Mali: des miliciens et des militaires tués dans de nouvelles violences

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Une intervention de l’armée malienne contre une milice de chasseurs traditionnels dogons dans le centre du Mali dimanche s’est soldée par plusieurs morts et blessés, ainsi que par des arrestations, a-t-on appris mardi de sources concordantes.

Par ailleurs, un véhicule de l’armée malienne a sauté sur un engin explosif à la mi-journée près de Boni (centre), a indiqué à l’AFP le gouverneur de la région de Mopti, le général Sidi Alassane Touré. « Nous avons perdu trois soldats et cinq sont blessés », a-t-il précisé, donnant un « bilan provisoire ».

Le chef du village de Djabel, Diadié Boucari, a pour sa part été assassiné mardi à la foire de la localité de Bankass, selon un élu local, ajoutant que « les terroristes sont partis avec son corps ». Ce village à majorité peule avait subi dimanche une attaque d’hommes armés qui avait fait plusieurs blessés.

Depuis l’apparition il y a trois ans dans cette région du groupe du groupe djihadiste du prédicateur Amadou Koufa, les violences intercommunautaires se multiplient entre les Peuls, traditionnellement éleveurs, et les ethnies bambara et dogon, pratiquant majoritairement l’agriculture. Ces violences ont fait plus de 500 morts civils depuis le début de l’année, selon l’ONU.

En octobre, le Premier ministre Soumeylou Boubeye Maïga avait présidé à Mopti une rencontre entre Peuls et Dogons où ce groupe de chasseurs dogons accusé d’exactions, baptisé Dan Nan Ambassagou, avait promis de respecter un cessez-le-feu à condition « que l’Etat malien assure la sécurité de tous les citoyens ».

Dimanche, les habitants du village de Koromatintin ont été réveillés par des tirs de djihadistes présumés, a indiqué à l’AFP le chef militaire de ce groupe, Youssouf Toloba. Alertés, « les combattants de Dan Nan Ambassagou sont allés s’installer dans le village pour la sécurité des populations et de leurs biens », a-t-il ajouté.

Quelques heures après, des véhicules d’un détachement militaire basé dans la localité voisine de Koro ont encerclé le village, puis d’autres « ont ouvert le feu, sans riposte » des chasseurs qui ont enregistré plusieurs disparus, quatre blessés graves, ainsi que des dégâts, a affirmé M. Toloba.

– Cessez-le-feu –

Le gouverneur de Mopti a confirmé cet accrochage mais en a fourni une version différente.

Selon le général Touré, des militaires maliens en patrouille « ont entendu des coups de feu. Ils se sont rendus dans la localité, dès que les chasseurs dogons ont aperçu leurs véhicules, ils ont ouvert le feu sur eux. L’armée a riposté, il y a eu des échanges de tirs ».

« Le bilan est de 4 morts, 5 blessés qui reçoivent des soins à l’hôpital de Mopti », tous membres du groupe armé, a ajouté le gouverneur, faisant état de l’arrestation de 15 personnes par les militaires.

Selon le responsable de Dan Nan Ambassagou, « le lendemain (lundi) des djihadistes armés sont venus occuper le village ». Rappelant que la même unité avait confisqué ou détruit en juillet de nombreuses motos appartenant à son groupe, M. Toloba a appelé le gouvernement à muter l’officier qui la commande.

De son côté, le gouverneur a estimé que ces heurts ne remettaient pas en cause le cessez-le-feu annoncé en septembre par le groupe de chasseurs.

« C’est à eux de nous indiquer où ils sont basés. Mais ils ne peuvent continuer à tourner partout comme par le passé, parce qu’ils ont été clairs lors de la signature de la convention de cessez-le feu-avec le gouvernement », a-t-il néanmoins déclaré.

Les Peuls dénoncent des exactions de la part de groupes de chasseurs, tolérées voire encouragées selon eux au nom de la lutte contre les djihadistes, par les autorités ou l’armée, ce que dément le gouvernement.

Par ailleurs, au moins trois civils sont portés disparus à la suite d’une attaque armée le 16 novembre contre les villages de Perga et de Perkoy, également dans le centre du Mali, selon des élus locaux et une source proche d’une ONG étrangère.

Source : www.cameroonweb.com