Machin sommet Afrique-Israël : Le Togo de Faure Gnassingbé pressé par la Palestine, le Maroc et l’Afrique du Sud d’annuler ce projet.

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« Des pressions variées ont été exercées sur le président togolais pour que la conférence soit annulée. Ces pressions sont le meilleur témoignage de la réussite de notre politique de présence israélienne en Afrique », croit savoir le site isréalien fr.timesofisrael.com qui cite des propos du Premier ministre de l’Etat hébreu, Benjamin Netanyahu. « Tout ne se passe pas sans pressions contraires », aurait déclaré ce dernier au cours de la réunion hebdomadaire du cabinet de dimanche, se référant au sommet Afrique-Israël.

Faure Gnassingbé et Benjamin Nétanyahu se sont entretenus lundi soir dans les bureaux de ce dernier à Jerusalem, alors que démarrait à Lomé l’important forum AGOA qui rassemble une quarantaine de pays africains et des responsables américains, autour des échanges commerciaux entre l’Afrique et les USA. « Entre 20 et 25 chefs d’Etat africains et de gouvernement, en plus d’une douzaine de ministres assumant des portefeuilles divers, sont attendus lors de cette conférence de quatre jours », selon le Franco-juif Bruno Finel, organisateur principal de l’événement, cité par le site. Bruno Finel est par ailleurs patron du site de propagande au profit du pouvoir de Lomé, republicoftogo.com. Et pourtant, ni son site ni les médias officiels n’ont évoqué cette furtive visite du président togolais en Israël.

L’Afrique compte 55 pays. On voit bien que plus de la moitié des chefs d’Etat risquent, selon l’aveu de l’organisateur, de ne pas faire le déplacement de Lomé. Un indicateur du niveau d’adhésion des dirigeants africains à cette initiative togolaise. « Les préparations se passent très bien. Vous aurez approximativement 150 entreprises israéliennes présentes lors de ce sommet, environ une douzaine originaire d’Afrique de l’Ouest et un grand nombre également d’Afrique centrale et de l’est », a-t-il commenté dimanche à des médias israéliens. Il y a une « forte possibilité » que même de hauts responsables de pays avec lesquels Israël n’entretient pas de liens économiques soient présents, a ajouté Finel. « D’un côté, il s’agit de politique et de diplomatie, et de l’autre, il s’agit de commerce. Nous voulons promouvoir un partenariat réel entre l’Afrique et Israël », rapporte le site, citant M. Finel.

« Mahmoud Abbas de son côté, a demandé à rencontrer Gnassingbé lors du sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba début juillet, l’exhortant à reconsidérer la tenue du sommet Afrique-Israël. Un haut fonctionnaire africain a même déclaré que c’est la première fois qu’Abbas cherchait à s’entretenir avec le chef togolais, pourtant en fonction depuis 2005. Le président togolais ne cède pas aux pressions. Lors de leur rencontre, Gnassingbé lui aurait affirmé qu’il dirige son pays comme il l’entend, préservant des liens amicaux autant avec Israël qu’avec les Palestiniens et estimant que ledit sommet pourrait être un vecteur positif tant pour l’économie israélienne que palestinienne », lit-on sur un autre site, lphinfo.com, qui semble avoir repris l’article d’un autre site israélien coolamnews.com. Jeudi après-midi, l’article n’était plus disponible sur ce dernier.

« Malgré tout risque politique, Faure Gnassingbé entend poursuivre l’organisation du sommet Afrique-Israël qui ne manquera pas d’ajouter au prestige de son pays. L’un de ses responsables a ainsi commenté : « Si vous organisez un sommet Afrique-Afrique, personne ne s’y intéresse, pas même les médias internationaux. Mais si vous entreprenez quelque chose avec Israël, vous bénéficiez d’une sorte de couverture médiatique, qu’elle soit positive ou négative ». Aussi, les commentateurs expliquent que la présence massive de la presse a presque autant d’importance pour le Togo que le sommet lui-même », précise l’article.

Si la réaction est envisageable, les différentes sites israéliens prétendent que celle du Maroc n’est en rien liée à un quelconque soutien aux Palestiniens, mais aurait une motivation plus économique que politique. « Le Maroc veut devenir une super-puissance, et il comprend que l’Afrique est un marché majeur pour le pays », a expliqué une « source proche des Africains » citée par fr.timesofisrael.com. « L’opposition marocaine au sommet n’a rien à voir avec le soutien aux Palestiniens – zéro. Les Marocains considèrent Israël comme un concurrent, comme la Chine, l’Inde ou le Japon », aurait poursuivi la même source.

« L’Afrique du Sud a, elle aussi, paru désireuse de bloquer le sommet. Le parti au pouvoir dans le pays, le Congrès national africain, a émis le mois dernier un « document de discussion » appelant à saboter le rapprochement d’Israël avec les Etats africains en général et la rencontre prévue à Lomé en particulier », renseigne le site israélien citant une partie dudit document : « Nous sommes restés cohérents dans notre solidarité envers la population de Gaza, dans sa cause visant à créer un Etat palestinien. Nous ne pouvons pas détourner le regard des efforts israéliens de trouver du soutien en Afrique et partout ailleurs avec pour objectif de saper la cause palestinienne ».

Malgré tout, le Togo et Israël semblent sereins dans la poursuite de l’organisation de leur « sommet ». Ils annoncent même un pré-sommet des jeunes devant se tenir, avant la réunion des politiques et hommes d’affaires. l’Etat hébreu se félicite même du récent réchauffement des relations avec la Guinée, le Sénégal, deux pays musulmans

Source : L’Alternative No.636 du 11 août 2017

27Avril.com