Où se cache Alain Foka, le pseudo-panafricaniste au service de la dictature togolaise?

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«Figure désormais incontournable du sérail politique togolais, le Camerounais Alain Foka est devenu le conseiller officieux du président Faure Gnassingbé qui règne sans partage depuis 2005. Une position privilégiée dont semble profiter l’intéressé pour faire fructifier ses affaires, tandis que son pays d’origine, le Cameroun, traverse une crise multiforme. Grâce à sa maîtrise des rouages de la communication politique, Alain Foka s’est imposé comme le conseiller en communication le plus écouté du chef de l’état togolais. Ses murmures à l’oreille du prince sont régulièrement suivis d’effets, faisant de lui une véritable éminence grise à Lomé. Sa proximité avec le sommet de l’État lui confère des privilèges extraordinaires, quasiment au même niveau qu’un ministre, selon certaines sources. Véhicules avec escorte rapprochée, laissez-passer automatique à l’aéroport, accès aux marchés juteux. Pour ce Camerounais frayant au plus près du pouvoir togolais, la situation politique chaotique dans son pays d’origine semble bien lointaine. Très discret sur les dérives du régime Faure, Foka se garde également de tout commentaire sur la crise anglophone ou la contestation grandioses des années de règne de Paul Biya. Toujours est-il que cette success story insolente d’un Camerounais sous les ors du pouvoir togolais laisse un sentiment mitigé. Quand certains compatriotes s’enrichissent sur le dos de la misère du peuple togolais, d’autres mènent un combat de survie au pays. Un malaise récurrent dans une Afrique des paradoxes.» (Charles Manda, 237online.com)

La présence de l’ancien journaliste de RFI, d’origine camerounaise, Alain Foka, autour du pouvoir de dictature togolais, ajouté au rôle obscur qui y est le sien, continue à révolter les Togolais, aussi bien au pays que dans la diaspora. Beaucoup de zones d’ombre et de non-dits sur le réel profil de l’homme qui se prend pour le plus grand panafricaniste, et qui se fait actuellement discret, entourent encore les circonstances dans lesquelles Alain Foka avait dû quitter la radio française RFI, pour finalement prendre ses quartiers à Lomé au Togo. D’après nos recherches, Alain Foka ne serait pas parti de RFI de son propre gré. Il aurait été licencié, ou prié de partir, pour avoir réalisé en RDC (République Démocratique du Congo) une sorte de contre-enquête sous forme d’interview réalisée avec avec l’Inspecteur Général des Finances (IGF) Jules Alingete sur l’enquête Congo Hold-Up, et diffusée sur sa chaîne youtube avec les logos officiels de RFI et France24. Explications: La Gécamines, société minière publique de la RDC, a versé 530 millions de dollars d’« avances fiscales », entre 2012 et 2020, dont l’Inspection générale des finances n’a pas retrouvé la moindre trace sur les comptes de l’État. Médiapart et d’autres medias, dont RFI, avaient pu documenter que des millions furent détournés, dont une partie en liquide. Il s’agissait donc de massifs détournements de fonds publics par le régime de Joseph Kabila qui a quitté le pouvoir en janvier 2019. Sur le site internet de RFI on peut lire que Jules Alingete, l’inspecteur général des finances à l’époque, avait confirmé par écrit les détournements: «À ce jour, rien de ce montant n’a été encore retracé au compte général du Trésor, en dépit des demandes incessantes de l’Inspection générale des Finances à la Banque centrale du Congo». C’est après donc cette enquête de détournements de fonds publics par Joseph Kabila et ses proches, réalisée par Médiapart, RFI et d’autres medias et confirmée, que notre journaliste camerounais Alain Foka décide d’aller à Kinshasa faire sa propre enquête, une contre-enquête, en interviewant l’Inspecteur Général des Finances (IGF) Jules Alingete; interview qu’il publiera sur sa chaîne youtube avec les logos officiels de RFI et France 24 pour disculper le camp Kabila. Après donc cette interview ou enquête, réalisée par Alain Foka le 25 novembre 2021 à Kinshasa, la CGT (Confédération Générale du Travail) avait réagi à travers un communiqué dont voici un extrait: «La CGT apporte son soutien à l’enquête «Congo Hold-up» et demande à la direction de France Médias Monde de réagir publiquement au détournement de la marque RFI et France 24 par un de ses employés. La semaine dernière, le journaliste de RFI Alain Foka invitait l’inspecteur général des Finances Jules Alingete pour faire une contre interview suite aux révélations de l’enquête des «Congo Hold-up», cette grande enquête collaborative qui regroupe 19 medias dont RFI et 5 ONG.… Alain Foka est-il au dessus de ses obligations légales? A-t-il le droit d’utiliser les marques RFI et France 24 pour son propre compte sur sa chaîne youtube et de salir l’image de nos confrères qui ont travaillé sur cette enquête pendant 9 mois?…»

