Le gouvernement doit des explications aux contribuables togolais. Le Conseil des ministres du 25 février 2016 a pris un décret pour mettre fin, sans aucune explication, aux fonctions du Commissaire Général de l’Office Togolais des Recettes (OTR) Henri GAPERI. Il a été immédiatement pourvu à son remplacement par un intérimaire en la personne de Kodjo ADEDJE. La nouvelle n’est pas en soi une surprise pour les professionnels des médias qui déclaraient depuis des semaines que le Rwandais était sur la sellette. C’est la fin d’une aventure périlleuse qui a plombé plusieurs secteurs de l’économie togolaise. Il y a plus de trois ans, le projet de création de l’OTR sur le modèle rwandais était décrié par la presse et les acteurs de l’économie eux-mêmes. Malgré les mises en garde diverses, le gouvernement à travers le ministre de l’Economie et des Finances d’alors Adji Otèth Ayassor, a continué sa trajectoire qui lui a permis au bout du compte de se débarrasser d’une certaine Ingrid Atafeinam Awadé, toute puissante Directrice Générale des Impôts.
Une fois l’OTR porté sur les fonts baptismaux, un appel à candidature obscur, à travers un cabinet à Londres, a permis de retenir un certain Henri GAPERI présenté au prime abord comme un Canadien. Il a fallu voir l’homme en personne fouler le sol togolais pour se rendre compte qu’il est un pur produit rwandais, mais plus grave, qu’il ne parle aucun mot de la langue de travail du pays, c’est-à-dire le français. C’est la première fois qu’un pays indépendant au monde nomme à la tête d’une régie financière, un domaine de souveraineté nationale, un étranger. Avec cette méthode, on n’était pas loin de confier l’Etat-major des FAT à un officier ghanéen ou nigérian.
Les critiques fusent de partout et les mouvements d’humeur des fonctionnaires des douanes et des impôts délestés par cette réforme hasardeuse s’enchainent. Même le salaire du nouveau promu (23 millions de francs CFA) dans un pays où le SMIG est à 35 mille fait l’objet de toutes les critiques. Il en est de même des autres avantages, hébergement, primes de dépaysement, le salaire de son interprète etc. Une fois installé, le fameux Rwandais, fruit d’un deal entre le pouvoir de Lomé et celui de Kigali, a commencé à faire venir par vagues ses compatriotes pompeusement appelés « consultants ». Ils sont venus supplanter les Togolais réduits à des cadres ou fonctionnaires de seconde zone dans leur propre pays, comme au temps colonial.
Avec des qualifications douteuses, ils sont payés 15 mille euros pour certains, 10 mille pour d’autres et 8 milles euros pour la dernière catégorie. Henri GAPERI lui-même, avec la protection du tout-puissant Ayassor, est devenu un Mussolini de la boite. Ses désirs étaient des ordres. Il se livrait à la belle vie avec les jeunes filles, parfois même dans ses bureaux. Très tôt, les concepteurs de l’OTR se sont heurtés aux premières difficultés. La signature des titres fonciers. Les services du Cadastre et du Domaine ayant été incorporés à l’OTR, la question était de savoir si un étranger, notamment Henri GAPERI devait signer les titres fonciers. Impossible selon la législation togolaise, il a donc fallu reprendre un autre décret pour rendre de nouveau autonome ce secteur.
Sur les objectifs mêmes de l’OTR, les résultats sont loin d’être à la hauteur, même si de temps en temps des chiffres de pseudo-performances sont publiés pour flouer l’opinion. Les nouveaux agents recrutés à la place des anciens, en dépit des avantages de leurs fonctions, sont devenus des corrompus, des «braqueurs» des hommes d’affaires. Les méthodes musclées des agents de l’OTR et leur propension à harceler voire escroquer les hommes d’affaires ont mis l’économie du pays dans une anesthésie totale. L’OTR de HENRI GAPERI a préféré fermer les entreprises, les sociétés, pour laisser pousser à leurs places des églises avec des pasteurs véreux. Le grand marché de Lomé emporté par les incendies est totalement à l’agonie. Quant au Port autonome de Lomé présenté comme poumon de l’économie nationale, il est devenu l’ombre de lui-même. Désert comme jamais, il a vu partir à tour de rôle les opérateurs économiques qui ont plié bagages pour les ports de la région.
