Au Togo, les phosphates sont l’une des richesses minières les plus précieuses du pays. Cependant, l’exploitation de ces ressources essentielles a laissé derrière elle un héritage sombre de mauvaise gestion, d’injustice et de négligence. Dans un pays où la majorité de la population lutte contre la pauvreté, les bénéfices de l’extraction des phosphates ont été concentrés entre les mains d’une minorité de privilégiés.
L’exploitation des phosphates a débuté en 1961 et, au rythme actuel d’extraction de 1,5 million de tonnes par an, le gisement de phosphate clair est en fin de vie. Cela soulève la question cruciale de savoir où sont passées les recettes générées par cette précieuse ressource au cours des 62 dernières années.
Lisez plutôt la réflexion de Ferdinand Ayité:
Les phosphates, c’est l’une des richesses minières du Togo. Son exploitation a commencé officiellement en 1961 par la première pioche. 62 ans plus tard le gisement appelé phosphates clairs est en fin de vie.
Les richesses minières, on l’ignore souvent, sont des ressources épuisables. L’Économiste Jean Bodin a dit qu’il n’y a de richesses que d’hommes sur la terre. Voilà pourquoi les pays qui ont un sous-sol généreux constituent des fonds souverain issus de l’exploitation des mines pour les générations futures.
Pour revenir aux phosphates, au rythme actuel de l’exploitation à savoir 1,5 millions de tonnes par an; la mine de Dagbati n’a encore qu’une durée de vie de 6 ans. Celle de Kpogame 8 ans au plus. Le sous-sol de Djagblé et une partie de la zone de Kégué sont bourrés de phosphates, seulement il sera difficile de déplacer cette partie de la ville. Est-ce à dire que dans 10 ans le Togo n’aura plus de phosphates ? Non. Le phosphate clair exploité depuis 1961 sera en fin de vie, mais il y a le phosphate carbonaté découvert dans la même zone dont les estimations sont à des milliards de tonnes. Il a également été découvert des phosphates dans toute la ville de Bassar
De 1961 à ce jour, où passent réellement les recettes de ce minerai ?
La fameuse nationalisation de 1974 n’aura servi en réalité qu’à enrichir une famille et une poignée de barons insatiables. La SNPT [Société Novelles des Phosphates du Togo, NDLR] aujourd’hui, c’est 1.400 employés en CDI et 400 employés occasionnels des sociétés de sous-traitance (tâcherons) dont la plupart appartiennent aux barons avec leurs lots de surfacturations.
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La plupart des employés occasionnels ne gagnent pas 100 mille francs par mois. La masse salariale de la SNPT est de 7,5 milliards par an, il faut ajouter le coût des investissements lorsque c’est nécessaire. A la faveur de la guerre en Ukraine, le prix du phosphate s’est envolé sur le marché international et le Maroc, un des grands producteurs, tirent le plus grand profit actuellement. L’année dernière, c’est à dire à la date du 31 décembre 2022, le Togo a produit 1 504 388 tonnes pour un prix de 300 dollars la tonne sur le marché international. Fin septembre 2023, la SNPT a produit 1 124 000 tonnes pour un prix de 300 à 320 dollars la tonne. Les principaux clients sont l’Inde, le Singapour, l’Australie. Quatre bateaux sont chargés en moyenne par mois au port minéralier de Kpémé.
Malgré cette embelli pour les phosphates, la contribution de la SNPT au budget de l’État est dérisoire. Curieux. Depuis bientôt 20 ans, Faure Gnassingbé gère dans l’opacité totale cette ressource stratégique de notre pays avec ses mystérieux amis israéliens. Ils sont aux commandes des phosphates togolais à Lomé, Paris, Johannesburg sans jamais laissé la moindre trace sur un document officiel.
Pendant qu’ils se font des milliards, qu’ils rachètent par des montages le patrimoine immobilier de la société en France et ailleurs; la zone des lacs – mines (préfectures des Lacs et Vo) sont les plus sinistrés du Togo:
• Absence de routes, d’écoles, d’électrification, de centre de santé ou d’hôpital digne de ce nom,
• Pollution de la mer et des cours d’eau et du lac,
• Envasement du lac Togo à partir de l’embouchure d’Aného jusqu’à Sewatsrikope,
• maladie des dents, des poumons et des yeux des populations de Kpémé exposées à la pollution,
• Dépossession des terres agricoles avec des indemnités dérisoires,
• Destruction du patrimoine ancestral et anthropologique des populations.
Voilà à quoi ressemble la zone d’exploitation des phosphates au Togo.
Une gestion parcimonieuse des phosphates au Togo suffirait largement à relever le niveau de vie des Togolais par l’augmentation des salaires, l’octroi de bourses conséquentes aux étudiants, la construction des hôpitaux de référence, des routes, autoroutes, j’en passe. Le Bénin voisin ne dispose pas de cette générosité naturelle, mais ils font des choses extraordinaires avec les ressources dont le pays dispose.
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Après 62 ans d’exploitation des phosphates dont une fameuse nationalisation a fait danser les Togolais, il faut faire maintenant le bilan et préserver le peu qui reste pour les générations futures. Le Togo est une petite bande de terre, mais un scandale géologique dans cette région. Il est inadmissible que l’exploitation de ces richesses ne profite qu’à une minorité et leurs suppôts étrangers qui se font des fortunes pendant que le peuple avachi crève la faim et baigne dans une pauvreté ambiante. On ne peut pas être dirigeant et avoir un goût poussé pour l’argent et manquer autant de patriotisme.
Le Togo doit survivre à ses dirigeants actuels. Il faut sauver les meubles. Les gens volent ailleurs aussi, mais ils construisent au moins leurs pays. Nous consacrerons un gros dossier aux phosphates bientôt sur notre site L’Alternative.
Ferdinand Ayité
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Source : Togoweb.net