Mardi dernier, au ministère du Commerce et de la Promotion du secteur privé, les agents de surveillance n’ont pas cédé à l’intimidation d’un militant de l’Union pour la République (UNIR). Ce dernier, imbu de sa personne et de son appartenance au parti au pouvoir, a cru bon fouler aux pieds les règles de sécurité établies en brandissant sa carte UNIR comme un passe-droit. Mal lui en prit.
Il sonnait presque 10 heures quand un homme bien habillé a failli échapper au contrôle des agents de surveillance. Alors que ces derniers étaient occupés à enregistrer les cartes d’identité des visiteurs, il s’engouffra dans l’enceinte du ministère. Mais l’un des agents l’a repéré et lui a ordonné de retourner sur ses pas. Faisant la sourde oreille et malgré l’insistance des agents, le visiteur se dirigeait tout droit devant lui. Rattrapé, il fut contraint par l’agent l’obligea à retourner se conformer aux dispositions sécuritaires.
A la guérite, l’agent lui demanda de lui montrer sa carte d’identité. Il hésita, puis ouvrit son porte-monnaie et tendit sa carte de membre UNIR. Le surveillant ne se laissa pas intimider. « Monsieur, je veux votre carte d’identité », lui a demandé le vigile. Le visiteur n’obtempéra pas et obligea le surveillant à reformuler sa demande. « Monsieur, je veux votre carte d’identité », insista l’agent cette fois sur un ton sévère. Pendant le temps où le militant de l’UNIR faisait perdre la patience à l’agent, les visiteurs s’agglutinaient autour de la guérite pour remplir leurs formalités d’entrée et de sortie. Pris de honte, il rouvrit son porte-monnaie et sortit sa carte d’identité. « Apprenez à vous respecter, monsieur », lui a lancé le surveillant, très remonté. Après ces entrefaites, les agents ont continué par vaquer à leur occupation sécuritaire et le monsieur a poursuivi sa visite.
L’incident qui s’est déroulé aux portes de ce ministère se passe tous les jours sous des aspects divers dans notre pays. Des individus, forts de leur appartenance au parti au pouvoir, brandissent leur carte de membre comme un passe-droit. Ils en usent pour intimider ou faire des affaires louches. Et ils trouvent des terrains favorables. Car, la terreur avec laquelle le régime RPT/UNIR a régenté ce pays presque un demi-siècle durant, a traumatisé les esprits à tel point que les gens ont peur à la vue d’une simple carte de militant. Ce comportement incivique est encouragé par le système en place.
En effet, la carte UNIR semble régir l’échelon de la promotion dans les ministères ou certains départements de l’Etat. « Ma carte UNIR me protège dans ma fonction », nous a dit un jeune fonctionnaire. « Avec ma carte de membre du parti, j’ai l’aval de plusieurs cadres de UNIR », nous a-t-il confié. Ils sont nombreux à gravir des échelons à la vitesse de la lumière pendant que les plus méritants qui ont refusé de vendre leur âme, sont laissés sur le carreau. C’est ainsi que l’UNIR pour gonfler le nombre de ses adhérents, accepte n’importe quel quidam qui en abuse pour parvenir à ses fins personnelles.
Au-delà, le membre UNIR affiche un déni de sa citoyenneté. Il privilégie une carte de parti au détriment de celle qui le fait citoyen d’un pays. L’esprit civique a quitté ces militants à qui on a fait croire qu’il suffit d’avoir cette carte et toutes les portes s’ouvrent. Heureusement que certains (comme ces agents de sécurité) font preuve de fermeté à l’égard de ces fauteurs de troubles.
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