Le 12 août prochain, l’affaire de détournement des 500 milliards FCFA de la commande du pétrole sera déblatérée devant la justice. Mais déjà, l’on constate de la part d’une des parties belligérantes, une propension qui cache mal une évidence.
En attendant le 12 août…
Sur plainte de Fabrice Adjakly, Directeur financier du Comité de suivi des fluctuations des prix des produits pétroliers (CSFPPP), structure dirigée par son géniteur Francis Adjakly et mise en cause dans l’affaire révélée par le journal L’Alternative, son Directeur de publication Ferdinand Ayité est appelé à comparaître le 12 août prochain. Pendant que les togolais s’impatientent pour ce procès qui permettra de faire découvrir le pot-au-rose, grande est la surprise de constater la mise en branle d’une vaste opération de communication tendant à expliquer le mécanisme de fixation des prix et la commande de pétrole au Togo.
L’offensive médiatique…
En effet, tout est parti d’une entrevue réalisée par la télévision nationale, il y a quelques jours, avec Ononh-Nofoumi Comlan Koffi Kondo. Entrevue au cours de laquelle, l’actuel coordinateur dudit comité, en poste depuis juin dernier, s’est époumoné à expliquer aux togolais, le mécanisme de commande de pétrole et de la fixation des prix.
Devant un journaliste pourtant virevoltant mais resté pantois tout au long de l’émission, des observateurs y avaient déjà vu les signes précurseurs d’une opération d’enfumage. Sans surprise bien évidemment.
Une conviction renforcée, quelques jours plus tard quand, à la stupéfaction de tous, l’on découvre des articles de presse commandés qui foisonnent dans les colonnes de certains tabloïds de la place. Des sites d’information aux journaux, cette opération de «remise à l’heure de pendules» fait son chemin et est visiblement loin de s’estomper.
…Sur fond d’entorse à la confraternité
Loin de faire un procès à certaines presses, nombre de citoyens, s’ils n’en rient pas, s’interrogent sur la pertinence d’une telle approche qui tend à déconstruire le travail d’Investigations fait par un autre, Ferdinand. Ce qui porte entorse à la confraternité, un principe sacro-saint que protège tout l’arsenal juridique régissant le fonctionnement de la presse au Togo.
Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, de la haute autorité de l’audiovisuel aux organisations de presse, nul n’élève la voix qui pour crier haro sur cette bassesse qui s’enracine de plus belle dans la corporation des journalistes togolais. Tant le fait est légion.
On se rappelle encore, la semaine dernière qu’en pleine émission sur une radio de la place, un journaliste dont nous taisons le nom s’est permis de remettre en cause un autre journaliste qui a travaillé sur un sujet. Cela paraîtrait normal, au sens d’un débat contradictoire si et seulement si le contradicteur connaissait déjà l’affaire. Et là encore, s’il y allait avec tact et professionnalisme. Mais visiblement rien, puisque d’après nos sources, le contradicteur dans la peau d’un mercenaire s’appuyait juste sur des SMS que lui envoyaient ses commanditaires à débiter en direct. Ce qui est triste pour le noble métier de journalisme qui s’articule autour de la liberté de penser et d’agir, mais dans le professionnalisme et l’éthique surtout.
Lavage de cerveau mal ficelé
Dans le cas d’espèce, il va s’en dire que c’est un coup de communication mal ficelé. Mieux, un pétard mouillé. Car, plutôt que d’éclairer les zones d’ombre, s’il y en a, elle exprime un malaise profond au sein de toute la chaîne d’acteurs visiblement impliqués dans l’affaire, comme nous l’évoquions déjà la semaine dernière. Qu’à cela ne tienne, les togolais ne sont pas si béats, s’est exclamé un défenseur des droits des consommateurs, commentant l’une de ces publications. Loin de convaincre, c’est à se demander plutôt où étaient cette certaine presse et leurs commanditaires quand les togolais cherchaient vainement la moindre information sur le fonctionnement de ce comité aujourd’hui au cœur des intrigues. C’est plus qu’une certitude, le casting du temps choisi donne à cette curieuse opération de «lavage de cerveau», les allures d’une défaite avant match.
Mais aussi, c’est une déculottée en soi pour les professionnels de la communication qui se déroutent, de fait, de l’essentiel de leur mission. Investiguer sur des sujets qui tendent à la suspicion. Mais le faire en aval et non en amont, pendant qu’on en avait besoin, c’est se faire manipuler. Et cela renvoie une image négative d’une certaine presse approximative, laudatrice et peu encline à la rigueur qui impose estime et sa suite.
Source : Fraternité No.363 du 29 juillet 2020 [ fraternitenews.info ]
Source : 27Avril.com