Des milliers de manifestants ont de nouveau battu le pavé à Niamey et dans plusieurs localités du pays pour protester contre les dispositions de la loi des finances et la mauvaise gouvernance au Niger. Bien que la loi est entrée en vigueur depuis le début de l’année, les manifestants entendent mettre la pression sur le régime du président Issoufou afin qu’ils reviennent sur certaines mesures qualifiées « d’antisociales ».
Au Niger, les manifestations de la société civile contre la loi des finances et la mauvaise gouvernance se succèdent et rassemblent de plus en plus de monde. Ce dimanche 25 février, ils étaient plusieurs milliers de manifestants à sortir dans la rue à Niamey la capitale et aussi dans plusieurs autres grandes localités du pays.
Les manifestants répondent ainsi à l’appel d’un collectif d’organisation de la société civile qui entend faire reculer le gouvernement sur certaines dispositions de la loi des finances en vigueur et qui sont considérés comme « antisociales ». Dans sa fronde, la société civile a été rejointe dernièrement par plusieurs autres structures notamment les partis de l’opposition politique et des principaux syndicats du pays. Selon Nouhou Arzika, un des initiateurs de la fronde, il s’agit à travers ces manifestations, «d’exprimer de vives voix notre protestation et notre opposition contre les pratiques de gouvernance actuellement en cours au Niger sous le régime dit de la renaissance, qui s’emploie à nous imposer depuis janvier des mesures antisociales et impopulaires contenues dans la loi scélérate des finances 2018».
« Il est inadmissible et inacceptable qu’au moment où le gouvernement accorde des cadeaux fiscaux et des exonérations fantaisistes à des multinationales bien nanties, qu’on institue des impôts et taxes sur des produits de première nécessité et que les recettes collectées servent à financer des dépenses de prestige et des emplois fictifs au détriment des services sociaux de base comme la santé et l’éducation ». Collectif de la société civile
Dans la capitale, c’est une impressionnante foule qui a répondu présent à l’appel du Cadre de concertation de la société civile. Les manifestants ont scandé des slogans hostiles à « la loi des finances et à la mauvaise gouvernance du régime Issoufou Mahamadou ». Sur des pancartes, on pouvait également lire « Dehors les forces étrangères », « A bas la loi des finances sataniques » ou encore « Honte aux députés et au gouvernement ». De plus en plus de citoyens ont par ailleurs appelé le chef de l’Etat à « écouter pour une fois son peuple ».
Bras de fer
Galvanisée par l’ampleur que ne cesse de prendre la contestation sociale, le collectif de la société civile entend maintenir la pression et projette d’organiser une nouvelle série de manifestation. « Nous allons contraindre les princes qui nous gouvernent à satisfaire nos légitimes revendications », a poursuivi Moussa Tchangari, un autre acteur très connu de la société civile nigérienne.
C’est la quatrième sortie dans la rue de la société civile qui n’entend reculer devant rien pour contraindre le gouvernement à revoir certaines dispositions de la loi des finances adoptée à une large majorité par le Parlement mais aussi de rationnaliser le train de vie de l’Etat.
Des arguments qu’a toujours rejeté le gouvernement pour qui ces manifestations ne sont que « des tentatives de déstabilisation du régime ». Le ministre des finances a à maintes fois réfuté les « arguments fallacieux » de la société civile et de l’opposition, soulignant que la loi des finances n’impactera pas le pouvoir d’achat des couches vulnérables et de la classe moyenne.
La semaine dernière, ce sont les partis politiques membres de la mouvance présidentielle soutenant le régime du président Issoufou Mahamadou qui ont répondu à la société civile et à l’opposition dans une déclaration publique.
« La loi de finances 2018 a effectivement été l’occasion de la mise en œuvre d’une directive de l’UEMOA datant de l’année 1998 que seul notre pays n’avait pas encore appliquée. En appliquant cette directive notre pays se met en règle vis-à-vis de ses autres partenaires. Avec un taux de pression fiscale de moins de 15% en 2017, notre pays est à la traîne de tous les autres pays de notre communauté économique sous-régionale, juste devant la Guinée Bissau, loin de l’objectif des 20% projeté pour l’année 2019 ». Majorité présidentielle
Et pour mieux montrer à la face du monde le soutien dont bénéficie le régime, la majorité présidentielle compte également organiser une manifestation de soutien au président et au gouvernement le 4 mars prochain, ce qui risque de se transformer en bras de fer sociopolitique entre les deux parties alors que le pays fait face à une conjoncture difficile et des menaces sécuritaires qui ne cessent de s’amplifier.
Source : www.cameroonweb.com