A la mi-janvier déjà, l’ancien chef d’Etat nigérian avait, dans une tribune lapidaire, demandé à Muhammadu Buhari de se reposer et de ne pas se représenter pour le scrutin présidentiel de l’an prochain.
Celui qui a dirigé le Nigeria de 1999 à 2007 a, dans le texte, également reproché à l’actuel président ses « pauvres performances ».
« Pauvreté, insécurité, mauvaise gestion économique, népotisme » : ce sont les mots utilisés par Obasanjo pour décrire les trois ans de Buhari à la tête du Nigeria.
L’ancien président nigérian fait aussi le procès de la lutte contre la corruption, un thème cher au président Buhari. Pour Olusegun Obasanjo, cette lutte en effet ne viserait que les adversaires du pouvoir:
« Je dirais que le président Buhari s’est trop focalisé sur l’extérieur et n’a pas cherché à l’intérieur de son camp. Parce que si vous luttez contre la corruption loin de vous et que la corruption continue de se répandre, cela veut dire que vous devez tourner votre attention au sein de vos rangs. Si j’étais à sa place, je ferais en sorte que les hommes et les femmes censés mener ce combat soient des personnes intègres parce que ça n’a pas de sens de lutter contre la corruption quand vous l’avez devant votre nez ».
Une récente étude publiée par l’institut de recherches Afrobaromètre indique que 90% des Nigérians estiment que leurs dirigeants sont corrompus. Mais selon la même étude, 59% de la population reste convaincue que le gouvernement fait des efforts considérables contre cette pratique. Il y a trois ans, seulement 21% en étaient convaincus.
Lors de la dernière élection présidentielle, en 2015, Olesugun Obasanjo avait apporté son soutien à Muhammadu Buhari. Celui-ci, en dépit de ses critiques, ne regrette toutefois pas son choix :
« C’était une bonne décision à l’époque vu le degré de corruption dans lequel étaient impliqués les membres du gouvernement de Goodluck Jonathan et de ses proches. C’était une bonne décision de soutenir Buhari et c’est aussi une bonne décision de demander qu’il ne se représente pas car il n’a pas satisfait les attentes des Nigérians. C’est cela la démocratie ».
L’ancien président nigérian s’est aussi prononcé sur les conflits entre éleveurs et agriculteurs qui touchent certaines localités du pays. Selon International Crisis Group, plus de 2.500 personnes sont mortes dans ces violences en 2016.
Olusegun Obasanjo demande au gouvernement d’utiliser des solutions modernes pour mettre fin à ces batailles sanglantes, sans préciser leur nature. Concernant la création de son récent mouvement, la Coalition du mouvement nigérian, l’ancien président a assuré que jamais il ne deviendrait un parti politique.
Source : www.cameroonweb.com