Militaires radiés: ce que cache le grand ménage au sein de l’armée

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C’est la plus grande opération de radiation au sein de l’armée togolaise. C’est aussi la plus grande désertion et de soldats réformés en temps de paix au sein de la grande muette togolaise. Si tant est que la raison évoquée se justifie, il  y a lieu de s’interroger.

Cette purge est la preuve que l’armée togolaise vit un malaise et qu’il y a lieu de chercher à comprendre et résoudre les problèmes auxquels sont confrontés les hommes de troupe. Mieux, elle est révélatrice qu’au-delà de l’image de sérénité, d’unité et de discipline qu’on  fait passer,  cette armée est traversée par des courants qui prouvent que la sérénité n’est pas au beau fixe.

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Sinon on ne peut imaginer que plus de 300 personnes puissent quitter le service du drapeau (service pour lequel ils se sont engagés librement) au cours de ces cinq dernières années si elles se sentent à l’aise.

Dans une sous-région de plus en plus en proie à l’instabilité,  plus de 300 professionnels du maniement des armes dans la nature c’est une menace à l’instabilité.  300 hommes c’est l’effectif d’un bataillon.  Souvent sur le continent pour le renversement d’un régime les insurgés sont la plupart du temps les membres d’un même bataillon qui déclenchent l’hostilité avant que d’autres garnisons ne les rejoignent. 

A bien scruter la liste rendue publique par le ministère des armées, on y voit tous les grades et toutes les catégories. Dans la liste figurent les militaires de rang, les sous-officiers, les officiers subalternes et même des officiers supérieurs. Sans oublier qu’ils viennent également des différentes unités de l’armée à savoir l’artillerie, l’infanterie, les forces d’intervention rapide, les tireurs d’élite, en passant par la gendarmerie … Tout ce monde pétri d’expériences diverses dans la nature n’est pas rassurant.

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Un militaire désœuvré et de surcroit sans chef est un danger public pour la société.  Il peut  être facilement  recruté par les groupes d’auto-défense ou mouvements terroristes qui pullulent dans la sous-région.  Ce qui n’est pas sans conséquence sur la paix dans la sous-région.

344 militaires radiés sur un effectif d’environ 15 000 hommes en uniforme

L’armée togolaise se rajeunit mais aussi s’intellectualise davantage. Des jeunes officiers sont à la tête des unités déployées sur les théâtres des opérations militaires sur le continent sous la bannière des Nations unies. Ils voient comment leur collègue des autres pays sont traités. Ils se rendent compte que leur situation n’a rien d’égale avec ce que  leurs collègues de la sous-région vivent et qui sont mieux traités qu’eux.

Au Togo, être hommes de troupe et espérer construire un jour sans avoir fait ses armes sur les opérations militaires est inimaginable. Ce qui fait que malgré les risques et les pertes en vies humaines qu’occasionnent ces opérations, ces hommes font tout pour être retenus dans la liste des soldats à envoyer dans les opérations militaires onusiennes. Même s’il faut  soudoyer les chefs. Parfois, les officiers supérieurs n’hésitent pas à faire des ponctions sur les pensions de ces hommes. Ce qui est souvent signe de mécontentement dans les casernes. Même si on n’arrive pas à l’exprimer ouvertement.

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On en était là jusque dans la soirée du jour de prestation de serment du président réélu pour un quatrième mandat, Faure Gnassingbe. Ce jour-là, le Lieutenant-Colonel Bitala Madjoulba, chef corps du bataillon d’intervention rapide (BIR), a été assassiné dans l’enceinte du camp, l’un des endroits les plus sécurisés du pays dans des conditions non encore élucidées.

Moins de deux mois après cette exécution au moins six autres officiers supérieurs ont perdu leur vie dans des circonstances troubles. Tous ceux qui sont proches de l’officier assassiné ou supposés connaitre quelque chose sur son assassinat sont inquiétés. Dans la foulée plusieurs familles de militaires ont annoncé la disparition ou désertion de leur fils, c’est selon. C’est dire qu’une  chape de plomb  s’abat sur la grande muette.

On était dans cette atmosphère délétère jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement dirigé par Victoire Dogbé. Les FAT qui depuis le départ de Kpatcha Gnassingbé du ministère de la Défense étaient placées sous le giron de Faure Gnassingbé, le président de la République, se sont vues nommées un ministre à leur tête. Il s’agit de dame Essozimna Marguerite Gnakade qui, pourtant n’a jamais fait carrière dans l’armée. Une première au Togo.

 Au même moment, l’enquête sur l’assassinat de Madjoulba traîne et piétine. Toutefois, on signale que des éléments proches de l’entourage du chef d’Etat-major des FAT, le Général Félix Katanga, sont interpellés et écoutés pour les besoins de l’enquête. Des sources concordantes privilégient la piste du chef d’Etat-major dans cet assassinat. Alors que l’étau se resserre autour du Général, contre toute attente il est limogé et remplacé par le Général Maganawè Dadja.

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Le nouveau chef d’Etat-major engage une politique de ‘’dékatangatisation’’ de l’armée c’est-à-dire écarter ou isoler les officiers proches de Katanga.  Première mesure rappeler  les militaires qui assurent la sécurité devant les domiciles des personnalités du pays.

Il procède également à des remplacements des officiers qui sont proches à l’ancien chef d’Etat-major. Il s’agit d’isoler l’ex chef d’Etat-major qui désormais est replié dans son domicile. Cette radiation procéderait aussi de cette politique de ‘’dékatangatisation’’ de l’armée. Le chant de cygne est-il en train de retentir pour le Général ? L’avenir nous le dira.

Togo Scoop

Source : Togoweb.net