Médiation dans la crise togolaise : Alpha Condé, un manipulateur !

0
1339

« De toutes les dictatures, celles incarnées par les intellectuels sont les plus dangereuses et les plus pernicieuses ». L’actuel président en exercice de l’Union Africaine (UA), président de la Guinée, en est une parfaite illustration. Et pourtant son parcours d’opposant ne le prédestinait pas à une gouvernance aussi calamiteuse de son pays.

Né le 4 mars 1938 à Boké en Basse-Guinée, Alpha Condé s’envole pour la France à 15 ans pour poursuivre ses études secondaires et universitaires. Après un passage à la Sorbonne, il obtient un Diplôme d’études supérieures (DES) avant de devenir docteur d’Etat en droit public à la Faculté de droit de l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne où il a presté. Sa carrière professionnelle débute en tant qu’enseignant chargé de cours à la Faculté de droit et sciences économiques de Paris I Panthéon-Sorbonne pendant plus dix ans ( 10 ans) et à l’Ecole nationale supérieure de télécommunication (PTT).

Sur le plan associatif, il milite au sein du Syndicat national de l’enseignement supérieur ( SNESUP) et cumule les fonctions de responsable au sein de l’Association des étudiants guinéens en France ( AEGF), ainsi qu’au sein de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) où il était de 1967 à 1975 le coordinateur de la direction des groupes nationaux africains ( GN), qui supervisent les activités de la direction de la FEANF. Il en est le président en 1963. Sur le plan politique, en 1970, il est victime du régime de Sékou Touré qui le condamne à mort par contumace et contraint, comme bon nombre de ses compatriotes intellectuels, de rester hors de son pays.

En 1977, dans la foulée de la rencontre tripartite de réconciliation à Monrovia entre les présidents Sékou Touré, Félix Houphouët-Boigny et Léopold Sédar Senghor, Alpha Condé crée le Mouvement national démocratique (MND) avec le Professeur Alfa Ibrahima Sow, Bayo Khalifa et d’autres membres fondateurs. Le MND subira plusieurs mutations de la lutte clandestine à la lutte semi-clandestine et enfin à la lutte légale depuis 1991. Le MND devient d’abord l’UJP (Unité, Justice, Patrie), puis le RPG (Rassemblement des patriotes guinéens) pour enfin être l’actuel RPG (Rassemblement du peuple de Guinée).

En 1990, à la faveur du fameux vent de l’Est, Alpha Condé rentre en Guinée pour prendre part à l’ouverture démocratique. En 1993, il participe pour la première fois à l’élection présidentielle contre Lansana Conté au pouvoir depuis 1984. Ce dernier est déclaré vainqueur dans une ambiance de fraude généralisée. Alpha Condé se présente de nouveau à la présidentielle de 1998, mais il est arrêté et mis en prison à la suite d’une tentative d’évasion avant la fin du scrutin. Après la victoire de Lansana Conté, Alpha Condé est maintenu en prison durant vingt mois (20 mois) avant que le gouvernement ne constitue une cour spéciale pour le juger. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer son incarcération et exiger sa libération immédiate. On peut citer Amnesty internationale, le Conseil de l’Union interparlementaire, Albert Bourgi et Tiken Jah Fakoly. Il reçoit également le soutien de plusieurs chefs d’Etat étrangers et des diplomates à l’instar de Madeleine Albright qui s’est personnellement déplacée à Conakry. Condamné en 2000 à cinq ( 5 ans ) de prison à l’issue d’un simulacre de procès retentissant décrié dans la presse nationale et internationale, il est finalement libéré en 2001 à la suite d’une grâce présidentielle.

Après la disparition de Lansana Conté et la parenthèse de la junte militaire incarnée par Dadis Camara et le général Sékouba Konaté, la Guinée tient sa première élection libre en juin 2010. Investi candidat du RPG (Rassemblement des patriotes guinéens), Alpha Condé arrive au deuxième tour avec 18,25% des voix face à Cellou Dalein Diallo qui obtient 43,69% lors du scrutin du 27 juin. Au second tour le 15 novembre 2010, à la surprise générale, il est déclaré vainqueur le 7 décembre par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) avec 52,52% des suffrages face à l’ancien Premier ministre. Une « remontada » extraordinaire au parfum de fraude grandeur nature avec l’appui de la communauté internationale qui a surpris plus d’un. Voilà en de manière synoptique le parcours académique, syndical et politique de celui qui est aux commandes de la Guinée depuis le 21 décembre 2010, comme l’indique l’encyclopédie Wikipédia.

