Ouro-Akpo Tchagnaou suspendu par l’ANC. Comment en est-on arrivé à ce point de non-retour?

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Ouro-Akpo Tchagnaou

Il y a à peu près une semaine, l’information sur la suspension de Monsieur Tchagnaou Ouro-Akpo par la formation politique à laquelle il appartenait jusqu’alors avait circulé sur les réseaux sociaux. Il s’agit de la formation orange, l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC). Ouro-Akpo y était 2e secrétaire général adjoint dans le bureau éxécutif. Il eut également l’occasion, dans un passé récent, de représenter ce parti politique de l’opposition au sein du parlement togolais. Et c’est tout à fait normal que tout observateur de la scène politique togolaise, qui n’est pas forcément dans le secret des dieux, s’interroge, après une telle surprenante nouvelle, sur le pourquoi et le comment. Il va alors de soi que les uns et les autres aillent de leurs petits commentaires et de leurs spéculations. C’est pourquoi, pour en savoir plus pour pouvoir, par notre modeste contribution, éclairer la lanterne de tous ceux qui sont encore au stade des interrogations, nous avons pris sur nous de mener notre petite enquête.

Les choses avaient réellement commencé à se gâter entre le bouillant Tchagnaou Ouro-Akpo et Jean-Pierre Fabre, voire les premiers responsables de l’ANC, au lendemain des fameuses élections présidentielles de février 2020. C’était donc après ces élections que l’honorable Ouro-Akpo et certains de ses amis du parti, originaires des préfectures de Tchaoudjo et d’Assoli, révoltés par la tenue du scrutin et par le comportement incompatible de certains responsables de l’ANC dans les préfectures précitées au cours des opérations électorales, avaient décidé d’aller voir le président national de la formation orange, Monsieur Jean-Pierre Fabre, pour lui faire part de leur indignation et lui faire des propositions dans le but d’améliorer à l’avenir le fonctionnement du parti. C’était le 18 juin 2020. Ce jour-là, Ouro-Akpo et ses collègues du parti ne mâchèrent pas leur mot face à leur président.

Pour eux les causes de l’échec de leur parti aux élections étaient dues au disfonctionnement de certaines structures de l’ANC et au comportement inapproprié des uns et des autres. Ils dirent à Jean-Pierre Fabre de cesser, par exemple, de continuer à accuser le vieux prélat Fanoko Philipe Kpodzro comme le responsable de leurs déboires; celui-ci n’y serait pour rien et que les problèmes étaient internes au parti et qu’il fallait avoir le courage pour tirer les leçons de leur échec. Le changement de paradigmes pour réorganiser le parti, était l’une des principales propositions faites au cours de l’entretien, et les noms de personnalités qui, aux yeux de Ouro-Akpo et ses accompagnateurs, n’avaient plus une bonne image auprès des populations, furent cités. Le président de l’ANC, Monsieur Jean-Pierre Fabre, considérait que parler de ces personnalités dont l’image est déjà écornée aux yeux des populations, reviendrait à parler de lui-même. C’est pourquoi, non seulement il rapporta tout le contenu des discussions aux personnalités concernées par les accusations de Ouro-Akpo et ses amis, mais l’ex-député avait commencé à être considéré comme persona non grata et désormais estampillé infréquentable par les personnalités mises en cause et par Jean-Pierre Fabre lui-même.

