFC qui sont assimilés à la majorité présidentielle et un indépendant). Malheureusement, le pouvoir de Lomé qui ne semble pas tirer leçon du passé s’y prend unilatéralement, avec une CENI jusqu’alors incomplète.
C’est donc sans les membres de l’opposition parlementaire qui réclame justement sa recomposition paritaire (8/8) avec la latitude de composer sa délégation à elle, que la CENI poursuit à un rythme effréné, ses activités. Une attitude qui n’est pas du goût de la Coalition des 14 formations politiques (C14) qui a saisi, à cet effet, les facilitateurs qui, selon des sources concordantes, sont annoncés dans les tout prochains jours à Lomé.
Des velléités de fraudes ?
En attendant la suite que donnera ce nouveau round de la mission des facilitateurs, nombre d’observateurs voient derrière cet empressement de la CENI, une volonté manifeste du pouvoir de Lomé de violer les recommandations de la Cedeao, sous un faux prétexte d’autonomie dont dispose cette commission pour l’élaboration de son chronogramme. Mieux, des velléités de fraudes électorales dont le pouvoir de Lomé est toujours accusé. Sinon, comment comprendre cette démarche qui porte en elle, les germes d’un probable blocage du processus. En clair, le gouvernement ne perdrait rien en remettant le compteur à zéro, si tant est qu’il reste préoccupé par le sort du Togo qui n’a que trop souffert des crises politiques à ne point finir juste sur la question de l’alternance.
Alassane Ouattara montre la voie à Faure
Fort heureusement, la preuve d’une volonté politique nous vient de la Côte d’Ivoire où le Chef de l’Etat, Alassane Dramane Ouattara s’est approprié l’une des réclamations phares de l’opposition qu’est la recomposition de la Commission Électorale Indépendante (CEI). A la surprise générale, ADO, dans la foulée de la libération des 800 détenus politiques au nom de la paix et la réconciliation, a également annoncé sa décision de revoir la composition de cet organe électoral jugé trop partisane. L’on ne perdra pas également de vue, sa récente déclaration appelant les chefs d’Etat de la sous-région et du continent à désormais donner la chance aux opposants de vivre les réalités du pouvoir. Comme pour dire que la paix et la réconciliation nationale ne se décrètent pas. Elles sont plutôt dans les actes quotidiennes que l’on pose.
Au travers d’une analyse croisée du cas togolais et ivoirien, on en déduit aisément une volonté voilée de faire connaître à la feuille de route de la Cedeao, le sort déjà réservé aux CPDC (bis et rénové), Togo Télécom 1 et 2, à l’Apg et la Cvjr dont les recommandations sont toujours rangées dans les placards. Sinon, le pouvoir qui n’a visiblement pas été ménagé par cette feuille de route devra plutôt faire les choses de façon consensuelle, tel que de mise depuis le début du dialogue politique ayant abouti à ce document aux décisions contraignantes pour les acteurs politiques.
Autrement, cette démarche unilatérale des membres de la CENI actuelle cache mal, la peur d’une issue électorale indécise qui s’empare véritablement du navire bleu turquoise. Toutefois, Ouattara a montré qu’avec le courage et la volonté politique, l’on pourra aisément reconquérir le cœur des détracteurs, même les plus critiques.
Cyrille PESSEWU
Source : www.icilome.com