L’image déjà terne du régime cinquantenaire des Gnassingbé est de plus en plus avilie au fur et à mesure que de nouveaux rapports paraissent, surtout quand ils traitent de la situation des droits de l’homme dans le pays. Déjà classé parmi les régimes autoritaires, le Togo confirme son statut d’Etat répressif de l’espace civique. C’est ce que révèle un rapport de l’alliance de la société civile dénommée CIVICUS.
Il y a quelques semaines, un rapport du groupe britannique The Economist classait le Togo parmi les pays réfractaires au respect des normes démocratiques. Ce rapport vient d’être confirmé par un autre, celui de l’alliance mondiale de la société civile CIVICUS dont l’objectif est de fournir une évaluation complète des conditions de la société civile dans les pays et au fil du temps. Le rapport évalue les pays en fonction de la situation des libertés d’association, de réunion pacifique et d’expression.
Ensemble avec ses partenaires, CIVICUS a recueilli les données du 12 novembre 2019 au 31 octobre 2020, dans 153 pays. Le rapport présente donc les tendances et les évolutions de l’espace civique depuis le précédent rapport publié en décembre 2019. Outre les tendances au niveau mondial, il analyse celles de cinq régions, notamment l’Afrique, les Amériques, l’Asie et Pacifique, l’Europe et l’Asie centrale ainsi que la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). L’espace civique de chaque pays est classé dans l’une des cinq catégories suivantes : «ouvert», «rétréci», «obstrué», «réprimé» ou «fermé».
Pour cette année, CIVICUS décrit un espace civique dans une spirale descendante. « La situation de l’espace civique se détériore d’année en année. En 2020, 43,4% de la population mondiale vivent désormais dans des pays considérés comme ayant un espace civique réprimé (plus de 2,3 milliards de personnes) tandis que le pourcentage de personnes vivant dans des pays où l’espace civique est obstrué est passé de 15,8% à 18,3% », écrit le rapport. « Alors que le nombre de personnes vivant dans des conditions d’espace civique fermé a baissé dans la RDC et au Soudan, en grande partie grâce à des améliorations saluées mais encore limitées, le nombre de personnes vivant dans des pays soumis à de graves mesures de restrictions a augmenté. Désormais, 87% de la population mondiale vivent dans des pays classés comme « fermé », « réprimé » ou « obstrué » », poursuit le rapport. Il précise en outre qu’en 2020, seulement 12,7% de la population mondiale vivent dans des pays où l’espace civique est classé « ouvert » ou « rétréci », une baisse importante par rapport aux 17,6% constatés en 2019. Cette détérioration est consécutive aux mesures restrictives des libertés prises par les gouvernements pour, disent-ils, lutter contre la pandémie de coronavirus déclarée en mars 2020 par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Sur le plan mondial, le Canada, la Nouvelle Zélande, l’Allemagne, l’Autriche, la Finlande, l’Albanie, la Belgique, le Danemark, la Norvège, la Suisse et la Suède font partie des pays dont l’espace civique est ouvert. Les Etats-Unis, la France et l’Australie sont de moins bons élèves. Le Cuba, la Chine, la Corée du Nord, l’Arabie Saoudite, l’Iran, l’Irak, la Syrie, le Yémen, la Libye et l’Egypte sont classés dans la catégorie des pays dont l’espace civique est fermé.
En Afrique, les meilleures nations sont le Cap-Vert et Sao Tomé et Principe, toutes deux classées « ouvert ». L’Afrique du Sud, le Botswana, le Ghana, les Seychelles, la Namibie et l’Ile Maurice sont classés « rétréci ».
En Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso et le Bénin logent dans la catégorie « obstrué », le Ghana dans la catégorie « rétréci ». Néanmoins, l’espace civique continue de se détériorer. Quatre pays sont pointés du doigt. Il s’agit de la Côte d’Ivoire, la Guinée, le Niger et le Togo qui sont passés de la catégorie « obstrué » à « réprimé » au même titre que des pays comme la Russie. D’après le rapport, la classification de l’espace civique du Togo connait une détérioration depuis la répression des manifestations antigouvernementales de 2017. Parmi les violations citées, le meurtre de manifestants, les arrestations et les poursuites des défenseurs des droits humains et des activistes pro-démocratie, l’interdiction des manifestations de la société civile et de l’opposition, la suspension des organes de presse, la perturbation et la fermeture régulières de l’accès à Internet et aux réseaux sociaux, l’adoption d’une législation restrictive telle que la loi sur la Cyber-sécurité de 2018 et l’amendement de 2019 de la loi sur les conditions et l’exercice de réunions pacifiques et de manifestations. « Pour les élections présidentielles de février 2020, l’accréditation des groupes de la société civile pour observer les élections a été révoquée, tandis que l’accès aux médias sociaux était bloqué sur deux réseaux », étaye le rapport.
Malheureusement, cette détérioration de l’espace civique se poursuit dans le pays. La dictature devient plus féroce, foulant aux pieds les fondamentaux des droits de l’homme.
G.A.
Source : Liberté
Source : 27Avril.com