Lorsqu’on a eu un aussi brillant parcours, un long engagement syndical et surtout politique marqué par autant de sacrifices, on doit être un modèle en termes de gouvernance et d’incarnation des valeurs démocratiques. Malheureusement à l’épreuve, on assiste à une gouvernance plus autocratique que celle incarnée par Sékou Touré et Lansana Conté. Avec Alpha Condé, les Guinéens n’ont pas réussi à tourner les pages sombres de l’histoire de ce pays, au contraire.

Au cours de son premier mandat, celui qui a été au contact des valeurs démocratiques en France depuis son jeune âge, s’est employé à étouffer l’opposition dans son pays, mener la guerre à la presse privée. En 2015, il se fait réélire à la suite d’un scrutin frauduleux dont les résultats sont contestés par son challenger Cellou Dalein Diallo. Et depuis, Alpha Condé n’a d’autres choix que la force brute pour réduire l’opposition et ses compatriotes au silence. Les leaders politiques, les étudiants, les syndicats, surtout des enseignants sont constamment harcelés, réprimés.

Personnage narcissique, colérique, brouillon, Alpha Condé pète parfois les plombs lorsqu’il est confronté à la non réalisation de ses promesses. Une scène des plus surréalistes du Président guinéen qui perd son sang-froid devant les étudiants qui lui rappellent sa promesse de tablettes continue d’alimenter les commentaires les plus sarcastiques sur les réseaux sociaux.

Alpha Condé a passé toute sa vie en France, pays de liberté et des droits de l’Homme. Mais à la tête de la Guinée, il ne supporte aucune critique. Il ferme les médias privés et indépendants comme bon lui semble et s’en félicite publiquement. En GTuinée où la situation politique et sociale est explosive, Alpha Condé n’est pas disposé à lâcher du lest. Pire, selon plusieurs sources, il envisage de se présenter à un troisième mandat en 2020 du haut de ses 83 ans. Il n’hésite d’ailleurs pas à donner des pistes pour créditer cette volonté de s’accrocher au pouvoir. Cette déclaration en marge du sommet UE-UA à abidjan les 29 et 30 juin, en dit long sur ses intentions : « Le problème, ce n’est pas l’âge. On peut avoir 30 ans et ne rien faire pour la jeunesse et avoir 90 ans et faire beaucoup pour elle. Donc pour moi, c’est un faux débat. ». Comprenne qui pourra. Mais là où cette déclaration frise le ridicule, c’est qu’à presque 80 ans, Alpha Condé n’a pratiquement rien fait pour la jeunesse de son pays. Les élèves qui réclament les meilleures conditions d’études et un meilleur traitement de leurs enseignants sont souvent réprimés et on enregistre des morts.

Le professeur Alpha Condé, à l’épreuve du pouvoir est une grande déception non seulement pour les Guinéens, mais aussi pour les Africains. Il est le symbole de ceux qui pensent et soutiennent que les opposants, une fois au pouvoir, ne feraient pas mieux. Heureusement que les profils de son genre sont des cas isolés.

Alpha Condé, trouble-fête dans le bourbier togolais

Depuis le 19 août, le régime cinquantenaire de Faure Gnassingbé est confronté à une vague de contestation sans précédent. Du Sud au Nord et au sein de la diaspora, ils sont des centaines de milliers de Togolais à manifester tous les jours pour exiger le départ immédiat du Prince de la République. Ce dernier qui rêve d’un bail à vie à la tête du Togo n’a d’autre choix que l’usage de la force brute pour réduire au silence ses compatriotes.

Militaires et milices sont mis à contribution pour réprimer et tuer, blesser tous ceux qui manifestent dans les rues. Les villes de Mango, Sokodé et Bafilo soumises à un siège permanent ont connu les pires atrocités. Des centaines de compatriotes ont pris le chemin de l’exil et de la brousse pour sauver leurs vies. La situation est tellement préoccupante qu’elle suscite l’inquiétude des chefs d’Etat de la région. C’est ainsi qu’à la demande de Faure Gnassingbé, à la suite d’un voyage à Conakry, Alpha Condé avec sa casquette de président de l’Union Africaine, s’est invité dans le bourbier togolais. Point n’est besoin ici de rappeler les détails des contacts que le président de la Guinée a eus avec la coalition. Mais il est important de rappeler que c’est par l’ancien ministre de l’Intérieur en exil, François Akila-Esso Boko qu’Alpha Condé est entré en contact avec certains leaders de la coalition. Cette précision est utile pour comprendre la suite des évènements.