Au bout du compte, l’OTR est devenu un monstre pour l’économie togolaise, un goulot d’étranglement qui a étouffé la plupart des hommes d’affaires qui ont procédé à des licenciements, au pire des cas, à la fermeture de leurs entreprises. Naturellement, avec un climat aussi délétère, les caisses de l’Etat peinent à se remplir. Les différents cris d’alarme sur les dégâts de ce monstre, les alertes permanentes de la presse, les démarches des opérateurs économiques envers les autorités n’ont pas fait bouger les lignes ni au Palais de la Marina, encore moins au ministère de l’Economie et des Finances. Preuve, s’il fallait encore en douter que le sulfureux Henri GAPERI était au service d’un réseau au plus haut sommet de l’Etat qui s’en mettait plein les poches, au détriment des opérateurs et des contribuables. C’est donc trop facile, après avoir joué ce jeu de rôle assez harmonieux comme dans un opéra, que les mêmes reviennent nous faire croire que leur protégé est un incompétent qui a mis l’économie à genou.
Si Henri GAPERI, malgré les signaux rouges de l’économie togolaise, a pu rester longtemps en fonction, c’est qu’il remplissait bien sa mission pour le compte de Faure Gnassingbé et d’Adji Otèth Ayassor. Son départ précipité ne serait ou ne devrait donc pas être perçu comme une quelque prise de conscience des autorités du manque de résultat de ses actions. C’est partant de ce constat qu’il importe que les gouvernants rendent compte au peuple togolais qui paye régulièrement les impôts, des dessous de ce limogeage et situent les responsabilités. C’est trop facile de montrer du doigt avec une touche de xénophobie ce serviteur d’un clan mafieux qu’est Henri GAPERI. Cette diversion ne peut prospérer. Nous avons tous une idée de ceux qui ont monté ce monstre de l’OTR et ses structures parallèles que sont les Guichet Unique, ANTASER et bien d’autres.
Nous sommes bien en face d’un arrangement entre petits copains qui ont saigné l’économie du pays pendant trois ans en poussant la plupart des hommes d’affaires à mettre la clé sous le paillasson. Un tel scandale s’ajoute à ceux déjà existants, notamment les routes abandonnées, les chantiers désertés, les projets mal exécutés, etc. Il ne s’agit pas seulement de monter des structures vides de lutte contre la corruption, mais de manifester une volonté réelle d’assainir la vie publique en mettant fin à l’impunité.
La situation est encore plus révoltante quand on appréhende les centaines de millions partis en fumée dans un pays où les hôpitaux manquent de tout, les écoles ne fonctionnent pas et le manque d’eau potable sur l’ensemble du territoire. Le sulfureux Henri GAPERI a engrangé, mine de rien, un salaire brut de plus d’un milliard de francs CFA en moins de trois ans, sans compter les primes et avantages qu’il a obtenus. Même après plus de 50 ans de travails un Togolais moyen dans la fonction publique ne saurait gagner un tel salaire.
Sommes-nous aussi méchants, cyniques, sadiques pour laisser un étranger incompétent gagner autant d’argent des caisses du pays, alors que les travailleurs togolais peinent à arrondir les fins du mois. Il est temps de mettre fin à ces dossiers obscurs dans notre pays et de remettre la transparence dans la gestion des affaires publiques. Les Organisations de la société civile (OSC) et les députés chargés de contrôler l’action gouvernementale doivent se saisir rapidement de ce scabreux dossier Henri GAPERI qui a une forte odeur d’une escroquerie d’Etat en bande organisée.
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