On le savait depuis jeudi. La manifestation du Parti national panafricain (PNP) de Tikpi Atchadam présentait beaucoup de risques. Le gouvernement ayant changé les itinéraires choisis par les organisateurs et annoncé que les manifestants n’allaient pas se regrouper pour une manifestation illégale. Les risques ont été réels. Le bilan de la manifestation est lourd avec des pertes en vies humaines et des dégâts matériels importants.
Le PNP prévoyait manifester simultanément à Lomé, Anié, Sokodé, Bafilo et Kara pour réclamer le retour à la Constitution de 1992 et l’effectivité du vote de la diaspora togolaise. Et si à Anié et Bafilo, il n’y a pas eu trop de heurts à part quelques arrestations, la manifestation a tourné court à Lomé et à Kara. Sokodé a été pour sa part le théâtre d’un drame.
En effet, selon les organisateurs avancent qu’il y a eu au moins 7 blessés à Kara ainsi que l’arrestation de plusieurs manifestants qui affrontaient les forces de l’ordre et de sécurité. Parmi les personnes arrêtées, deux responsables de PNP-Kara.
A Lomé, il y a eu des tirs à balles en caoutchouc et des manifestants ont été blessés. Des militants du PNP venant de Kpalimé pour rejoindre la manifestation de Lomé ont été arrêtés et détenus à la gendarmerie de Noépé. Certains ont été stoppés à Assahoun.
A Sokodé, c’est à une escalade de violence que l’on a assisté. Alors que les forces de l’ordre et de sécurité dispersaient les manifestants qui occupaient la Nationale n°1, tout a rapidement dégénéré en affrontement avec des scènes de guerres notamment dans le quartier Barrière.
Au final, on déplore au moins 5 morts dans les rangs des manifestants. D’autres sources annoncent également 2 autres morts dans le camp des forces de défense et de sécurité (mais il est encore difficile de confirmer). A cela, s’ajoute les nombreux blessés enregistrés dans les deux camps et évacués à l’hôpital de la ville.
En ce qui concerne les dégâts matériels, les manifestants ont saccagé la prison civile de Sokodé, brûlé au moins deux véhicules de la gendarmerie et ont mis le feu au Commissariat de la ville. Des témoins indiquent qu’ils ont emporté du matériel militaire. Des images circulant sur les réseaux sociaux montrent des manifestants avec des Kalachnikovs retirés à des militaires séquestrés dans le courant de la journée.
Dans un message qu’il a diffusé en fin de journée, Tikpi Atchadam a déploré les morts et a accusé la police et les autorités togolaises.
«Nous nous inclinons devant la mémoire de ces compatriotes tombés sous les balles de la dictature cinquantenaire… Tous ces comportements dénotent du caractère arbitraire de la gouvernance qui est celle du Togo actuellement et le refus de la liberté de manifestation », a déclaré M. Atchadam estimant que le bilan n’est pas élogieux, ni en faveur du Togo ni en faveur de qui que ce soit.
Notons qu’un calme précaire règne actuellement dans la ville de Sokodé alors que des informations font état de ce que des militants du PNP comptent revenir dans les rues dimanche pour réclamer la libération des personnes arrêtées.
TogoBreakingNews.info