Pendant que les chefs d’Etat de la CEDEAO multipliaient les réunions sur le cas togolais, leur homologue guinéen, auréolé de sa casquette de l’Union africaine, jouait solo. Les chefs d’Etat de l’espace ont fini par désigner leur homologue du Ghana pour s’occuper du dossier togolais. Pendant ce temps, Alpha Condé multipliait les manœuvres pour faire venir la coalition à Conakry, une manière de prendre de court la CEDEAO. Mais au fil des jours et des semaines, des informations de sources bien renseignées ont alerté que le Président de la Guinée roule pour Faure Gnassingbé, comme ce fut le cas de Blaise Compaoré à l’époque. Il ne peut en être autrement pour un monsieur qui envisage dans son pays un troisième mandat et s’oppose à toute réforme politique interne.

Plusieurs sources diplomatiques ont d’ailleurs fait état de ce que des 15 présidents de l’Afrique de l’Ouest sondés, 14 souhaitent que Faure Gnassingbé quitte le pouvoir en 2020 et seul Alpha Condé est contre, estimant que le dernier mot revient au peuple togolais. Il s’est fendu de la même déclaration à un de ses interlocuteurs, disant qu’il est inacceptable qu’on exige la démission d’un chef d’Etat dont le mandat est en cours et qu’en 2020, rien n’empêche Faure Gnassingbé d’être candidat.

A tous ces faisceaux d’informations, des voix plus avisées ont souhaité que la coalition ne se rende pas à Conakry, histoire d’éviter le piège de Condé dont la mission est de voler au secours de Faure Gnassingbé. En dépit de ces appels à la vigilance, certains au sein de la coalition, pour des raisons qui leur sont propres étaient décidés à y aller. Il a fallu l’arrestation de l’imam de Sokodé dans la nuit du 16 octobre pour que ce projet soit avorté, mais momentanément.

Alpha Condé et les manipulations de La Lettre du Continent

L’avion dépêché le 17 octobre à Lomé pour ramener sur Conakry les responsables de la coalition est reparti bredouille. L’arrestation de l’imam et la répression aveugle qui s’est abattue sur les villes de Bafilo, Sokodé, ont poussé certains à avorter ce déplacement. Mais Alpha Condé n’est pas un homme à renoncer aussi facilement à ses projets. Il est décidé à garder une main sur le dossier togolais et à saborder les initiatives des chefs d’Etat de la CEDEAO qui l’ont confié à leur homologue du Ghana lors d’un sommet extraordinaire à Niamey.

Pour donner plus de poids à son plan, Condé se rend à Paris où il invite certains leaders de la coalition qui ont sauté dans le premier avion. De Lomé, tous les regards étaient ainsi tournés vers Paris. Mais ce qui est ressorti de cette rencontre, et il fallait s’y attendre, n’a contribué qu’à créer une polémique inutile. Quelques heures après les entretiens avec les leaders et après une conférence de presse avec la Président Emmanuel Macron, le journal en ligne «La Lettre du Continent» publie ce qu’elle appelle les dessous de la rencontre de Paris. Cet organe met sur la place publique certaines informations qui mettent à mal ceux qui ont fait le déplacement de Paris. La polémique enfle, on crie à la manipulation. Mais personne n’a vu derrière cette révélation, qu’elle soit fondée ou non, la main soit du régime de Lomé ou celle de la Guinée dont l’unique but est de fragiliser la coalition. Les uns et les autres se sont contentés de dire que c’est faux. La parenthèse venait ainsi d’être fermée. Mais on aurait pu éviter ces genres de situations si les conseils appelant à éviter Apha Condé avaient été entendus.

