Misère ambiante dans la région des Savanes : Et si la situation profitait à certains ?

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Le constat est amer. Ce n’est un secret pour personne, les populations du Nord sont des laissés pour compte. La région des Savanes, d’après plusieurs études, reste la zone la plus pauvre du pays. Les populations vivent dans une précarité qui ne dit pas son nom. Pourtant, pendant les élections, les résultats traficotés par le régime en place, indiquent toujours que ces populations votent majoritairement le parti au pouvoir Rpt-Unir.

Le Secrétaire national chargé à l’administration des FDR, Binafame kohan, revient, dans une analyse de la situation dans les Savanes, sur la misère ambiante qui emprisonne ces populations.

Pour Binafame Kohan, souvent les régions où les partis au pouvoir ont un bilan en deçà des attentes des populations, votent lors des élections contre les régimes en place. Mais c’est tout le contraire chez les Togolais.

« En effet, cette région, d’après les résultats de nombreuses enquêtes sur le bien-être, est la partie du Togo où il y a la plus grande proportion de pauvres. Le taux de pauvreté, selon toute vraisemblance, dépasse les 90%. En d’autres termes, sur cent (100) habitants de la région des savanes, plus de 90 personnes sont pauvres et donc ne mangent pas à leur faim. Par conséquent, cette région, à l’instar de ce qui se passe dans d’autres pays à travers le monde, devrait être majoritairement hostile au régime en place. Cela s’appelle rendre à quelqu’un la pièce de sa monnaie, car de nature, l’être humain est porté à rendre le mal pour le mal ou du moins est tenté de développer une attitude de défiance à l’endroit de son ‘’malfaiteur’’ », a-t-il écrit.

Mais à quoi est dû ce comportement paradoxal des populations de la région des Savanes. Sont-ils des esclaves volontaires ? Des questions qui titillent les méninges de Binafame.

Selon lui, après analyse, ni l’une ni l’autre des raisons contenues dans ces questions ne sont à la base du comportement électoral des populations de la région des savanes. En effet, l’histoire du monde n’a jamais révélé un peuple masochiste, fier de souffrir. Et pourtant, cette attitude des populations qui accordent majoritairement leurs votes à un pouvoir qui se préoccupe très peu de leur sort ou qui, du moins, en cinquante ans de règne, n’a pas été en mesure de les extirper de la pauvreté extrême est loin d’être un hasard.

« A l’analyse, l’on se rend compte que ce comportement est la conséquence de l’exploitation de la misère des populations par les cadres du RPT-UNIR, originaires de cette région. En réalité, l’extrême pauvreté dans laquelle se trouvent ces populations les prédispose aux achats de conscience. Thomas Sankara disait qu’il devrait avoir deux versions du Coran et de la Bible, une version pour le pauvre et une autre pour le riche, car la conscience du pauvre est différente de celle du riche », a-t-il indiqué.

Et de poursuivre : « Ainsi, lors des campagnes électorales, les cadres du parti au pouvoir exploitent à fond et leur profit (pour des besoins de nomination) la misère des populations. Ces cadres s’improvisent mécènes et organisent une vaste campagne de distribution de vivres en quantité dérisoire et de non vivres (sel, engrais, riz, mais, huile de cuisine, savon des tricots du RPT-UNIR) à des habitants appauvris par la mauvaise gouvernance du régime en place. Pire, les cadres du RPT-UNIR, le temps de la campagne électorale, font distribuer gratuitement des quantités énormes de tchakpalo (boisson locale) aux populations qui éprouvent habituellement la difficulté à s’offrir une seule calebasse. En agissant ainsi, les cadres du RPT-UNIR réussi à anesthésier la conscience de leurs parents qu’ils manipulent à suffisance ».

Face à ce constat patent, l’on se demande si le RPT-UNIR a intérêt à ce que les populations des Savanes sortent de la misère ou y demeurent.

Au bout du compte, Binafame Kohan trouve que cette exploitation criminelle de la misère des populations est rendue possible par le fait que la région des savanes, à l’instar de toute la partie septentrionale du Togo, est maintenue dans l’ignorance pour que ses habitants soient transformés en bétail électoral. Pour cause, l’information politique est unidirectionnelle, surtout en période pré-électorale avec à l’appui des promesses chimériques.

« Les populations du nord n’ont plus la chance d’écouter des débats contradictoires. Les critiques de l’opposition sont rarement ou presque pas répercutées dans les médias officiels qui sont devenus des instruments de propagande du parti au pouvoir. Or de nos jours, il est de façon unanimement admis que celui qui possède la bonne information a le pouvoir. En conséquence, celui qui en est privé est malléable à satiété. C’est le cas malheureusement de mes parents de la région des savanes qui sont à la merci du pouvoir. Pendant les campagnes électorales, les cadres du parti au pouvoir promettent à leurs parents qu’au concours prochain, ils feront réussir leurs fils », fait-il remarquer.

Incontestablement, après les élections, les portes du régime sont hermétiquement fermées aux pauvres étudiants qui ont parcouru hameaux et villages pour convaincre leurs parents d’accorder leurs suffrages au régime en place.

Un comportement qui, selon Binafame, est similaire à celui des émissaires du village d’Oniatèh dans l’archer bassari qui, au lieu de retourner au village avec l’argent de la vente du fétiche d’or pour aider toute la population à faire face à la grave famine qui y régnait, ont choisi de se partager l’argent et rester en ville.

« Quand on exploite une population pour des ambitions personnelles et surtout au détriment de cette dernière, on n’est rien d’autre qu’un colon. A titre d’illustration, la plupart des barons d’UNIR originaires de la région des Savanes ont dans leur garage plus d’une voiture 4*4. Mais dans les dispensaires leurs villages, ce sont des tricycles que l’on utilise comme ambulance pour évacuer les malades », pense t-il.

Comme le dirait l’autre, autant celui qui fabrique des cercueils souhaite qu’il ait des morts, de même celui qui exploite à son profit la misère des populations n’a aucun intérêt que celles-ci s’en sortent.

JA

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