Après cet entretien avec le président du parti orange, Tchagnaou Ouro-Akpo revient à la charge et publie un document portant sur la stratégie de reconquête de l’électorat de l’ANC; document remis à son chef hiérarchique, c’est-à-dire à Monsieur Jean-Pierre Fabre. L’honorable Ouro-Akpo y propose une restructuration fonctionnelle et opérationnelle du parti. Là aussi, au lieu de chercher à étudier la proposition pour éventuellement l’exploîter, le document n’avait fait qu’élargir davantage le fossé entre certains premiers responsables du parti, dont Jean-Pierre Fabre, et lui. Indépendamment du fait que Monsieur Jean-Pierre Fabre n’ait pas joué le jeu en considérant les initiateurs de la petite révolution pour améliorer les choses, comme de simples frondeurs mal inspirés, il y eut un autre aspect qui finit peut-être par gâter définitivement les choses. C’est le fait que ce qui était normalement destiné à la cuisine interne du parti politique ANC, se soit retrouvé sur la place publique. En effet, par imprudence, l’honorable Ouro-Akpo se confie à un de ses compatriotes de la diaspora allemande en lui envoyant des messages-audio parlant de ses reproches, de ses propositions ou de ses relations tout court avec les responsables de son parti politique ANC. Des confidences privées de Tchagnaou Ouro-Akpo sur sa formation politique qui se retrouvent comme par enchantement sur la table de Jean-Pierre Fabre. Les messages furent montés sous forme de vidéos et publiés sur les plateformes du parti. La goutte d’eau qui fit déborder le vase? Il n’y a pas longtemps Jean-Pierre avait reproché à son 2e secrétaire général adjoint de publier ou d’avoir publié des articles dans un journal privé de la place à Lomé dont le directeur de publication serait un farouche détracteur de l’ANC. Le même reproche lui fit fait par le même Jean-Pierre Fabre et le comité politique du parti d’avoir publié dans le journal en ligne appartenant au Togolais résidant en Allemagne qui n’est autre que celui avec qui Ouro-Akpo Tchagnaou avait échangé sur son parti politique, également étiqueté par les responsables de la formation orange comme leur farouche adversaire. Nous tenons à rappeler que ces informations, portant sur les turpitudes entre le parti ANC et son „peut-être ex-2e secrétaire général adjoint“, sont contenues dans le fameux message-audio envoyé par l’intéressé au supposé ennemi du parti installé en Allemagne. Nous n’avons fait que l’exploiter.

Pour Tchagnaou Ouro-Akpo l’histoire semble se répéter et on pourrait dire sans risque de se tromper qu’il est finalement devenu un habitué des suspensions. Qui ne se rappelle pas qu’en 2010 à l’UFC, il était l’un des neuf (9) députés à avoir été suspendu par un certain Gilchrist Olympio à la suite d’un malentendu? Aujourd’hui encore c’est Jean-Pierre Fabre, un ancien compagnon de celui qui appartient désormais à la poubelle de l’histoire togolaise par son comportement indigne, qui le fait suspendre. Connaîtra-t-on un jour les vraies raisons qui ont conduit à la suspension de Ouro-Akpo Tchagnaou qui, selon certains observateurs, aurait beaucoup fait pour l’implantation de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) dans la région centrale? D’après nos recoupements, l’ancien député semble avoir pris ses libertés ces derniers temps en publiant des tribunes sur la situation politique et économique de notre pays dans des journaux privés de la place. Selon toujours nos enquêtes, le président national de l’ANC se plaindrait de ce fait et semblerait en prendre ombrage; comme quoi il ne peut pas y avoir deux capitaines dans un bateau. Ouro-Akpo Tchagnaou l’aura appris à ses dépens. Et le fait que l’intéressé prît pour prétexte un empêchement professionnel pour ne pas répondre à une convocation du Comité Politique de l’ANC le 15 février 2023 au siège du parti, pour se faire sermonner, voire humilier et présenter ses excuses, avait fini par faire consommer le divorce définitif.

L’origine géographique de Tchagnaou Ouro-Akpo, où on ne badine pas avec la droiture et la dignité en toutes choses et surtout en politique, ne jouerait-elle pas un rôle dans son comportement qui pourrait être mal compris dans un milieu comme le monde politique togolais, surtout côté opposition, largement synonyme d’égoïsme, de la formule „moi ou rien“, de coups fourrés de toutes sortes, de recherche de l’intérêt personnel et de trahisons? Économiste de formation, Ouro-Akpo Tchagnaou est loin d’être un politicien médiocre. Rebondira-t-il un jour quelque part d’une façon ou d’une autre pour voler de ses propres ailes, ou finira-t-il par s’arranger avec sa formation politique ANC qui lui doit beaucoup?

Wait and see!!!

Samari Tchadjobo
Allemagne

Source : 27Avril.com