Une semaine plus tard «La Lettre du Continent» revient à la charge le 1er décembre avec un titre qui vise carrément à nuire à la médiation conduite par la CEDEAO. « Nana Akufo-Addo fragilisé dans le dialogue entre Faure Gnassingbé et ses opposants : L’opposition pourrait claquer la porte des négociations prévues le 5 décembre à Lomé dans le cadre du dialogue politique avec le régime de Faure Gnassingbé. En privé, ses trois leaders Jean- Pierre Fabre, Tikpi Atchadam et Brigitte Adjamagbo contestent de plus en plus la médiation de Nana Akufo-Addo, invoquant sa faible connaissance des problématiques togolaises, mais aussi les collusions supposées avec les autorités de ce pays. Le président ghanéen est favorable au maintien de l’ordre constitutionnel avant l’adoption de réformes et l’organisation d’une nouvelle présidentielle. Les opposants contestent ces propositions et souhaitent, à l’inverse l’instauration d’un gouvernement d’union nationale avant la tenue d’un tel scrutin. ( LC N° 765). Selon nos sources, cette discorde tient également dans l’implication discrète de l’avocat François Boko dans ces pourparlers. Ce dernier, ex-ministre de l’Intérieur de Gnassingbé Eyadema décédé en 2005, se trouve être un proche du chef de l’Etat ghanéen, également avocat de formation. Jean-Pierre Fabre, Tikpi Atchadam et Brigitte Adjamagbo préfèrent la seule médiation d’Alpha Condé, celle-ci ayant davantage d’envergure puisque venant du président en exercice de l’Union Africaine (UA). Le chef de l’Etat guinéen s’appuie déjà sur son conseiller Tibou Camara pour accompagner ce dialogue. Tibou Camara avait été déjà au cœur des tractations pour le départ du pouvoir de Yahya Jammeh, en Gambie, début 2017. »

En langage journalistique, on dirait que cet article est bien commandé. On n’a pas besoin d’être un devin pour déduire qu’il sort directement du laboratoire d’Alpha Condé et que «La Lettre du Continent» n’a pas rendu ce service bénévolement. Le titre seul indique que l’objectif recherché est de torpiller la médiation de la CEDEAO confiée au Président du Ghana, le voisin immédiat qu’on accuse de ne pas maîtriser le dossier togolais. Extraordinaire, n’est-ce pas ? Veut-on nous faire croire qu’Alpha Condé qui est à plus de 2000 km du Togo, maîtrise mieux les problèmes de ce pays que le voisin du Ghana, avec des peuples qui se retrouvent de part et d’autre des frontières ?

Lorsqu’on décrypte l’article de «La Lettre du Continent», il fait porter la responsabilité du rejet de la médiation du président du Ghana sur les trois leaders de l’opposition, d’abord par une prétendue position du médiateur sur les questions politiques, ensuite sur la consultation de monsieur François Akila-Esso Boko à Londres.

Sur ces deux questions il serait souhaitable que les trois leaders, pour la clarté non seulement du débat, mais aussi de leurs démarches, se prononcent publiquement sur ce qui semble être des accusations. Mais qu’à cela ne tienne, «La Lettre du Continent» au service chèrement rémunéré d’Alpha Condé a des raisons, sinon le président guinéen lui-même, d’égratigner François Akila-Esso Boko. Alpha Condé pense à tort ou raison que c’est sur conseil de l’ancien ministre de l’Intérieur, celui même par qui il est entré en contact avec la coalition, que les leaders ne se sont pas rendus à Conakry. Ce n’est pas exclu que certains parmi ces derniers aient eu la langue trop pendante. Mais ce qui frise le ridicule, c’est le fait de vouloir faire passer François Akila-Esso Boko comme un proche de Nana Akufo-Addo.

C’est vrai que les deux hommes sont des avocats. Selon plusieurs proches de l’ancien ministre, ce dernier n’a jamais connu le Président du Ghana de sa vie avant cette rencontre de Londres où il s’est rendu volontiers, à la demande du médiateur, pour donner son avis. Le communiqué qu’il a d’ailleurs rendu public pour des raisons de transparence à l’issue de cette rencontre en dit long. Et depuis, il est retourné à ses activités professionnelles. On peut pousser la réflexion plus loin en posant la question de savoir pourquoi les leaders en question ne se sont pas offusqués de la consultation de Pascal Bodjona. Faut-il rappeler que ce dernier a été le tout premier à être consulté par Alasane Ouattara et Nana Akufo-Addo à Accra avant même la Coalition.