Avec tout ce qui précède on n’a plus besoin de chercher de midi à quatorze heures pour connaître le degré de moralité du personnage Alain Foka. On comprend aujourd’hui qu’il a dû quitter la radio française RFI sur la pointe des pieds; licencié ou prié de partir, ça revient au même. Et quand Alain Foka donne les raisons qui l’auraient poussé à s’installer au Togo pour créer sa fameuse agence «MANSSAH», on comprend très vite qu’il prend les Africains, et surtout les Togolais pour des moins que rien, qui accepteraient d’avaler tout ce qu’il débite, parce que grand journaliste, même renvoyé de RFI. Alain Foka nous dit que s’il a choisi le Togo pour lancer son agence avec ses amis, agence spécialisée en conseil, consultance, conseil en stratégie, lobbying et accompagnement, c’est que ce pays serait en émergence et considéré comme un hub avec des banques qui s’y installent, et qu’il ne comprend pas les critiques qui lui sont faites pour son choix du Togo. Ce pays offrirait, selon toujours ses termes, des opportunités intéressantes. Ce n’est plus étonnant d’entendre de telles balivernes de la bouche de quelqu’un qui profite de son statut de journaliste connu sur le continent pour avoir des accointances avec des dictateurs pour s’enrichir. Alain Foka fait désormais partie de la race de ces intellectuels africains pour qui l’argent n’a pas d’odeur. Ils se disent opposants, démocrates ou même panafricanistes le jour, et la nuit ils sont à la même table avec des dictateurs, comme Faure Gnassingbé, qui tuent leurs peuples. Alain Foka n’est pas du tout cohérent avec lui-même, sinon comment comprendre que quelqu’un comme lui qui déclare, en parlant du cameroun: « lorsque quelqu’un émerge, on lui coupe la tête » peut-il affirmer que le Togo serait un pays en émergence qui offrirait des opportunités intéressantes, alors les situations politiques des deux pays sont plus que catastrophiques. L’argent du Togo, volé au peuple togolais qui tire le diable par la queue, lui appartient désormais, et il peut en faire ce qu’il veut, pendant que des dizaines de prisonniers politiques, dont le propre frère de son payeur Faure Gnassingbé, Kpatcha Gnassingbé, meurent un à un en prison, pendant que des exilés politiques ne peuvent pas retourner dans leur pays, pendant que des opposants se cachent et que les manifestations sont interdites. Tout ça n’est pas le problème de Monsieur Foka qui vit dans sa bulle protégée avec tous les avantages auprès de la présidence togolaise.

Curieusement Alain Foka refuse de parler de la situation politique désastreuse de son pays d’origine le Cameroun. Et certains de ses compatriotes interprètent son refus de parler de la situation catastrophique de son pays, le Cameroun, comme une façon de soutenir le vieux dictateur Paul Biya. Le journaliste et activiste camerounais Boris Bertolt, en août 2019, n’y était pas allé de main morte pour mettre à nu l’actuel président de Manssah: «Je me souviens encore de tes émissions: «le débat africain» que nous écoutions chaque matin avec mes camarades. C’était un rituel tous les dimanches et nous en débattions parfois jusqu’à 12h sans avoir mangé. Puis il y avait «Archives d’Afrique». Mais progressivement l’eau coula sous les ponts et tu finiras par t’embourgeoiser comme beaucoup de journalistes africains qui d’un jour à l’autre prennent de l’influence dans l’espace public. Tu changeas. Tes émissions ont pris l’allure d’un savant dosage d’équilibrisme où les acteurs les plus acerbes contre les tyrannies étaient régulièrement interrompus ou recadrés. …Tu prétends te cacher derrière le journalisme pour masquer ton soutien à l’une des dictatures les plus sauvages du monde. On ne te demande pas de prendre position sur la situation au Cameroun, mais de dénoncer le génocide dans la zone anglophone, les crimes contre l’humanité, les violations des droits de l’homme, les détentions arbitraires, les tortures. Qu’est-ce qu’un journaliste si ce n’est un défenseur des libertés et la démocratie? Je n’irai pas plus loin, mais je t’inviterai à te poser cette question: qu’est-ce que les Camerounais retiendront de moi? Pour l’instant l’image d’un homme aimé par le passé, mais qui aux heures les plus sombres de son pays a choisi de protéger des gens qui tuent, torturent et emprisonnent en toute impunité. Ce n’était plus un journaliste mais un commerçant. C’est triste, hélas.»

L’autre compatriote de Foka, le cyber-journaliste camerounais Paul Chouta, dans ses publications, avait, à plusieurs reprises, accusé Alain Foka de faire l’apologie des dictatures africaines. Selon Paul Chouta, l’ancien journaliste à RFI soutiendrait l’idée selon laquelle les régimes autoritaires permettraient des économies significatives en se passant de démocratie. Pour Chouta, non seulement une telle affirmation est discutable, mais elle ressemble à une tentative de marketing visant à soutenir les dirigeants actuels de plusieurs pays d’Afrique de l’ouest. Le journaliste-activiste avait également remis en question l’idée de Foka selon laquelle l’argent économisé en évitant des élections pourrait être utilisé de façon efficace. Voilà comment beaucoup de Camerounais, qui devraient mieux le connaître que les autres Africains, savaient et pensaient du journaliste Alain Foka, avant même qu’il ne quitte la radio internationale française. Comme on le voit, celui qui ne s’intéresse pas à ce qui se passe de politiquement et d’humainement inaccepatble dans son pays de naissance, le Cameroun, depuis plus de 40 ans, ne peut pas venir s’installer au Togo, un pays également sous le joug, depuis plus d’un démi-siècle, d’une dictature militaro-tribalo-familiale, pour les beaux yeux des Togolais.

Samari Tchadjobo
Allemagne

Source : 27Avril.com