Majorité et opposition « se déchirent » autour de la sortie de la Cour constitutionnelle

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La position de la Cour constitutionnelle continue de faire couler d’encre et de salive. Quoiqu’on dise, les députés sont les premiers concernés dans le sujet qui nourrit les débats depuis le début de la semaine dernière. Certains d’entre eux ont réagi ce week-end à propos de la sortie de la Cour constitutionnelle qui a demandé au gouvernement et à la CENI de prendre leur responsabilité en organisant les élections législatives avant la fin de cette année 2018.

La position de la haute juridiction du Togo est diversement appréciée par les députés dont le mandat finit dans quelques semaines. Cette sortie de la Cour constitutionnelle est décryptée par les parlementaires selon le groupe auquel ils appartiennent. Evidemment au niveau de l’opposition parlementaire, c’est une sortie inopportune.

C’est le cas de Me Paul Dodji Apévon, président des FDR, membre de la Coalition des 14, qui trouve que le président de la Cour constitutionnelle est en train de jeter de l’huile sur le feu. « Nous sommes en crise, et le président de la Cour constitutionnelle le sait très bien. Ce n’est pas seulement les Togolais qui parlent de crise, la communauté internationale aussi évoque une crise sévère au Togo. Alors un président d’une institution aussi haute que la Cour constitutionnelle, au lieu de réfléchir sur ce qu’on doit faire pour que des solutions soient trouvées pour cette crise, est en train de jeter de l’huile sur le feu », a-t-il déclaré.

Pour lui, Abdou Assouma tente de sauver un régime auquel il appartient, mais il ne devrait pas le faire dans la situation actuelle, puisque selon Me Apevon, « nous n’avons pas besoin que la situation s’envenime aujourd’hui ».

« Il y a un dialogue qui est initié aujourd’hui par la CEDEAO. Nous sommes là quand la Cour constitutionnelle ne sort un communiqué totalement scabreux que nous qualifions de partisan et d’inacceptable, parce que les positions défendues par le régime RPT/UNIR jusqu’aujourd’hui, c’est qu’on aille rapidement aux élections, parce qu’il parle de délai, de vide constitutionnel. Or le président le sait très bien, c’est eux-mêmes, le régime RPT/UNIR j’entends, qui ont inséré dans la Constitution de 1992 tripatouillée, une disposition qui dit que les députés sortant restent en place jusqu’à la prise de fonction de leurs successeurs (…). On ne peut pas s’arc-bouter sur des intérêts individuels et personnels chaque jour et à chaque moment et voir le pays s’enliser », a souligné Me Paul Dodji Apevon.

Pour Jean Kissi, Secrétaire national au Comité d’action pour le renouveau (CAR), également membre de la Coalition des 14, député à l’Assemblée nationale, c’est un « coup fourré » que le régime prépare avec ce communiqué de la Cour constitutionnelle.

« Quand la Cour constitutionnelle se prononce sur la fin de notre mandat, en citant un alinéa de la Constitution et en avalant l’autre alinéa de la même Constitution qui dit que les députés restent en fonction jusqu’à la mise en place d’un nouvelle assemblée, nous avons là un coup fourré qui se prépare, et ce n’est pas bon. Il faut nous appelons à la conscience de tout un chacun », a-t-il réagi.

Au parti UNIR, on ne voit pas les choses sous cet angle. Les députés, à en croire l’honorable Tchassi de la majorité, étant faiseurs de la loi, doivent respecter la loi. « Vous savez que les députés sont des faiseurs de la loi, donc ils ne peuvent que s’en tenir au respect de la loi. S’il appartenait à nous députés sortant d’organiser des élections, nous le ferions. Mais ça ne relève que de la responsabilité du gouvernement. Dans tous les cas, la Cour constitutionnelle l’a rappelé au gouvernement, quitte au gouvernement de prendre toutes ses responsabilités », a-t-il affirmé.

Et de préciser : « Dans tous les cas, moi je crois savoir que les membres du gouvernement sont des gens doués de raison et d’intelligence. Eux-mêmes savent si à ces moments, il est bien d’aller aux élections ou qu’il faille peut-être attendre que les conditions soient totalement réunies pour ces élections. Dans tous les cas, ils ont été appelés à prendre leur responsabilité ».

Il est clair que chacun veut tirer le drap de son côté. Mais une chose est sûre, la révision du cadre électoral fait partie des points inscrits à l’ordre du jour du dialogue en cours. Et donc, il serait hasardeux d’organiser une élection au Togo sans avoir trouver une solution à cette crise.

I.K

Source : www.icilome.com