Depuis novembre 2014, le gouvernement togolais a institué l’opération «Togo Propre». Le but visé par cette opération de salubrité publique est d’amener les Togolais à assainir leur cadre de vie. Malheureusement, bientôt cinq (05) ans, cette action citoyenne à du mal à emballer les Togolais.
Rendre propre le cadre de vie !
Octobre 2014. Mois décrété «mois du civisme et de la citoyenneté». En vue d’inciter une forte adhésion autour de l’événement, le gouvernement, au travers du ministre de la Culture et de la Formation civique d’alors, Germaine Koumealo Anate, a effectué une tournée de sensibilisation pour inciter les citoyens à rompre avec les actes inciviques. C’est dans la dynamique de cet événement qu’il a été institué, un mois après, l’opération «Togo Propre « dont l’objectif est de redonner aussi bien à Lomé qu’aux villes de l’intérieur du pays, leur visage d’antan.
Aujourd’hui, presque cinq (05) ans après, le projet a dû mal à mobiliser du monde. Depuis lors, les premiers samedis de chaque mois sont passés inaperçus. Rien ne démontre une particularité dont revêtent ces journées. Autrement, l’opération «Togo Propre», boudée par les Togolais, hormis les forces de l’ordre requisionnées en nombre insignifiant et quelques militants du régime, se veut donc un véritable fiasco qui nécessite une remise en cause au niveau des gouvernants.
Désintéressement
En effet, au démarrage, ce projet, bien que mal ficelé, a néanmoins été porté par une proportion plus large de togolais, au-delà de leurs différences et divergences de point de vue. Ainsi donc, Ministres, Directeurs de Services, Cadres et fonctionnaires de l’administration publique, organisations de la Société civile, journalistes et autres Corps de métiers se déversent dans rues, ruelles, coins et enceintes des services publics, menus de houes, coupe-coupe, râteaux, pèles et brouettes, en vue de les rendre propres. La dynamique faisait son chemin quand, quelques mois après, plus rien.
Après la présidentielle de 2015, avec la non opérationnalisation des réformes, le relâchement a fini par envahir les esprits, même les moins sceptiques et engagés pour la cause de la citoyenneté. Sentant le vide qui se créait, l’Agence nationale d’appui au développement à la Base, en collaboration avec les Comités de développement de quartier (Cdq) essayent de mobiliser, chaque deuxième et quatrième samedi du mois, de jeunes élèves et étudiants pour rendre propres, les artères de la capitale, moyennant des émoluments. Malheureusement, cette alternative connaît aussi un flop depuis des lunettes. Laissant donc le champ libre aux seules forces de l’ordre et de sécurité qui s’y adonnent, au nom de la discipline et autant qu’elles le peuvent, mais sans pouvoir parvenir à changer la donne. Le constat est donc clair et fait l’unanimité. Les togolais s’intéressent très peu à cette opération.
Mais alors, pourquoi ?
La question s’impose en ce sens que la réussite d’une action gouvernementale dépend avant tout de l’adhésion de la base. Ce n’est un secret pour personne que le togolais tire le diable par la queue. Le mandat Social décrété par Faure Gbassingbé pour son troisième mandat, quatre ans après, n’a pu produire ses fruits. Que de projets fanfaronnant tels Pduc aujourd’hui Pnd qui, avec les milliards qu’ils embrassent, ne font qu’agrandir les rangs de la minorité pileuses des ressources publiques. Depuis 2015, aucune décision n’a été prise pour satisfaire le panier de la ménagère. Ni augmentation de salaire, ni une assurance maladie généralisée. Le Smig togolais reste des plus misérables de la sous-région. Pendant ce temps, les prix des produits de premières nécessités n’ont cessé d’augmenter dont la dernière en date est ceux du carburant.
Parallèlement au malaise social, rien ne va également sur le plan politique. Les réformes politiques chantées au bout des lèvres depuis des années n’ont pu être faites. Occasionnant des frustrations et manifestations populaires souvent réprimées dans le sang. Des togolais sont morts, d’autres blessés, plusieurs emprisonnés et d’autres encore en exile. Le fruit de «l’entêtement et de l’obsession dogmatiques de conservation, vaille que vaille, du pouvoir», comme l’a souligné l’opposant et ancien ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, François Akila Esso Boko. Une situation ayant largement contribué à une fracturation Sociale entre les togolais du haut -gouvernants- et ceux du bas -populations- qui, opprimées, n’ont de choix que l’incivisme pour exprimer leur ras-le-bol.
Nécessité d’une prise de conscience…
Il n’est jamais trop tard pour mieux faire. L’initiative «Togo Propre» pourrait encore renaître de ses cendres. Mais cela suppose, avant tout, une prise de conscience et de responsabilité du premier responsable du pays sur la nécessité de rendre les togolais fiers d’appartenir à une nation dont les richesses sont équitablement partagées. Cela suppose également que la démocratie s’exprime dans sa globalité en acceptant passer la main en 2020 en faveur d’autres togolais soucieux d’apporter leurs pierres à l’édification d’une nation prospère et démocratique. Autrement, Togo Propre ne demeurera qu’un slogan.
Source : Fraternité
27Avril.com