Au Togo, l’engagement politique pour l’aboutissement de la lutte pour l’alternance n’est plus ce qu’il a été dans les années 90. Il a faibli. Il n’est pas rare de voir certains acteurs ou citoyens, qui prétendent militer pour « dégager » le régime RPT-UNIR, troquer leur conviction contre des espèces sonnantes et trébuchantes en faisant office d’espion pour le compte de l’adversaire. Ce genre de comportement est l’une des causes qui tue la lutte. Dans son nouveau message d’Eveil rendu public lundi, Me Yawovi Agboyibo de la Fondation FAR tire sur la sonnette d’alarme. Il tente d’éclairer la lanterne des populations sur « les dangers que constituent des personnes qui, sous le masque d’engagés pour l’alternance, ne s’infiltrent dans les partis politiques d’opposition et les organisations de la société civile, qu’à des fins de recherche des gains individuels et d’accès aux postes et autres avantages d’Etat et des collectivités locales ». Prenant l’exemple des artisans de l’indépendance du Togo, l’ancien Premier ministre invite les forces démocratiques à faire preuve de discernement pour identifier « les pseudos engagés » afin de les amener à « résister aux délices du régime » et faire du Togo le premier destinataire de l’engagement politique. Lecture !
MESSAGE D’EVEIL
A l’engagement politique
L’engagement politique suppose un enjeu politique. Après plus de 50 ans de règne hégémonique du RPT relayé par UNIR, les Togolais de tout bord ethnique ou politique s’accordent à dire qu’il est temps que l’alternance intervienne au sommet de l’Etat et au niveau des collectivités locales. Le défi est de taille et mérité d’être relevé. Les acteurs politiques de l’opposition continuent dans leur ensemble par croire pouvoir y arriver en privilégiant la voie des urnes.
A voir l’ampleur prise par les achats de consciences et autres manœuvres pratiquées par le régime lors du scrutin du 30 juin dernier, il y a de quoi se demander si les populations sont réellement animées de la volonté de concrétiser dans les faits leur aspiration à l’alternance. Le scrutin a révélé le rôle décisif joué par les élites des différentes communes dans l’organisation des pratiques frauduleuses constatées. D’élection en élection, le phénomène prend de l’ampleur au point que des milliers de citoyens ont fini par douter de l’utilité de se déplacer pour voter.
Dans ces conditions, le choix de la voie des urnes pour la réalisation de l’alternance ne peut avoir de chances d’aboutir sans un travail intense d’éveil à la fois des populations et des élites au souci de faire du pays, le premier destinataire de l’engagement politique et d’œuvrer en sorte qu’il soit doté d’ institutions aptes à assurer le respect des valeurs fondamentales de liberté, de vérité, d’équité, de dignité de la personne humaine, de solidarité et la promotion d’une prospérité générale propice à l’éclosion des initiatives privées et au règlement des questions personnelles de santé, d’éducation, d’emplois et autres.
Le consensus national à promouvoir autour de la patrie sur la base de ces valeurs fondamentales constitue la clé de résolution des antagonismes politiques et personnels.
Le travail d’éveil à l’engagement politique doit servir d’occasion d’éclairage des populations sur les dangers que constituent des personnes qui, sous le masque d’engagés pour l’alternance, ne s’infiltrent dans les partis politiques d’opposition et les organisations de la société civile, qu’à des fins de recherche des gains individuels et d’accès aux postes et autres avantages d’Etat et des collectivités locales.
Les artisans de l’indépendance du Togo avaient été confrontés à ce défi de discernement des citoyens véritablement engagés pour la cause. Et c’est parce qu’ils avaient su identifier les pseudos engagés et du résister aux délices du régime colonial visant à inhiber leur conscience, sans être pour autant hostiles au dialogue, qu’ils avaient atteint leur objectif. Le Front des Associations pour le Renouveau (FAR) s’est largement inspiré de cet attelage historique de la résistance et du dialogue.
La Fondation FAR exhorte les acteurs en lutte contre l’oppression en cours à continuer d’emboîter le pas aux pionniers de l’indépendance nationale, en faisant du Togo le premier destinataire de l’engagement politique.
Fait à Lomé, le 16 septembre 2019
Pour la Fondation,
Le Président,
Me Yawovi AGBOYIBO
Source : www.icilome.com