Le président guinéen, du haut de sa suffisance, n’a certainement pas digéré le fait que François Akila-Esso Boko, quoi qu’on dise, mieux renseigné, connaissant les dessous des cartes qui se jouaient en Guinée ait boudé Conakry, mais a accepté rencontrer le médiateur ghanéen à Londres. Alors il faut inventer une proximité factice entre les deux hommes pour flouer l’opinion. Enfin, une dernière et non la moindre, la question du gouvernement d’union nationale revient en constance dans les parutions de «La Lettre du Continent». Celle du 1er décembre l’attribue même aux opposants. Qui sont ceux qui au sein de la coalition sont porteurs de cette idée farfelue ? Il faudra là aussi une clarification.

Les Togolais qui sont dans les rues depuis le 19 août et qui en meurent tous les jours ne font pas ce sacrifice pour que certains leaders aillent dans un supposé gouvernement d’union national. Quoi qu’il en soit, le temps nous révélera bientôt les dessous des cartes.

Pourquoi Alpha Condé s’active pour torpiller la médiation de Nana Akufo-Addo

Pourquoi en dépit des injonctions de Paris de laisser la médiation ghanéenne suivre son cours, Alpha Condé persiste à garder la main sur le dossier togolais ? Dans «La lettre du Continent» après voir flingué à coup de mensonges son homologue du Ghana, il s’est d’ailleurs attribué à travers son conseiller spécial un succès qu’il n’a jamais eu. Pour vendre de faux espoirs que sa médiation apportera quelque chose au peuple togolais, il met en filigrane un succès à son actif en Gambie avec le départ du pouvoir de Yayha Jammeh. Mais la réalité était tout autre.

Dans la crise gambienne, puisque notre Rédaction était sur les lieux à Banjul, Alpha Condé était parmi les chefs d’Etat qui étaient contre l’usage de la force, mais aussi un partisan du maintien de YahyaJammeh au pouvoir. Sa position avait d’ailleurs irrité Macky Sall qui n’avait guère apprécié à l’époque les manœuvres sournoises de Condé. Il a fallu un ultimatum ferme du Sénégal qui avait positionné des troupes aux frontières gambiennes et du Nigeria et des défections au sein du régime pour que le bouillant YayhaJammeh se décide à quitter le pouvoir, mais non sans piller les caisses de l’Etat. Qu’a fait Alpha Condé à l’époque pour empêcher son ami gambien d’embarquer dans son avion des centaines de millions de dollars soustraits dans les banques de ce pays ? Rien, absolument rien.

Ces méthodes de voyou consistant pour un chef d’Etat à dévaliser les banques de son pays pour un exil doré, sous le regard du président en exercice de l’Union africaine, peuvent –elles être assimilées à un succès ? Au Togo, feu Gnassingbé Eyadema faisait les médiations en mettant le grappin sur les diamants et les dollars de certains protagonistes. Foday Sankoh, Samuel Doe et Jonas Savimbi en savent quelque chose. Le zèle du sieur Alpha Condé dans le dossier togolais cache des intentions inavouées. Personne ne sait à ce jour le deal qui lie Faure Gnassingbé à ce monsieur et probablement scellé lors de ses deux séjours à Conakry.

Une chose est certaine, Faure Gnassingbé manœuvre par tous les moyens pour que le dossier togolais traîne au maximum jusqu’à la prise de fonction à la tête de l’UA de Paul Kagamé dont il est vraiment ami. Cet objectif fait-il partie de la mission secrète d’Alpha Condé ? Il revient à chaque acteur de la crise togolaise surtout les acteurs de la coalition, de faire une analyse de la situation, d’aller au-delà du visuel et de l’enthousiasme qui consiste à rencontrer un chef d’Etat, fût-il celui de l’Union africaine, et des privilèges qui vont avec pour éviter des pièges, des faux pas qui pourront réduire à néant les sacrifices de ce peuple qui est décidé à en finir avec la dynastie Gnassingbé. Au bal des apprentis sorciers dans le bourbier togolais, Alpha Condé en mission pour Faure Gnassingbé, ne danse pas seul. Ce n’est ni le lieu encore moins le moment de mettre tout sur la place publique, au risque d’être convoqué en un procès en sorcellerie. La presse jouera quoi qu’il arrive et tiendra son rôle de chien de garde.

Source : www.icilome.com